La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes a ordonné, ce vendredi 10 janvier 2025, un "supplément d'information" avant de se prononcer sur l'éventuelle remise en liberté, sous bracelet électronique, d'un kinésithérapeute de Martigné-Ferchaud (Ille-et-Vilaine) accusé d'agressions sexuelles par quatre jeunes patientes.
Le kinésithérapeute de 33 ans fait l'objet d'une première plainte le 17 octobre 2024. La jeune femme prise en charge au cabinet du praticien pour "une blessure au genou" raconte qu'il l'aurait complimentée sur "son piercing au nombril" avant de lui pratiquer "un massage au dos" pour "ses douleurs lombaires". Il aurait ensuite "descendu sa culotte" avant de lui faire subir une agression sexuelle. La patiente avait entendu "sa respiration s'accélérer" et la scène aurait duré "une minute".
"On pourrait aller plus loin, mais ça ne serait plus du massage", aurait-il dit, avant qu'elle n'exprime son refus. Il réplique alors que c'était "pour rire" et cherche à la recontacter pour "de nouveaux rendez-vous", avait indiqué la jeune femme aux gendarmes. Il s'était finalement "excusé par message" s'il l'avait mise "mal à l'aise".
Plainte d'une deuxième patiente
Une autre patiente souffrant d'une "déchirure des ligaments croisés" avait, elle aussi, décrit "des massages à proximité immédiate de ses parties intimes" ainsi qu'une autre séance où le praticien aurait "baissé" son sous-vêtement "sans la prévenir" et l'avoir "massée au niveau des fesses". Selon elle, il souhaitait "lui enlever complètement" mais elle avait "refusé" et n'avait "plus parlé". Elle avait ensuite mis un terme à son suivi.
Le kiné est donc placé en garde à vue le 29 octobre 2024. L'homme, originaire de Châteaubriant en Loire-Atlantique, connaissait la première plaignante, pour avoir été élèves dans le même lycée, mais il n'avait "jamais eu de relation particulière avec". Il avait "sollicité son consentement" avant de lui pratiquer "un massage au niveau de l'adducteur et du pubis" mais selon lui, la séance n'avait pris "aucune proportion sexuelle" et il n'avait "pas touché son sexe". Les deux jeunes filles, a-t-il fait valoir, avaient par ailleurs "un lien" entre elles.
Expertise psychiatrique et de nouvelles plaignantes
Dans un premier temps, il est déféré devant le procureur de la République, qui décide de son renvoi en comparution immédiate à délai différé, le temps qu'une expertise psychiatrique soit diligentée. Dans l'intervalle, il est placé sous contrôle judiciaire avec "interdiction de recevoir des patientes féminines", hormis "les patientes de l'Ehpad".
Mais une procédure distincte est amorcée en parallèle "pour identifier de nouvelles plaignantes". Au total, 227 patientes suivies entre juin et octobre 2024 sont listées, et il est décidé de faire parvenir "un questionnaire" à un "échantillon" d'une trentaine d'entre elles.
Deux jeunes femmes mineures dénoncent alors, par ce biais, des agressions sexuelles avec un mode opératoire en tous points similaire à ce que révélaient les premières. "Toutes indiquent qu'il a demandé à baisser la culotte, a pratiqué un massage sur les fesses et a procédé à des gestes plus appuyés sur certaines zones", résume la présidente de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes lors de l'audience publique, ce jeudi 9 janvier 2025.
Placement en détention provisoire le 27 décembre 2024
Le 30 décembre 2024, le président de la chambre des comparutions immédiates avait refusé de se pencher sur le premier volet de cette affaire, renvoyant le parquet à "mieux se pourvoir" pour "rassembler les faits reprochés" dans le cadre de l'information judiciaire ouverte quelques jours plus tôt.
Le 27 décembre 2024, un juge des libertés et de la détention (JLD) de Rennes décide aussi de placer le kiné en détention provisoire dans cette affaire : une des plaignantes avait expliqué être "toujours suivie", en dépit du contrôle judiciaire lui en faisant interdiction. Mais "depuis septembre 2024, les séances se déroulaient sans difficulté", précisait-elle.
Ce jeudi 9 janvier 2025, le père de famille - qui a accueilli un deuxième enfant dix jours à peine avant son incarcération - a sollicité l'infirmation de cette ordonnance et son Assignation à résidence sous surveillance électronique (ARSE). Son avocat Me Maxime Tessier a insisté sur l'absence de "pressions" sur les plaignantes, alors même que son client a initialement été maintenu en liberté. Et le kinésithérapeute, accusé de "faits de nature correctionnelle", n'a "pas de casier judiciaire" et n'est visé par "aucune autre enquête".
Bracelet électronique : décision dans deux semaines
L'avocat général s'est pour sa part opposé à sa remise en liberté : il craint des "pressions" et estime que le dossier nécessite "un éclairage psychologique". L'homme "inquiète quand on découvre la possibilité du nombre de victimes", souligne-t-il auprès des juges.
Ce vendredi, la chambre de l'instruction a finalement ordonné qu'une "enquête de faisabilité" soit diligentée à son domicile pour valider, ou non, la possibilité technique de l'installation d'un dispositif de bracelet électronique. Le kiné saura donc dans deux semaines s'il peut ou non rentrer chez lui pour "être présent" pour ses enfants et sa femme "encore convalescente". En attendant, il reste détenu.
(PressPepper)