"J'en ai trois grammes dans mon sac", cocaïne et MDMA : pourquoi est-ce si facile de s'en procurer ?

La cocaïne et la MDMA séduisent toutes les catégories sociales. Nicolas, médecin quadragénaire, raconte sa consommation assumée, tout en s’efforçant de la dissimuler à ses enfants. Ces substances sont plus accessibles que jamais, au coin de la rue ou via les réseaux sociaux.

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La consommation de drogues dures, en particulier de cocaïne et de MDMA, connaît une hausse vertigineuse en France. Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), plus d’un million de Français ont consommé de la cocaïne au moins une fois en 2023, tandis que l’usage de MDMA a bondi à 750 000 consommateurs sur l’année. Un phénomène qui transcende les milieux sociaux et professionnels, alimenté par des réseaux toujours plus sophistiqués.

Nicolas, consommateur type

Dans une petite commune à l’extérieur de Rennes, Nicolas (prénom modifié) nous accueille. Médecin respecté et père de famille, il incarne ce profil inattendu : un consommateur intégré, discret. Son sac à dos contient une réserve personnelle, trois grammes de cocaïne et une douzaine de cachets d’ecstasy. "Je ne veux pas que mes enfants tombent dessus, alors je garde toujours ma consommation sur moi", explique-t-il avec un sourire qui détonne face à la gravité du sujet.

Ce quadragénaire a découvert les drogues à 37 ans, cherchant à intensifier ses nuits festives. "La fête est plus folle, on danse toute la nuit, et l’effet est plus agréable que l’alcool", confie-t-il. Aujourd’hui, il jongle entre MDMA, cocaïne et ecstasy, tout en se persuadant que sa consommation reste maîtrisée. "Je ne prends jamais de cachet d’un inconnu. Je me limite aux soirées."

Nicolas avoue sortir très régulièrement. "Le côté euphorisant de la MD pour être 'love' est super agréable. Je n'aime pas la coke, mais j'en prends en début de soirée pour lancer la nuit". 

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Un réseau bien rodé

Pour se procurer ses substances, à la demande de son dealeur Nicolas utilise la messagerie Snapchat, où les messages s’effacent automatiquement.

"J'ai dû apprendre à utiliser SnapChat que pour cela. Mais c'est pratique. Il a mon texto et je suis livré dans la demi-journée". Mais, Nicolas va devoir changer de dealer. "Contraint et forcé. Le mien s'est fait attraper. Je vais devoir être prudent."  Et au pire, si vraiment il a besoin d'un produit pour une soirée, il demandera à un ami. "On achète régulièrement les uns pour les autres, vu que l'on consomme ensemble". 

"Ceux qui ont de l'argent se font livrer. Les étudiants vont au quartier pour en acheter" souffle un policier. "Tout est organisé. Le dealer de rue prend la commande, puis un livreur dépose les produits. Les intermédiaires sont nombreux et les messageries cryptées compliquent la tâche des forces de l’ordre", précise un policier bien renseigné dans la lutte contre le trafic.

En effet, les policiers ciblent davantage les revendeurs que les consommateurs, qui se montrent particulièrement prudents. Les professions les plus exposées à la consommation ? Les travailleurs sous pression, cuisiniers, ouvriers du bâtiment, médecins, mais aussi étudiants, chefs d’entreprise et artistes. "Tout le monde en consomme", résume notre source policière.

Une banalisation inquiétante

Pour ce médecin, la consommation est banalisée. "Dans mon cercle, c’est la norme. Tout le monde en prend. Et pareil pour les jeunes que je croise en soirée, ils en prennent tous." Le boom des fêtes techno et des festivals alimente également cette tendance, rendant les stimulants omniprésents.

Mais les risques sanitaires sont bien réels. Nicolas témoigne : "En festival, je n’ai pas uriné pendant 24 heures, alors que je buvais beaucoup. Ces produits sont très mauvais pour les reins." Le risque judiciaire ne semble pas l’effrayer. L’amende pour de l’usage de cocaïne ou de MDMA est de 150 euros si elle est payée rapidement.

Selon Nicolas, les prix et les quantités varient en fonction de la drogue et de la quantité dont dispose son dealer. La cocaïne, qu’il consomme en soirée, coûte entre 50 et 70 euros le gramme, permettant de préparer 10 à 20 traces selon la quantité sniffée. La MDMA, sa substance de prédilection, est plus abordable : environ 100 euros pour trois grammes, suffisant pour plusieurs soirées. Elle se présente sous forme de crystal qu'il faut broyer. "Je les mets dans des gélules de médicaments. C'est plus pratique à transporter".

Quant aux cachets d’ecstasy, leur prix dépend de leur forme et de leur origine, mais ils restent facilement accessibles.

Une offre diversifiée

L’augmentation de la production mondiale de drogues alimente une offre en constante diversification. En France, depuis 2008, 450 nouveaux produits de synthèse ont été identifiés, signe d’un marché en pleine expansion.

À Rennes, place Saint-Michel, la scène est révélatrice : un homme patiente à l’angle d’une rue, prêt à répondre aux demandes des passants. "MD, coke ?" propose-t-il naturellement, montrant à quel point l’accès à ces substances est facilité.

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