La salle était pleine, le public présent pour assister au procès fictif de Tommy Shelby joué par des étudiants de la fac de droit de Rennes. Un jeu mais surtout un exercice pour ces futurs avocats ou magistrats.
Mardi soir à la fac de droit de Rennes, amphi 6, c'est l'effervescence. Les étudiants de l'association "S'éveiller" fébriles, s'agitent avant l'ouverture du procès fictif de Tommy Shelby, héros de la série "Peaky blinders" et dont ils vont s'inspirer.
L'amphithéâtre est plein (plus de 500 personnes), les étudiants costumés, à la mode des années 20, casquettes gavroches vissées sur les têtes, bretelles, chapeaux, boas et robes pour les dames. "On a eu une demi-heure pour préparer les lieux" souffle Lucie, "cela fait six mois que l'on travaille dessus."
En coulisses et avant son entrée, Robin, étudiant en deuxième année de droit patiente. Il sera Tommy Shelby, "un honneur" pour lui, "d'incarner ce personnage paradoxal, un anti-héros que l'on apprend à aimer."
Affaire 19322
Le procès fictif est un exercice pour l'ensemble de ces étudiants, qui rentre dans le cadre de leur licence explique Earvin Ekwalla, organisateur et juge le temps d'une soirée. "Il s'agit de promouvoir une discussion sur différents sujets de société, d'appliquer une procédure que l'on apprend en cours, de promouvoir l'éloquence."
Tommy Shelby est ici jugé pour acte de terrorisme, par le recel d'armes volées en bande organisée et pour meurtre. Il entre en scène sous les applaudissements, suivi de sa famille, que les fans de la série savent puissante. L'accusation attaque d'emblée "Quel exemple montre Tommy Shelby à ses proches ? C'est un meurtrier, un terroriste, il utilise la violence et la force pour intimider" avant de souligner que "l'homme a l'intelligence des affaires mais pas la clairvoyance judiciaire."
"Chaque orateur avait son style, sa personnalité"
Pendant 1 h 30, les avocats s'affrontent, interrogent les témoins qui se présentent à la barre. Les arguments et les petites phrases fusent. Les époques se confondent dans le discours. Les références s'appuient sur la série mais aussi sur le monde moderne avec l'affaire Benalla, du viol du 36. Aznavour est même cité lorsqu'il est question de sentiments et d'amour. La défense représentée notamment par Alice Poitevin (Master 2 de droit pénal) cherche à démontrer le patriotisme de Tommy Shelby connu pour ses actes de bravoure pendant la guerre.
La difficulté c'était sur le recel, parce que juridiquement on n'avait pas tous les arguments avec nous. Et il est charismatique, les gens l'aiment bien mais tout le monde a l'image d'un gangster. (Alice)
David Gonçalves (en Licence de droit) incarne de son côté le ministère public, il aura improvisé tout son discours. "Je n'écris aucune ligne, je tente juste de réfléchir à ce que je vais dire avant. C'est l'une des premières fois où je n'ai rien préparé. Je me suis dit de toute façon avec les plaidoiries des avocats de la défense j'aurais des arguments. Je me suis lancé." Une sensation "incroyable" dit-il parce qu'on vit, "on ressent l'attention de toute la salle, la gravité quand vous dites quelque chose qui intéresse. Pour moi c'est le summum de l'éloquence."
Dans le public, il n'y a pas que des étudiants. Certains ne cachent pas leur enthousiasme face à cet exercice grandeur nature : "On voit qu'il y a de la préparation et en même temps de l'improvisation. J'ai été impressionné par les avocats de Shelby". D'autres ajoutent "Les points forts c'est que chaque orateur avait son style, sa personnalité."
5 ans sont finalement requis à l'encontre de Tommy. Les jurés l'acquittent. La foule est en liesse.
La série Peaky Blinders c'est quoi ?
Dans la série anglaise "Peaky Blinders", Tommy Shelby et ses frères et soeurs tiennent un quartier de Birmingham d’une main de fer, au lendemain de la Première Guerre mondiale. Les étudiants de la fac de droit se sont inspirés de la saison 1 où la police décide de mettre le nez dans les affaires de la famille, ce qui ne sera pas sans conséquences.
La cinquième saison est en cours de tournage.