L'association, qui a notamment financé les démarches judiciaires pour que le petit Breton Fañch conserve son tilde, se dit prête à repartir dans une nouvelle bataille. Le livre "Skoazell Vreizh, 50 ans de solidarité" retrace ses origines et son demi-siècle d'existence.

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Il faut donc revenir 50 ans en arrière, dans les années 1960. Durant la deuxième moitié de cette décennie, la France connaît une période trouble. Mai 1968 voit des manifestations et des grèves se multiplier dans le pays. Et, en Bretagne, le Front de libération de la Bretagne (FLB) entre dans l'insurrection et organise ses premiers attentats contre des symboles de l'Etat français, sans faire de victimes.

C'est l'arrestation, en janvier 1969, de 53 militants bretons qui entraînera la création de Skoazell Vreizh ("Secours breton"). Avec cette structure, quatre "Bretons de Paris" (l'historien Erwann Vallerie, l'étudiant en droit et futur avocat Yann Choucq, l'écrivain-journaliste Xavier Grall et le médecin Gwenc'hlan Le Souëzec) cherchent à récolter des fonds pour aider les militants bretons à se défendre pendant leur procès.

Les statuts de l'association n'ont pas évolués depuis 1969. Il est important de préciser qu'ils excluent toute aide financière pour des actes xénophobes, racistes et antisémites. Aucun militant d'extrême droite bretonne ne peut bénéficier de l'aide de Skoazell Vreizh.
Fabris Kadou, secrétaire de Skoazell Vreizh
 

300 à 350 personnes aidées


Les causes que l'association accepte de financer "sont larges : politique, sociale, culturelle et environnementale", poursuit Christian Guyonvarc'h, l'auteur du livre "Skoazell Vreizh, 50 ans de solidarité". Elle vient en aide "à toute personne qui, en raison d'un engagement en faveur de la Bretagne, se trouverait confrontée à l'appareil judiciaire ou administratif de l'Etat français".

En un demi-siècle d'existence, ce sont entre 300 et 350 personnes que l'association a soutenu financièrement dans leur parcours judiciaire. Un chiffre qui monte à un millier si on prend en compte les proches, selon les estimations de Christian Guyonvarc'h. "Skoazell Vreizh est venue en aide à des personnes en détention mais aussi à leur compagne, leur compagnon et leurs enfants. C'est sa spécificité."
 

Plus de 20.000 donateurs


Les derniers bénéficiaires : le jeune Fañch et sa famille, qui ont dû défendre devant la justice l'orthographe du prénom de l'enfant pour qu'il conserve le tilde sur le n.
 
L'argent récolté par Skoazell vreizh sert uniquement à financer les frais justice, principalement les frais d'avocat, mais pas les amendes.

Ces frais d'avocats se chiffrent parfois à plusieurs dizaines de milliers d'euros comme pour Fañch, voire plusieurs centaines de milliers. C'est une aide qui est déjà conséquente.
Fabris Kadou, secrétaire de Skoazell Vreizh

Selon Christian Guyonvarc'h, "les dons ont pu atteindre 160.000€ sur une seule année". "Nous avons des donateurs qui donnent de façon régulière", détaille Fabris Kadou. "Et il y a aussi des donateurs qui se mobilisent pour des causes précises, comme Fañch." Au total, l'auteur du livre a dénombré "entre 20 et 25.000 personnes [qui] ont apporté une aide financière à Skoazell Vreizh pendant ce demi-siècle".
 

Donateurs célèbres

Des dons qui ne viennent pas que de Bretagne, ni uniquement de militants anonymes de la cause bretonne. "Le chanteur Renaud a notamment apporté le produit d'un de ses concerts", précise Christian Guyonvarc'h. "D'autres personnalités, comme Patrick Le Lay, l'ancien PDG du groupe TF1, ont fait partie des contributeurs, ainsi qu'un certain nombre de dirigeants d'entreprises."

L'association Skoazell Vreizh reste discrète sur ses fonds actuels. Elle continue de soutenir les lycéens qui souhaitent passer leur bac en breton et se dit prête à s'impliquer dans une nouvelle bataille judiciaire si une partie civile ou un avocat la sollicite. "Nous serons toujours aux côtés de ceux qui luttent pour qu'il y ait plus de droits politiques bretons, plus de reconnaissance de la langue bretonne, parce que c'est l'essence même de l'association", conclut Fabris Kadou.
 
  • "Skoazell Vreizh - Secours breton, 50 ans de solidarité", de Christian Guyonvarc'h, Ed. Spered Gouez. Le livre est publié en version française et en version bretonne.
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