À Redon, les récentes inondations de début janvier 2025 n'ont fait que rappeler de mauvais souvenirs. Janvier 1995, la Vilaine atteint 5,35 mètres de hauteur et dans la ville, on doit circuler en barque. Alors, 30 ans après, quelles ont été les mesures mises en œuvre pour que la situation ne se reproduise pas ?
Les pluies abondantes des premiers jours de l'année 2025 ont encore une fois fait déborder le niveau des cours d'eau du bassin de la Vilaine. Le 8 janvier, par exemple, Guipry-Messac a activé son plan communal de sauvegarde. Le service de prévision des crues a placé certains tronçons en vigilance Orange. Cela n'est pas une première pour ce territoire tristement habitué aux inondations de grande ampleur.
Redon, sinistrée par les crues
Souvenez-vous. En janvier 1995, Redon a les pieds dans l'eau. Une crue sans précédent fait les gros titres de l'actualité. La population vit pendant des jours et des jours au rythme des inondations, avec les barques dans la ville et l'Armée.
Encore aujourd'hui, les Redonnais n'ont pas oublié. La Vilaine a atteint une hauteur de 5,35 mètres. Un record.
Sur le secteur de Redon, on récupère toutes les eaux.
Sébastien BaronResponsable unité gestion quantitative inondations - Eaux & Vilaine
À cela, une explication géographique : Redon se trouve à la confluence de deux grands cours d'eau : la Vilaine et ses affluents, et puis l'Oust qui draine tout l'Est du Morbihan, avec forcément un effet d'accumulation, renforcé par la très basse altitude de la ville, proche du niveau de la mer : "Sur le secteur de Redon, on est sur des crues lentes de plaine. On est tout en aval du bassin de la Vilaine, donc l'inconvénient, c'est qu'on récupère toutes les eaux du bassin mais l'avantage, c'est qu'on les voit arriver au moins 48h à l'avance. Ce qui nous laisse le temps d'agir et de poser des barrières amovibles", explique Sébastien Baron, responsable de l'unité gestion quantitative inondations d'Eaux & Vilaine.
Une solution : des protections amovibles
Des protections anti-inondations amovibles qui apporteront la touche finale aux lourds travaux de réaménagement effectués l'an dernier sur le quai Jean Bart.
"Au lieu d'un quai en pente douce, il a été recréé en terrasses. Et de ce fait, les gradines constituent une première protection contre les inondations, à hauteur de 4,80 mètres, et la barrière amovible quand elle sera mise en place permettra une protection jusqu'à 5,50 mètres", poursuit Sébastien Baron.
Une marge de sécurité, c'est bien là tout l'enjeu des années à venir, selon Sébastien Crossouard, vice-président d'Eaux & Vilaine chargé de la prévention des inondations : "C'est sûr que par rapport au dérèglement climatique, on pourra être confronté à des épisodes de crues récurrents. À chaque fois qu'il y a des travaux prévus, il y a des modélisations qui sont faites par des bureaux d'études auparavant. Et on prévoit tout le temps une marge de sécurité supérieure à une crue centennale".
Opération Alabri
Des protections collectives auxquelles s'ajoutent des protections individuelles, dans le cadre de l'opération Alabri, proposée par Eaux & Vilaine aux propriétaires d'un logement situé en zone inondable.
Particuliers, commerçants, artisans, chefs d’entreprise, bénéficient d’un accompagnement complet pour adapter leur bien face aux inondations. Jacques Quinton est l'un de ses propriétaires. S'il n'a encore jamais vu sa maison inondée, il préfère prévenir que guérir : "Avec mon épouse, nous avons pensé que c'était une bonne initiative, d'autant plus qu'il y a une participation financière des collectivités qui n'est pas négligeable, jusqu'à 80% pour les particuliers, sur l'installation de batardeaux (barrières amovibles en travers des portes), de clapets anti-retour sur l'évacuation des eaux usées, ou bien encore la surélévation du tableau électrique", précise-t-il.
À ce jour, 400 diagnostics ont été réalisés dont 12 à Redon et 7 à Saint-Nicolas-de-Redon et 60 propriétaires sont en train de mettre en place ces solutions.
Davantage de surfaces végétalisées
À ces dispositifs, s'ajoutent d'autres choix d'aménagement urbain, dans un esprit d'écologie. Avant le réaménagement du quai Jean Bart, 90 à 95% des surfaces étaient imperméables, ce qui n'est plus le cas désormais : "Nous sommes passés à plus de 30-35% de surfaces végétalisées et plus de 10% de parkings à pavés jointifs gazonnés, donc ça augmente les possibilités pour l'eau de rentrer dans la terre", résume Jean-Luc Guillaume, conseiller délégué à l'environnement à la mairie de Redon.
D'autres alternatives existent encore : des stations de pompage, des reconstructions de bâtiments sur pilotis qui laissent s'écouler l'eau en dessous ou bien encore parfois, accepter que la nature reprenne ses droits sur certaines zones. À Redon et aux alentours, on recherche un subtil équilibre entre "lutter contre" et "vivre avec" les inondations.