Manifestation, pétition, rendez-vous administratifs... dans une petite commune au Sud de Rennes, les habitants ne ménagent pas leurs efforts pour empêcher l'éventuelle expulsion d'une famille sans papiers. Un élan collectif semble souffler sur le village.
"On poursuit la pétition et le recueil de témoignages, jusqu'au rendez-vous de la maire à la préfecture", suggère Sylvain du collectif qui soutien la famille géorgienne. Une cinquantaine d'habitants, parmi les 1100 que compte le Sel-de-Bretagne, réunis ce dimanche 15 décembre. Pour ce briefing imprévu, il a suffi de quelques coups de téléphone et d'un message lançant l'invitation.
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Depuis trois semaines, le village situé à 30 km de Rennes, multiplie les initiatives pour empêcher l'expulsion d'une famille originaire de Géorgie. Un jeune couple et leur fille de cinq ans, installés au Sel-de-Bretagne, se sont vus assujettis à une obligation de quitter le territoire (OQTF), transmise le 25 novembre 2024 à l'issue d'un contrôle routier.
"L'intégration est évidente"
"Je crois en la justice, et je suis respectueuse des lois de la République, mais sur ce dossier, la notion d'intégration est évidente", précise la maire du Sel-de-Bretagne, pour expliquer son engagement aux côtés de la famille géorgienne installée sur sa commune. "Depuis quatre ans qu'elle est avec nous, cette famille participe à beaucoup d'actions bénévoles au sein de la commune," poursuite Christine Roger. Karine Richeux, habitante du Sel-de-Bretagne, estime que "ces gens font partie de notre commune et on veut les soutenir parce que si c'était nous, ils feraient la même chose pour nous."
Titre de séjour
Selma et Andréa (des prénoms d'emprunt) ont quitté la Géorgie pour des raisons familiales. Dans l'ancienne République soviétique, ils disent craindre pour leur vie, car leur famille et leur communauté ont refusé leur mariage. Selma est Chrétienne orthodoxe, Andréa est Yézidi, une minorité ethnico-religieuse présente en Irak, en Syrie, en Turquie, en Arménie et en Géorgie. Arrivée en France il y a six ans, le couple a déposé un dossier pour obtenir un titre de séjour.
Pour s'opposer à une éventuelle expulsion, le comité de soutien à Selma et Andréa a manifesté devant l'ancienne préfecture de Rennes, vendredi 13 décembre 2024, tandis que s'y déroulait une cérémonie de naturalisation.
Une pétition sur papier, qui a rassemblé 700 signatures en douze jours, circule au Sel-de-Bretagne et dans les communes voisines. Sont également collectés des témoignages, 48 à ce jour, rédigés par des voisins et des employeurs, attestant de l'intégration de la famille dans la commune. Sans papier les autorisant à travailler, les deux trentenaires géorgiens multiplient les stages, la jeune femme dans des cantines scolaires, le jeune homme dans des entreprises du bâtiment. La maire du Sel-de-Bretagne, Christine Roger, doit rencontrer un représentant de la préfecture d'Ille-et-Vilaine, vendredi 20 décembre 2024.
(Avec Valérie Chopin et Lara Dolan)