Une des deux maîtresses qui assure la classe de grande section de l’école Jules Ferry à Rennes est arrêtée depuis la fin du mois de novembre, mais elle n’est toujours pas remplacée. Les parents perdent patience !
"Qu’une personne malade ne soit pas remplacée immédiatement, on peut l'entendre, surtout en période d’épidémie, mais là, cela fait des semaines..." Vincent Le Goc ne parvient pas à comprendre.
Son petit Paul de 5 ans n’a plus école le lundi et le mardi depuis le 20 novembre. L'une des deux maitresses est malade," cela arrive, mais là, ça finit par faire des semaines entières sans enseignement " s’inquiète ce papa. Car avec les protocoles sanitaires, il est impossible d’accueillir les enfants dans d’autres classes.
Pas toujours de Plan B
"Nous, on a de la chance, précise Vincent, Paul a son grand-père tout près. Il est en retraite, ils vont se promener, font un petit peu d’activités, regardent des dessins animés, et puis on mange bien chez papi, mais on sait que beaucoup de parents sont dans la galère."
Entre les aboiements du chien et les pleurs de sa fille, Hélène Malivoir, la maman de Ambre, dans la même classe que Paul serre les dents. "On a l’impression de faire tout mal s’affole-t-elle. Nous sommes en télétravail, pour pouvoir garder notre fille, mais nous ne nous occupons pas bien d’elle et nous ne sommes pas non plus à 100% au travail." Elle oscille entre colère et totale incompréhension.
Maryline Nicolas, la maman de Kristen, elle, est bloquée. "Je ne peux absolument pas télé-travailler et je n’ai personne de ma famille qui puisse s’occuper de mon fils. On prend des nounous à 24 euros de l’heure, ça commence à devenir très très lourd !"
Les parents d’élèves ont adressé des courriers au rectorat. "On n’a pas de réponses, déplorent-ils, il faut qu’on aille passer la journée devant avec nos enfants ?"
Sollicité, le rectorat explique que "suite à de nombreux arrêts maladie, dans le contexte sanitaire complexe que nous traversons, le remplacement n'a pas pu être effectué. " Il rassure, "la situation sera stabilisée à la rentrée des congés d'hiver grâce à un remplacement pérenne."
Système D… comme débrouillez-vous tout seuls !
Hélène et son mari, les parents de Ambre, ont posé des jours de vacances pour s’occuper de leur fille. "On lui prépare des petites activités mais je ne suis pas maîtresse, je ne connais pas le programme. Je sais que normalement, ils commencent à dessiner les lettres, mais je n’ai ni la technique, ni les outils ! Je n’ai pas envie qu’elle parte au CP défavorisée par rapport aux autres enfants."
"Pendant le confinement, on avait des supports pédagogiques, là, nous n’avons rien, renchérit le papa de Paul. A la rentrée, nous avons eu une réunion qui a évoqué les grands fondamentaux à acquérir en grande-section, on nous a expliqué que les enfants devaient développer leur autonomie avant l’entrée en CP. "
L'école de l'égalité ?
Les parents d'élèves s'interrogent. "Nous avons des amis qui vivent à quelques rues de chez nous, leurs enfants sont dans une école du centre-ville. Là-bas, une maîtresse est tombée malade, le lendemain matin, il y avait quelqu’un pour la remplacer. Nous voudrions savoir quels sont les critères ? Est-ce que nous sommes une école de seconde zone ?"
La maman de Ambre a une pensée pour les enseignants et la directrice qui sont à leurs postes. "Elle nous envoie des messages parfois le vendredi soir très tard pour nous dire qu’il n’y aura pas classe pour que l’on puisse s’organiser, mais ils ont face à eux des parents inquiets et en colère."
"Je suis malheureuse pour ma fille qui ne peut pas aller normalement à l’école, et je suis malheureuse pour ces enseignants qui ne sont pas considérés par leur hiérarchie. Tout cela, conclut-elle, ce n’est pas normal !"