Le froid glacial de ces derniers jours est une préoccupation majeure pour les bénévoles de la Croix Rouge qui renforcent leurs maraudes ces temps-ci auprès des sans-abri. Distribution de vêtements chauds, de café ou de soupe... Ces échanges, même s'ils ne durent que quelques mots, font surtout chaud au cœur.
Moins 4 degrés la nuit dernière encore dans certains coins, moins 2 au petit matin. Des températures qui ne poussent pas à mettre le nez dehors. C'est pourtant ce que font les bénévoles de la Croix Rouge (entre autres) pour venir en soutien à ceux qui dorment dans la rue.
Équipes de bénévoles renforcées
Soupe, café, thé, mais aussi quelques vêtements chauds et un visage souriant à la clé, ils ont dans leur besace de quoi réchauffer, à tous les sens du terme : "Les bénévoles sont présents 7 jours sur 7 sur le terrain, mais avec ce froid, on renforce les équipes" explique François Tripoz, responsable du Samu social de la Croix Rouge de Rennes. En plus des maraudes de nuit, des équipes tournent aussi l'après-midi et en matinée. La nuit, elles sont renforcées en effectifs et en matériel à distribuer.
"Vous voulez une viennoiserie ? Un petit gâteau ?" En équipe, les bénévoles sillonnent les rues de Rennes ce jeudi après-midi. Sur leur route, ils croisent entre autres Christian, âgé d'une quarantaine d'années. La nuit, il vit dans ce qu'il appelle un cagibi, un local poubelles de 5 mètres carrés. "D'autres vivent à même le sol, eux, je les plains..." raconte-t-il, les doigts enroulés autour d'un verre de boisson chaude."Moi, ça va, on fait aller... Avec le froid, le 115 c'est plein, y a beaucoup trop de gens, y a beaucoup de monde à la rue ici, mais on fait aller, on dort à droite, à gauche."
L'art de relativiser... Jean-Pierre et sa barbe blanche sont bien connus sur la place de Rennes. Lui aussi a décidé de ne pas se plaindre du froid hivernal : "Il ne fait pas si froid... ça n'a pas descendu beaucoup. Je préfère ça à de la pluie parce que quand t'es mouillé, qu'il faut tenir le parapluie..."
"Une bénédiction de les voir"
Ce passage des bénévoles de la Croix Rouge, Christian apprécie et il le dit : "C'est gentil de leur part ! Ils sont bénévoles, et pas payés pour ça. Pour nous, c'est un peu une bénédiction de les voir..."

Quelques mètres plus loin, Barnabé est assis, lui aussi à même le sol. "En ce moment, j'ai un appartement avec deux chambres mais c'est sans eau ni électricité." L'hiver dernier, il l'a passé dans une voiture. "Quand il y a tempête, ou qu'il fait -5 ou -7 degrés, c'est pas drôle..."
À ses côtés, la demoiselle (comme il surnomme sa chienne) joue visiblement un grand rôle : "Heureusement qu'elle est là, clairement : elle me protège, elle m'accompagne, elle me réchauffe aussi..." Sa chienne le réconforte beaucoup, mais pour échanger davantage, Barnabé le poissonnier apprécie lui aussi les maraudes des associations :
"Ça fait du bien de parler, y a la Croix Rouge, mais aussi le Samu social avec lequel je parle beaucoup. Depuis deux ans que je suis à la rue, je trouve ça bien d'avoir les maraudes pour nous écouter et nous aider."
Les bénévoles ne viennent pas les mains vides. Outre les boissons chaudes, ils proposent des vêtements chauds et même des croquettes pour le chien. "C'est eux qui m'ont donné le tour de cou aussi" complète Barnabé. "C'est des petits plaisirs qui font du bien. Quand on est à la rue on n'a pas grand-chose..."
Contre l'indifférence des passants
Mais au-delà de ces petits plaisirs concrets, ce qui semble le plus réchauffer c'est ce regard, ce sourire échangé. "Ils ont surtout besoin d'être écoutés. Quand on les écoute, on leur donne l'impression qu'ils existent, et souvent ils nous remercient, ça leur fait chaud au cœur et à nous aussi" témoigne Sylvie, une des bénévoles qui participe à ces maraudes. "Ils savent qu'ils ne sont pas invisibles pour tout le monde... Même s'ils ne parlent que 5 minutes, c'est des petits plaisirs, un petit plus qui nous fait du bien à nous aussi."
François Tripoz, responsable du Samu social de la Croix Rouge de Rennes confirme : "Le gros plus c'est la chaleur humaine ! Le but de la maraude c'est de créer du lien social. Ils nous connaissent, on les connaît. Quand on se voit, on se donne des nouvelles... Parfois les gens en ville changent de trottoir, les évitent... Le fait de prendre du temps entre êtres humains c'est l'idée principale de ces maraudes. Pour les gens sans abri, c'est surtout l'occasion de discuter."
Les maraudes, une façon de lutter contre le froid hivernal, mais aussi sociétal...
Nous vous souhaitons une année 2025 pleine de solidarité et d’espoir ! ✨
— Croix-Rouge fr (@CroixRouge) January 1, 2025
Grâce à votre soutien, nous avons pu continuer à aider les plus vulnérables, répondre aux crises et aux urgences humanitaires et apporter du réconfort à ceux qui en ont besoin. 🙏
Merci de faire partie de… pic.twitter.com/Yp5G14J0b1
(Avec Séverine Breton et Vincent Bars)