C'est l'aboutissement de deux ans de travail. Et ce mercredi 9 novembre, le premier jour d'une navigation en solitaire où tout est à faire. Yves Le Blevec est, sur l'Ultim Team Actual 3, candidat à la victoire. L'homme et le bateau sont prêts à faire face aux aléas. À commencer par le jour du départ, reporté ce mercredi à 14h15 en raison des conditions météo, qui a fait l'objet d'un entraînement spécial.
"Je sais à quelle heure je vais me réveiller, comment je vais m'habiller, où je vais, à qui je vais dire au revoir, à quel moment j'embarque à bord, qui est avec moi à bord, qui s'occupe du bateau, qui est mon interlocuteur pour les dernières acquisitions météo, à quel moment je prends les commandes du bateau... tout ça, c'est calé".
C'est calé, et ce n'est pas le report du départ à ce mercredi 9 novembre qui aura perturbé l'équipe de l'Ultim Team Actual 3.
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Depuis plusieurs semaines, Yves Le Blevec a en tête une liste de procédures, longue comme le pont de son trimaran.
Un départ répété à la minute près
Cette séquence du départ a été répétée avec l'équipe de 20 personnes présentes à Saint-Malo, dont 15 à l'année depuis deux ans. C'est l'aboutissement d'un travail de préparation qui justement ne doit rien laisser au hasard.
Sur l'eau, c'est même allé au-delà. " On s'est entraîné avec d'autres Ultims, en reconstituant virtuellement la sortie de la Manche Bretagne-sud" raconte Yves Le Blevec. Et sans doute, une reconstitution du départ lui-même.
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" On sait que c'est un moment stressant" explique Sandrine Bertho, team manager avec Jérémie Place, mais aussi compagne d'Yves Le Blevec. " On sait que le fait que ça soit du solitaire, il y a une charge émotive en approchant du départ, que le jour du départ, cela va être une charge émotive énorme" ajoute-t-elle, " plus ça va être ritualisé, et moins on va se poser de question, et plus simple cela va être".
Pour que le skipper " sente que son équipe est dans la maîtrise", connaisse son sujet et qu'il puisse, pourrait-on dire, dormir sur ses deux oreilles.
Normalement il n'y a pas beaucoup de zones d'ombre, tout ce qui est prévisible est bien préparé, pour justement laisser la place à ce qu'on ne peut pas prévoir.
Yves Le Blevecskipper d'Actual
Dormir justement. Si l'on focalise sur le sommeil du navigateur en solitaire, à qui l'on apprend à couper ses tranches de sommeil, " la sophrologie, les techniques de respiration, elles ne vont pas servir à grand-chose si je n'ai pas les outils et l'environnement qui me permettent d'être relativement détendu" indique Yves Le Blevec.
Entraînements divers
Lors des navigations d'entraînement, en "faux solo", le skipper de 57 ans est dans les conditions d'une navigation en solo. Là, l'équipe technique qui l'accompagne observe, étalonne, travaille sur des points d'ergonomie qui vont faciliter les manœuvres. Des codes couleurs pour les bouts, par exemple, " pour ne pas se tromper dans la nuit" détaille Sandrine Bertho. " On a travaillé plusieurs semaines sur la montée et descente des foils, pour trouver des solutions, et amener Yves à quelque chose de plus facile" ajoute Jérémie Place.
Anthony Marchand, qui a également fait sa qualification en solitaire sur Team Actual 3, est la "doublure" d'Yves Le Blevec sur cette Route du Rhum. C'est également lui qui a planché sur l'accès aux voiles d'avant durant ces heures d'entraînement, pour que le skipper se pose le moins de questions possible avant de les mettre en œuvre.
" Il faut s'assurer en ne laissant aucune zone d'ombre et en s'interdisant le terme 'ça va le faire' "conclut Sandrine Bertho.
Serein à quelques heures du départ, Yves le Blevec et explique qu'après le passage de la ligne, " il n'y a plus qu'à dérouler". Les deux ans de préparation, les entraînements en mer, servent à distiller cette idée d'une navigation sous contrôle.
Dans son Rhum
Mais en réalité, chacun sait que des aléas, il y en aura. " La course au large, ce sont énormément d'aléas qui arrivent" confirme Yves Le Blevec, " mais l'on s'aperçoit avec l'expérience que l'on peut s'affranchir d'un paquet d'entre eux, en arrivant à les prévoir."
Le bateau, estime Jérémie Place, " est prêt depuis mi-septembre". Et son skipper " a basculé cet été, dans la Finistère Atlantique".
" Il était dans son Rhum" complète Sandrine, qui sait qu'à partir de ce moment-là, à la maison " pour la charge domestique, je lâche l'affaire, pour rendre son environnement le plus confortable possible".