Ivre, il avait frappé mortellement son voisin sexagénaire : il écope de neuf ans de prison

La cour criminelle départementale d'Ille-et-Vilaine a condamné à neuf ans de réclusion criminelle, ce mardi 24 septembre 2024, un jeune de Saint-Caradec (Côtes-d'Armor) qui avait porté les coups mortels à un sexagénaire de Cornillé (Ille-et-Vilaine) en août 2022.

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Le jeune prévenu était "en période d'essai chez Lactalis" avait en fait eu "une altercation" avec le voisin de son frère le 20 août 2022. Le voisin de 62 ans était initialement "venu se plaindre", en étant "armé d'un manche à balai", de "la divagation de ses chiens" sur son propre terrain : les "labradors croisés beaucerons" de le prévenu effrayaient sa fille. Le prévenu et son frère étaient donc allés à "la rencontre" du sexagénaire et le premier avait "tenté de saisir le bâton" qu'il avait entre les mains.

Les trois hommes - qui s'étaient retrouvés "pile au milieu" du champ séparant leurs deux maisons - avaient rapidement "basculé au sol". Le prévenu aurait "frappé le sexagénaire au visage et au torse" tandis que son aîné s'interposait et lui demandait de "rentrer" dans la maison.

Mais les deux frères avaient alors constaté que le voisin "chancelait" et qu'il était "tombé inconscient" : il était "devenu bleu" et il "saignait de la bouche". Son décès d'un "arrêt cardiaque" sera finalement constaté à "18h40", malgré des tentatives de réanimation opérées par le frère du prévenu et la voisine.

La victime avait une "maladie coronaire"

À leur arrivée, les gendarmes avaient constaté que les deux frères étaient dans "un état d'énervement" et "alcoolisés". Il n'y avait pourtant jamais eu aucun "antécédent" entre les deux familles voisines, mais le prévenu avait encore "1,19 g" d'alcool par litre de sang plus de trois heures après les faits.

La femme de la victime - qui a "vu la scène de loin" - avait constaté que le frère du prévenu avait "tenté de séparer" tandis que le prévenu assénait des "coups de pied" à son mari "au sol". Ce "non-fumeur" n'avait "aucun traitement médical" mais "il se plaignait d'être essoufflé", même si "rien n'avait été décelé par un médecin", a-t-il été dit au cours des débats. L'autopsie révélera qu'il souffrait, sans le savoir, d'une "maladie coronaire".

Parcours de l'accusé

Issu d'une fratrie de quatre enfants, le plus jeune des deux frères - qui avait suivi des études dans le domaine de l'équitation - a donc été renvoyé devant la cour criminelle départementale d'Ille-et-Vilaine pour répondre de ses "coups mortels". Son procès s'était ouvert pour deux jours, ce lundi 23 septembre 2024, à Rennes.

Les débats ont ainsi permis de revenir sur la jeunesse de cet homme qui a grandi au rythme des coups portés par leur père "bipolaire" à leur mère, qui travaillait "dans un supermarché de Loudéac"

"Aucune tentative de déculpabilisation"

Puis, à l'adolescence, le jeune homme - qui venait de signer un CDI chez Lactalis - s'était réfugié "dans le cannabis" et avait goûté "tout ce qui passait en free party" : héroïne, kétamine, cocaïne, MDMA... Depuis son incarcération, il n'a toutefois "pas manifesté une volonté acharnée de rencontrer un psychologue", a noté le président de la cour criminelle d'Ille-et-Vilaine.

"Il était très calme, il l'a toujours été, même avec les animaux", dira toutefois sa petite sœur, avec qui le prévenu n'a pas de liens. Reste que "les facteurs familiaux ont influencé sa personnalité", avait pour sa part relevé l'expert psychologue qui l'a rencontré dans le cadre de la procédure criminelle. "Je peux m'énerver fort", reconnaîtra effectivement le prévenu. "Lorsque j'ai vu le voisin arriver avec un bâton, la colère est montée, j'ai pensé qu'il allait taper les chiens."

Le jeune homme de 29 ans avait reconnu les faits et fait preuve d'une "prise en compte de la victime" lors de l'instruction. Il n'y avait "aucune tentative de déculpabilisation ni de partage de responsabilité", avait considéré l'expert. Mais "la victime est identificatoire à la figure paternelle", avait détaillé le professionnel : il voit "des chiens en liberté, et le voisin, c'est l'autorité qui s'impose"... À cela s'ajoute, évidemment, "l'impact de la prise d'alcool et de cannabis".

Verdict et possibilité d'appel

"Je veux présenter mes excuses à la famille, mais je comprendrais qu'elles ne soient pas acceptées", avait dit ce mardi le jeune homme, contre qui l'avocate générale avait requis dix ans de prison. Après la plaidoirie de son avocat, Me Jérôme Stéphan, les juges lui ont infligé neuf ans de prison. Il a désormais dix jours pour faire appel.

SG/CB (PressPepper)

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