En raison de pluies constantes, la Vilaine a débordé de son lit ce dimanche 26 janvier, entraînant d'importantes inondations à Rennes et en aval au sud. Évacués par les secours ou recueillis chez des voisins, les habitants sinistrés se préparent à une nouvelle hausse du niveau des eaux d'ici mercredi.
Gonflée par les pluies des derniers jours, la Vilaine est sortie de son lit : à Rennes, le fleuve breton a fait disparaître des rues entières dans la nuit du 26 au 27 janvier, notamment dans le quartier Saint-Martin. Dans la matinée du 27, les berges du canal submergées la veille ont pu être dégagées à la faveur d'une baisse du niveau de l'eau. Mais les caves, parkings souterrains et les rez-de-chaussée restent inondés.
"On est un peu inquiets car on vient de faire le ravalement de notre immeuble il y a même pas un an, confie un riverain. J'espère que notre contrat d'assurance nous permettra d'être indemnisés. Car s'il n'y a pas d'arrêté de catastrophe naturelle, on ne sait pas comment on fera."
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"Le compteur de la région a sauté, donc on n'a plus d'eau courante. Nous, ça va, on a un système de filtration, mais c’est pas buvable," explique l'habitante d'une péniche. Depuis avant-hier, on n'a pas d'eau. On capte l'eau du canal, mais c'est limite." Cette accalmie, qui permet de dresser un premier bilan, sera de courte durée : la pluie menace à nouveau et le niveau de l'eau remontera sûrement d'ici mercredi.
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"Ça montait trop vite"
En aval de Rennes, les communes de Pont-Réan et Guipry-Pessac sont elles aussi touchées par la crue de la Vilaine. "On est à 40 centimètres, mes bottes ne sont pas assez hautes, glisse le garde-pêche de Pont-Réan, une riveraine sur les épaules. Je donne un coup de main," sourit-il. Dans cette commune, l'école est fermée "jusqu'à au moins mardi, dans un premier temps. Les vacances de février arrivent plus vite que prévu," lance un parent d'élève devant l'établissement.
Un peu plus au sud à Guipry-Messac, les rues les plus proches du fleuve se sont retrouvées sous plusieurs centimètres d'eau cette nuit. "C'est la deuxième fois, mais là vraiment, je crois que la maison est noyée. Jamais ça n'a été comme ça, déplore Marie-Thérèse, une vénérable Guissacoise rencontrée dans la rue. En 2001, je n'ai eu que 5 centimètres. Mais là, on a sans doute 15 centimètres, ça montait trop vite."
"Je suis partie chez mes voisins, ils sont venus me chercher vers 5 heures du matin. Il n'y a plus de courant ni rien, raconte-t-elle. Elle est heureusement indemne. Je n'ai pas dormi, je ne me suis pas couchée. Ça n'a pas monté comme d'habitude." Comme elle, la plupart des habitants des alentours de la rue des Gabelous ont évacué leurs domiciles dans la nuit et par eux-mêmes.
"Ça va continuer"
Paré d'une veste fluo réfléchissante, Jean-Marc Gendrot est sur le pied de guerre. "Le niveau de l'eau est supérieur aux prévisions qu'on avait, on est supérieur à la crue de 2001 et de 1995," confie l'adjoint au maire de Guipry-Messac.
L'élu a relevé un niveau des eaux à 3,6 mètres ce 27 janvier, battant ainsi le précédant record de 3,58 mètres datant de 2001. "On est à 4 ou 5 centimètres de montée des eaux par heure, ce qui est énorme, s'étonne-t-il. On n'a jamais vu ça, on a des maisons qui n'ont jamais connu ça, on mène des évacuations. Et ça va continuer."
C'est une catastrophe, on ne sait pas où on va. On annonce encore des précipitations un peu aujourd'hui, demain, et surtout mercredi. On avise au jour le jour, c'est compliqué à gérer, on essaie de faire au mieux.
Jean-Marc Gendrotadjoint au maire de Guipry-Messac
Avec l'aide de bénévoles, Jean-Marc Gendrot a passé quatre heures à démonter le parquet de la salle polyvalente de la commune pour le sauver des eaux. À Guipry-Messac, les pompiers ont mené une évacuation dans la nuit, puis quatre dans la matinée. "La solidarité joue beaucoup, sourit Jean-Marc Gendrot, qui reste inquiet. Si ça continue de monter, on va forcément avoir d'autres évacuations."
(Avec Maylen Villaverde, Gilles Le Morvan, Antoine le Calvez)