À l'occasion de la semaine des langues régionales, Maël Le Guennec, journaliste et responsable des émissions en langue bretonne à France 3 Bretagne, nous dresse un état des lieux de la place du breton aujourd'hui en Bretagne. Rencontre.
"C'est une langue qui diffère beaucoup de la langue du pays, et qui n'est pas majoritaire". Voilà comment Maël Le Guennec définit ce qu'est une langue régionale.
Lui, il pratique le breton, et tous les jours il s'applique à en faire une langue bien vivante, à travers un certain nombres d'émissions, de magazines et de fictions produites par France 3 Bretagne*.
A l'occasion de la semaine des langues régionales, il nous paratge son regard sur cette langue et son histoire.
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Pourquoi le breton s'est-il perdu ?
"Parler français, c'était réussir à s'élever socialement. Puis, vu qu'à l'école c'était interdit, que les enfants étaient même punis, la langue a quelque peu décliné. Il y a de moins en moins de locuteurs. On est descendu jusqu'à 100.000 après la Première Guerre mondiale. Et puis ce "revival" culturel dans les années 70 a permis la mise en place de cours de breton grâce aux écoles Diwan et ensuite dans le système public. Il s'est passé beaucoup plus tard la même chose en Bretagne avec l'autre langue qu'est le gallo."
Parler breton, en quoi est-ce utile ?
"L'utilité dans la culture et dans la vie de tous les jours, c'est une notion assez complexe parce qu'on peut dire finalement, qu'est-ce qui est utile aujourd'hui ? Il faudrait dire parler chinois et anglais. Apprendre et parler sa langue, c'est avant tout aussi renouer avec sa culture."
"Pour nous qui parlons cette langue au quotidien, c'est juste être soi-même, être qui on est."
Maël Le GuennecResponsable des émissions en langue bretonne à France 3 Bretagne
"Il y a des gens qui viennent de loin, qui ne connaissaient pas le breton, qui une fois arrivés en Bretagne, découvrent cette richesse et se décident à apprendre le breton ou le gallo. Pour nous qui parlons cette langue au quotidien, c'est juste être soi-même, être qui on est. Mes grands-parents parlaient breton. Je n'ai pas eu la chance de l'apprendre dans ma famille, mais grâce aux écoles Diwan, j'ai pu apprendre à parler breton. Aujourd'hui, je ne me pose pas la question de l'utilité mais juste être soi et se sentir entier."
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Le breton pourrait-il être majoritaire en Bretagne ?
"C'est une vraie question qui se pose. On a un exemple juste à côté, c'est le Pays de Galles. Le Pays de Galles a une langue très proche du breton qui s'appelle le gallois. Le Pays de Galles a engagé un plan important avec d'énormes financements pour atteindre le million de locuteurs de gallois. Aujourd'hui, c'est la seule langue celtique qui a vu son nombre de locuteurs augmenter. Le gallois a réussi à augmenter son nombre de locuteurs grâce à des efforts très importants. Mais il y a une chose, une réalité qui n'existe pas en Bretagne, c'est que le gallois est une langue du quotidien dans des régions du Pays de Galles. C'est devenu aujourd'hui une langue qui permet de trouver un emploi, qui est bien vue dans la société, et qui donne beaucoup plus d'opportunités que ceux qui n'ont pas la chance de la parler également. Donc moi j'espère en tout cas, j'imagine un jour, pourquoi pas en Bretagne, un moment où le breton est vu comme quelque chose de super cool - ça commence à l'être par endroits - et surtout une façon de pouvoir trouver du travail. Moi par exemple, ça a été le cas."
*France 3 Bretagne produit chaque semaine plusieurs heures de programmes en langue bretonne (An Taol Lagad, Bali Breizh, Na Petra 'ta) ainsi que des fictions.