Trafic de drogue. "Les caméras perturbent les trafics", comment Rennes déploie la vidéosurveillance pour répondre à l'escalade de la violence

La vidéosurveillance comme rempart à la violence ? Les caméras de sécurité s’imposent comme un outil central dans les enquêtes contre les trafics de stupéfiants et les agressions. Rennes déploie des moyens importants pour surveiller les quartiers sensibles, où les trafiquants s'emploient à détruire les caméras.

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La dalle Kennedy, située en plein cœur du quartier universitaire de Villejean, s'est encore embrasée sous des tirs d’arme automatique ce 5 janvier 2025. Douze douilles retrouvées, des murs criblés, un appartement transpercé par une balle.

Depuis, une vidéo d'une autre fusillade, toujours à Villejean, circule sur les réseaux. "Avec les images, nous avons ciblé ce fou furieux, souffle une source policière".     

Lutte contre les trafics : une montée en puissance des caméras de surveillance

Ce ne sont pas des cas isolés : en 2024, Rennes a recensé 25 fusillades, souvent liées au trafic de drogue. Les quartiers de Maurepas, du Blosne et maintenant Villejean deviennent des terrains de confrontation.

Face à cette escalade, les forces de l’ordre pointent un outil-clé : les caméras de vidéosurveillance. "Elles perturbent les trafics, éclairent nos enquêtes et participent à la prévention des violences," explique David Leveau, représentant syndical à Rennes.

Lire : Après une nouvelle fusillade dans un quartier, retour sur une année de violence à Rennes

Des outils stratégiques pour les enquêteurs

À Rennes, 115 caméras scrutent actuellement les rues, un dispositif appelé à s’étendre à 154 d’ici fin 2025. Chaque emplacement est minutieusement choisi, fruit d’une collaboration entre la police nationale, la Préfecture, la Justice et la municipalité. “Nous définissons ensemble les points précis pour perturber les trafics" souligne Jérôme Jourdan, responsable syndical à la police municipale.

Mais ces dispositifs vidéos ne se limitent pas aux stupéfiants. Violences sexuelles, agressions, vols… Les caméras s’imposent dans une large gamme d’enquêtes. Pour une police confrontée à un manque de personnel sur le terrain, elles sont une ressource précieuse.

Des caméras incendiées par les dealeurs

Cette efficacité a son revers. Les trafiquants, bien conscients de l’impact des caméras, les attaquent frontalement. “Ils les détruisent en les incendiant. Ils percent les mâts sur lesquelles elles sont perchées, y introduisent l'essence et mettent le feu” décrit Jerôme Jourdan.

Dans des vidéos présentes sur les réseaux, des jeunes tentent de les détruire à coups de projectiles ou en les faisant tomber à terre.

Ces actes de sabotage prouvent l’effet perturbateur du dispositif sur le trafic de drogue. Les caméras endommagées sont systématiquement réparées ou remplacées, mais le combat reste constant.

Malgré tout, le nombre de caméras à Rennes reste limité. “Avec 154 caméras, nous sommes loin des 4 300 de Nice. Pour couvrir efficacement tous les quartiers difficiles, il en faudrait au moins 500 à Rennes,” réclame David Leveau.

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Des millions pour ces caméras

En 2020, Rennes comptait 36 caméras. Les toutes premières ont été installées en 2012. Actuellement pour la centaine en exploitation, la ville a dû débourser 2,4 millions d’euros en 2024. 

Avec la montée de la violence dans les quartiers, la ville vise des nouvelles implantations au Blosne, à Maurepas, Villejean et sur des points non couverts dans le centre-ville. 

Les policiers de la ville demandent au plus vite que Rennes soit reconnu comme “secteur difficile”. “Nous aurions plus de moyens pour les caméras, pour mettre des enquêteurs sur le terrain et derrière les caméras et quand on voit ce qu’il se passe chaque semaine, cela paraît évident” lâche David Leveau.

Images conservées deux semaines

Les images, stockées pendant deux semaines, sont exploitables sur demande du procureur de la République. La gestion des caméras repose sur un lien fort entre la police municipale et la police nationale.

La coordination entre les deux entités se traduit par un double accès aux images de surveillance par les deux polices. “Nous avons chacun un PC de visionnage. La Police nationale est prioritaire pour prendre la main sur une caméra. De notre côté nous avons au moins un agent en continu présent derrière les caméras de 7h à 2h du matin” assure Jérôme Jourdan de la police municipale. 

Avec ce suivi en direct commun dans les deux postes de police, “nous avons un continuum de sécurité qui fonctionne bien” souligne David Leveau.

Des caméras qui divisent

Malgré son efficacité reconnue, la vidéosurveillance suscite le débat. Certains élus et habitants s’inquiètent des implications sur les libertés individuelles. D’autres, au contraire, appellent à une extension rapide du dispositif pour contrer une violence galopante.

Dans une ville en pleine mutation, la vidéosurveillance ne cesse de gagner du terrain. Mais la question demeure : sera-t-elle à la hauteur des défis qui secouent Rennes ?

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