La métropole de Rennes est mise en examen pour "homicide involontaire", après le décès d'une cycliste qui avait été percutée par un camion en novembre 2019. La jeune femme, âgé de 22 ans, circulait sur une piste cyclable. Le parquet a demandé le renvoi de la métropole devant le tribunal correctionnel.
Le parquet annonce, ce 23 février 2024, la mise en examen de la métropole de Rennes pour "homicide involontaire", après le décès d'une cycliste qui avait été percutée par un camion alors qu'elle circulait sur une piste cyclable. Le chauffeur, qui n'a pas contesté les faits, a également été mis en examen pour "homicide involontaire".
"Un piège pour les deux-roues"
Grâce Lochin, 22 ans, est décédée le 4 novembre 2019. Elle a été heurtée par le poids lourd qui ne l'avait pas vue se déporter sur la gauche pour éviter l'îlot central situé au milieu du carrefour.
"La personne morale de Rennes Métropole a été mise en examen le 17 mai 2022 du chef d'homicide involontaire par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation législative ou réglementaire de prudence ou de sécurité, en l'espèce en s'abstenant de réaliser les travaux d'aménagement pour assurer la sécurité des cyclistes au carrefour en cause" indique à l'AFP le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc.
Il est notamment reproché à la métropole de "ne pas avoir mis en place une signalisation suffisante" et d'avoir contraint par ce tracé "les usagers de la piste cyclable à faire un écart pour éviter un élément du terre-plein central", explique le magistrat.
"La configuration de la piste cyclable associée à la faible largeur des autres voies est un véritable piège pour les deux roues et elle a joué un rôle prépondérant sur la réalisation de ce tragique accident", conclut le rapport d'expertise effectué après le décès de l'étudiante, dont l'AFP a pu consulter des extraits.
Renvoi devant le tribunal correctionnel
"Mon client est aujourd'hui encore particulièrement bouleversé par le décès de sa fille, il ne comprend pas pourquoi la procédure prend autant de temps et surtout pourquoi des travaux n'ont pas été conduits pour sécuriser de manière permanente le lieu de l'accident" indique à l'AFP Me Stéphane Babonneau, l'avocat du père de la victime, qui a porté plainte contre la métropole en 2020. "Le tracé, qui renvoie le cycliste dans le flux de circulation faute de quoi il se heurte à un terre-plein, est aberrant et intrinsèquement dangereux" insiste-t-il.
Sollicitée par l'AFP, la métropole de Rennes a répondu que "la ville et la métropole ne commentent pas les procédures en cours" ni souhaité faire de commentaire à la question de savoir si des travaux avaient été réalisés pour sécuriser les lieux de l'accident.
Le parquet a demandé le renvoi de la métropole de Rennes devant le tribunal correctionnel. Il a en revanche requis un non-lieu contre le chauffeur du poids lourd mis en examen pour "homicide involontaire", estimant que "la configuration des voies et de la piste cyclable ne lui permettait pas d'apercevoir la cycliste" avant le choc.