Ce mardi 26 avril en matinée, une vente aux enchères a eu lieu dans les locaux rennais du restaurant participatif "la Grenouille à Grande Bouche", suite à sa liquidation judiciaire. Matériel de cuisine et exemplaires de la revue du même nom étaient proposés à l'achat. Fin d'une aventure collective, sociale et solidaire.
"La grenouille à grande bouche" accueillait de nombreux bénévoles et les bénéfices étaient redistribués à une conciergerie, "Au p’tit blosneur". Cette Scop (société coopérative et participative) avait été créée il y a deux ans, mais le confinement a été cruel et fatal au projet, d'où son dépôt de bilan. Son restaurant était installé dans le quartier du Blosne à Rennes et proposait des menus sur place ou à emporter avec une démarche et des initiatives solidaires. Des volontaires prêtaient main-forte chaque jour. La Grenouille à grande bouche était parvenue à réunir une centaine de bénévoles qui œuvrait en cuisine, en salle ou encore auprès de l’équipe de rédaction d’une revue trimestrielle, dédiée au monde culinaire avec enquêtes, reportages, chroniques, documents, écrits littéraires, photographies et recettes.
Nathanaël Simon, directeur de la publication de la revue "La Grenouille à grande bouche" a le cœur gros durant la vente aux enchères. Les 12 numéros qu'il a réalisé avec la participation de bénévoles vont partir chez des particuliers et l'aventure rédactionnelle s'achève, ainsi que ce projet né de la rencontre de trois amis.
"On voulait une rencontre entre les mots et le goût. On a fondé une Scop pour produire ensemble, professionnels et bénévoles, en participation, à la fois les repas du restaurant et la revue. Ainsi, on faisait une économie pour redistribuer une partie de nos bénéfices." explique Nathanaël Simon.
C'était un beau projet participatif avec une entité collective forte. De plus, être installé dans le quartier du Blosne, pour nous, ça avait du sens. On avait réussi à avoir une belle clientèle, des actifs qui venait déjeuner au restaurant. On faisait entre 60 et 70 couverts par jour. Ce qui nous a tué, c'est le covid et le télétravail.
Nathanaël Simon, directeur de la publication de la revue la Grenouille à grande bouche
Lors de la vente aux enchères, une maman est venue tenter sa chance pour équiper en partie le self de l'école de ses enfants. "Je connaissais l'endroit" dit-elle. "J'y avais mangé, c'est vrai que c'était un endroit qui structurait les quartiers sud de la ville et qui était actif au niveau des réseaux de l'économie sociale et solidaire !"
Un couple est là, lui, pour trouver des équipements à moindre coût et se lancer dans sa propre aventure dans un restaurant qui va bientôt ouvrir dans les Côtes-d'Armor.
Une jeune femme elle, vient pour récupérer du matériel pour son futur café. Elle a été bénévole au restaurant de la Grenouille. "Je faisais le service en salle, ça m'a permis de m'entrainer. C'est triste que ça finisse comme cela. C'était un concept novateur avec des valeurs sociales très fortes".