Un test PCR comme une balle en plein cœur. Elyaas Ehsas, journaliste afghan, réfugié à Rennes, est invité par la préfecture à faire un test PCR. Tout laisse craindre une expulsion imminente hors de France. Son assassinat par les talibans est pourtant fort probable en cas de retour au pays.
" Les talibans ne plaisantent pas avec moi" s’alarme Elyaas Ehsas au téléphone. Sur sa page Facebook, ce journaliste afghan, qui a trouvé refuge à Rennes, a posté la lettre reçue de la préfecture ce lundi 29 mars. Il lui est demandé de passer un test PCR le lundi 5 avril à 11 h puis de se rendre le lendemain au local de la police de l’air et des frontières à Saint-Jacques-de-la-Lande, près de Rennes, pour son pointage.
La Suède le menace d'expulsion vers l'Afghanistan
Pourquoi exiger un test PCR ? Très probablement pour le renvoyer en Suède, pays où il a été enregistré pour la première fois en Europe. D’après les accords de Dublin, c’est donc à Stockholm de traiter son dossier. Mais le pays lui ayant refusé l’asile, Elyaas s’est enfui en France pour échapper à une expulsion vers l’Afghanistan. Il espérait y obtenir l'asile, mais les choses semblent se compliquer.
"Je suis une petite cible pour les talibans, se désole le journaliste. Si je rentre, ils vont me tuer comme ils le font pour mes collègues." Son avocat, maître Clément Père, se montre très inquiet également : "J’ai déjà vu des demandes de tests PCR et c’était pour un vol dans les jours suivants."
"Je ne sais pas quoi faire"
Si Elyaas se rend à ses rendez-vous, il risque d’être renvoyé vers la Suède puis vers l’Afghanistan. S’il ne s’y rend pas, il devient illégal sur le sol français. Son quotidien se compliquera bien sûr mais surtout les délais de traitement de son dossier s’allongeront d’environ deux ans. Sans aucune certitude d’obtenir le droit d’asile au bout du compte.
"Je ne sais pas quoi faire, témoigne le jeune Afghan. Si je suis en situation irrégulière, je vais vivre pendant combien de temps avec la peur de la police ?"