Innovation. Une batterie de voiture électrique de seconde main pour les besoins de sa maison : une solution qui prend forme

Recharger sa trotinette électrique ou fournir en électricité sa maison via des batteries électriques de seconde main, c'est le projet dans lequel ce lance des entreprises bretronnes. Double intérêt : prolonger la vie des batteries électriques et réduire son bilan carbone.

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“Si la capacité d’une batterie de voiture électrique passe sous les 80%, elle ne peut plus servir pour la mobilité électrique. Elle doit avoir un autre usage”, s’enthousiasme Sergio Capitao, lors de la présentation du projet ABR (comme “Automotive batteries reuse”) à Rennes ce 14 septembre 2023. L’ambition du projet soutenue par la Région Bretagne et les villes de Rennes et de Quimper ? Permettre à un particulier de disposer d’une ancienne batterie d’une voiture électrique pour recharger son vélo électrique, sa trottinette ou faire fonctionner des objets domestiques.

Le potentiel des vieilles batteries électriques

Comme les batteries de votre téléphone portable, en vieillissant, la batterie des voitures électrique est moins performante et elles sont remplacées. Cela a un coût en matériaux et en pollution carbone. L’objectif d’un groupe d‘entreprises réunies sous le projet ABR est de leur donner une seconde vie pour augmenter leur longévité d’utilisation.

Pour Sergio Capitao, directeur du pôle de compétitivité ID4 Car, il existe un potentiel important pour ces batteries retirées des véhicules électriques. D’autant plus que le nombre de véhicules électriques, et donc de batteries, ne cesse d’augmenter avec la réglementation européenne obligeant les fabricants d’automobile à abandonner le thermique d’ici 2035.

Entre janvier 2016 et août 2023, le nombre de véhicule 100% électrique est passé de 63 200 véhicules roulant à plus de 882 000. Une croissance exponentielle visible sur cette courbe constituée depuis les données du baromètre des immatriculations publié par Avere France.

Le projet ABR a pour objectif la récupération et la réutilisation des batteries lithium-ion présentes dans certains véhicules entièrement électriques tels que la C3, la 208, la Corsa et la DS3.

De l’électricité pour recharger vélo, trottinette ou machine à laver

“Avec les batteries usagées des voitures électriques, il est possible de stocker temporairement de l’énergie renouvelable, type solaire ou éolien, pour ensuite recharger son vélo, sa trottinette” précise Sergio Capito.

“Un particulier peut choisir de stocker l’énergie solaire produite dans la journée, pour faire tourner sa machine à laver ou allumer la lumière de son domicile le soir” assure Sophie Molina. L’ingénieur de recherche pour l’entreprise Entech, dans la l'entreprise d'innovation est partenaire dans ce projet coopératif, ambitionne d'obtenir des résultats concrets pour fin 2024.

Fiabiliser le réseau électrique à grande échelle

En plus d’offrir une solution de stockage d’électricité aux particuliers, Entech voit plus grand. “Avec une solution de stockage d’électricité à grande échelle, par des batteries, il sera possible d’assurer la fiabilité et la stabilité du réseau électrique”.

Pour cette ambition “à grande échelle”, l’équipe d’Entech envisage de stocker les batteries dans des conteneurs maritimes.

“Pas anodin de travailler sur des batteries”

Le projet d'innovation, basé dans l’usine Stellantis de Rennes-La Janais, impose de démanteler les batteries usagées. Une opération risquée.

“Nous sommes conscients que l’activité autour des batteries et de la réutilisation des batteries va en augmentant, mais c’est un travail avec de nombreuses particularités techniques” souligne Nicolas Donval-Petres. Le chargé d’affaires chez Talendi, société de l’économie sociale et solidaire, nouveau nom des Bretagne Ateliers, encadre des salariés en situations de handicap qui procèdent au démantèlement des batteries.

Lire : Des départs de feu au centre de tri. Les batteries Lithium en cause.

“Une batterie ce n’est pas anodin. Il y a de l’énergie dedans et donc des risques électriques, chimiques et d’explosion. C’est un équipement que l’on ne peut pas débrancher. Nous devons former nos équipiers à ces particularités”.

La région Bretagne avec Quimper Bretagne Occidentale et Rennes Metropole s’implique à hauteur de 495 800 euros sur deux. Pour Laurence Fortin, vice-présidente à la Région Bretagne l’intérêt réside dans la possibilité future de retomber industrielle et d’emploi.

(Avec Gilles Le Morvan et Philippe Queyroux)

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