Conséquence des confinements successifs, de plus en plus d'enfants, même très jeunes, ont besoin d'une aide psychologique ou orthophonique. Des professionnels de santé des quartiers Villejean et Beauregard à Rennes s'alarment.
Le cri d'alame de ces spécialistes de la santé voués à la petite enfance est d'autant plus inquiétant que leurs soins ne sont pas pris en charge par la Sécurité Sociale, et que les subventions à des dispositifs d'aide sont devenues insuffisantes face à la demande qui explose. Dans les maisons de santé de deux quartiers de Rennes, on en fait le constat.
Manque de confiance et retard scolaire
Ce jour-là la petite Youmna est en consultation et réalise des exercices. Elle a souvent peur de se tromper. Un profond manque de confiance en elle qui l'empêchait de répondre à toute question.
Après le 1er confinement, son école maternelle l'a adressée à une psychomotricienne. L'enjeu: que Youmna se sente capable d'apprendre, avant d'entrer en classe de CP.
Pour certains, quand c'est décelé trop tardivement, on passe de la difficulté au risque de troubles ou de ce qu'on appelle un sur-handicap, c'est-à-dire qu'il y a des choses qui auraient pu être corrigées avant. Faute de prise en charge précoce, la difficulté empire.
Lohenzo ,lui, s'apprête à redoubler son CP. Les confinements successifs ont accentué son retard dans l'apprentissage. Pour sa maman, trouver une place chez une psychologue spécialisée dans ce domaine est un soulagement.
Mais Mathilde Roussel , neuropsychologue à Beauregard, regrette de ne pouvoir accueillir tous les enfants qui se présentent à son cabinet : Elle explique : "les demandes augmentent considérablement depuis un an. Je pense que les confinements ont révélés des troubles déjà existants qui ont été accentués du fait de la perte de lien social"
La santé mentale des enfants mise à mal
Marie-Noëlle Proust, Co-présidente de l'association Avenir Santé Villejean Beauregard, rajoute : " On voit maintenant toutes les semaines dans nos salles d'attente un enfant qui pleure ou qui crie. Je suis une orthophoniste depuis des années, je n'avais jamais vu ça avant. La santé mentale des très jeunes est mise à mal , c'est sûr !"
Dans ces maisons de Santé, le budget alloué par l'agence régionale de santé pour payer les consultations lorsque les familles n'en n'ont pas les moyens, a fondu en l'espace de 6 mois.
Face à une demande qui a doublé, les professionnels en appellent à une politique globale en faveur des plus jeunes.