Condamné en première instance à cinq ans de prison, dont deux fermes, pour des agressions sexuelles sur deux joueuses mineures, l'ancien entraîneur de basket de Quimper avait fait appel. À Rennes, où il a été rejugé, il a reconnu, à demi-mot, une partie des faits.
La cour d'appel de Rennes a rejugé l'entraîneur de l'Espoir Basket Quimper Cornouaille (EBQC) pour les "agressions sexuelles" qu'il est accusé d'avoir commises sur deux anciennes joueuses lors des saisons 2012 et 2015.
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Le prévenu n'avait jamais reconnu la moindre agression sexuelle sur les deux adolescentes âgées aujourd'hui de 26 et 24 ans et qui étaient, il est vrai, ses "joueuses préférées". En première instance, sa position n'avait pas convaincu et cette figure du milieu sportif local avait été condamnée à cinq ans de prison, dont deux fermes.
Il avait donc fait appel de cette condamnation pour agressions sexuelles. Mais à la surprise générale, l'entraîneur de l'EBQC a reconnu, à demi-mot, les agressions sexuelles sur une des jeunes filles, un "dérapage complet" de son propre aveu. Décrit comme "proche des gens" et "sympathique", l'homme de 64 ans aujourd'hui a donc admis les faits qui lui sont reprochés, sur cette jeune fille fragile qui avait révélé les faits lors d'une hospitalisation pour un syndrome dépressif au centre hospitalier de Cornouaille.
Ils avaient commencé à l'âge de "13-14 ans", avait-elle dit, avec ce nouvel entraîneur dont elle s'était "rapprochée" car il pouvait "remplacer son père". Leur relation était devenue "de plus en plus ambiguë" alors qu'il la "véhiculait" quand sa mère était absente.
Il lui avait "montré des ustensiles sadomasochistes"
L'enfant et le coach s'étaient par la suite "embrassés", puis l'ex-entraîneur lui avait "montré des ustensiles sadomasochistes", avait expliqué la jeune fille, qui avait indiqué aux enquêteurs que "d'autres jeunes filles" avaient subi des agissements similaires. Un "listing" avait donc été communiqué par les enquêteurs pour identifier d'autres potentielles joueuses victimes. Apprenant les difficultés psychologiques de la première, une autre jeune fille de 14 ans avait donc décidé de parler à son tour.
Elle avait décrit des agissements similaires à ceux décrits par la première plaignante, alors que toutes deux ne se connaissaient pas puisqu'elles ont deux ans d'écart et qu'elles n'ont pas évolué en "minimes" au même moment. Pendant l'instruction, l'ancienne belle-fille du prévenu, entendue comme témoin, avait, elle aussi, dénoncé des faits du même acabit.
"Un pressentiment"
Reste que l'entraîneur continue de nier toute agression sexuelle sur la seconde plaignante. Lorsqu'on lui demande pourquoi il a conservé, pendant des années, les courriers écrits par sa jeune joueuse, présente à l'audience pour réitérer ses accusations, l'ex-entraîneur s'empresse d'expliquer qu'il avait eu "un pressentiment". "Un pressentiment de quoi ?", a immédiatement réagi l'avocate générale, en déduisant un lapsus. "Quand on a un pressentiment, c'est peut-être qu'on a quelque chose à se reprocher", a-t-elle souligné.
L'avocat de la défense s'est pour sa part évertué à pointer les "contradictions" dans les dénonciations de la jeune femme, avant de plaider la relaxe de son client pour certains faits dénoncés. Me Pierre L'Heveder a donc estimé que la peine de première instance ne pouvait pas être "confirmée", contrairement à ce que venait de requérir l'avocate générale. Il souhaite une peine aménageable pour que son client ne retourne en prison. Ce dernier sera fixé sur son sort dans un mois environ.