VIDÉO. “Je mets un peu ma vie de côté”, rencontre avec un patron de pêche de 22 ans, un rêve et de l’abnégation

Saint-Malo est le premier port français de pêche aux araignées. Il en est pêché 4000 tonnes chaque année. Et en particulier par Maelan Loyer, le plus jeune patron pêcheur malouin. Un rêve d'enfance qui implique des sacrifices, mais toujours avec le sourire. Il approvisionne les restaurateurs, les poissonniers et mareyeurs du coin.

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Il en rêvait depuis ses 14 ans. Il en a 22. Maelan Loyer est le patron pêcheur du Yec'hed Mat. C'est le plus jeune de Saint-Malo. Cinq jours par semaine, parfois sept, il quitte le port la nuit avec ses deux matelots. “Je suis d'une famille de pêcheurs, mon grand-père était pêcheur, mes deux oncles aussi, explique-t-il tout en tenant la barre. Je nétais pas trop fan de l'école, donc j'ai suivi la famille et je suis resté dans la pêche."

150 casiers au clair de lune

Le bateau fait un arrêt à une heure de Saint-Malo, les premières araignées sont sorties des casiers. 

“On pêche des bacs de crabes, précise Thomas Lecorvaisier, matelot du Yec'hed Mat. Sur les casiers, on pêche beaucoup moins, mais c'est plus sélectif. On voulait du homard..." Les 2 matelots vont remonter 150 casiers et ne trouveront pas de homard.

“Ce sont des moments de grâce..." Benjamin Laitier, l'autre matelot, savoure une pause au clair de Lune, entre deux relèves de casier. "Le reste du temps, on doit être concentré sur ce qu'on fait quand on file, quand on vire et cetera. Il y a des moments où on peut un peu lever la tête et regarder ce qui est autour de nous. Cela fait plaisir.” 

La liberté en mer pour 400 000 euros et un gros crédit

La liberté en mer... C'est aussi ce que recherche Maelan. “Au début, je suis parti dans la pêche au large, et après, je suis revenu à la côte. J'ai rencontré un armateur à Saint-Malo qui m'a fait travailler pendant trois ans. Et puis j'ai racheté son bateau.”  

À 22 ans, il a vidé son compte en banque, vendu ses voitures et fait un prêt pour acheter son fileyeur. 400 000€ à rembourser en 10 ans.  

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Un reportage de Sylvaine Salliou et Thierry Bouilly ©France 3 Bretagne

“Quand on va aux araignées, il faut rentrer au minimum avec une tonne, une tonne cinq pour être rentable, explique le Patron pêcheur. Il y a de la rentabilité, mais il ne faut pas se craquer !”  Pour le moment, le jeune patron ne se verse pas de salaire. "J'essaie de rentrer de la trésorerie au maximum. Pour l'instant ça se passe à peu près bien. Les gars sont payés, le bateau est en train d'être remboursé... je suis content.” 

Les deux jeunes matelots touchent 1 500€ par mois, plus une part de la pêche, quand les frais du bateau sont couverts. 

La niaque de la jeunesse

“J’ai déjà eu des anciens sur le bateau, raconte Maelan. Ça s'est toujours très bien passé, mais ce n'était pas la même musique, ce n'était pas la même ambiance. Et puis les anciens, généralement, ils ont déjà payé leur maison, ils ont déjà tout fait, donc ils ont moins envie de forcer comme les jeunes.

À lire : "Persévérance" au chevet de la faune marine. Le navire océanographique de Jean-Louis Etienne en escale à Saint-Malo

Les pêcheurs vont relever deux kilomètres de filets, avec l'espoir de remonter des poissons plats, raies ou soles. C'est le premier jour qu'ils testent la zone : “Ce n'est pas trop mal et la came n’est pas mauvaise."

Soucieux de préserver la ressource

Sur la route du retour, Maelan est au téléphone... "J'ai une quinzaine de kilos d’ailes, est-ce que vous prenez tout, ou pas ?" Il tente de joindre les restaurateurs et les mareyeurs du coin. Il vend tout ce qu'il peut en direct. "J'ai 15 kilos de raie, 500 kilos d'araignées à vendre."

Le trajet vers Saint-Malo sera aussi l'occasion de trier. “Chaque mareyeur veut soit des grosses, soit des petites, soit des minces, soit des femelles... mais les petites, on les remet à l’eau, c'est important pour la suite. Il suffit d’un hiver froid pour an avoir beaucoup moins. Comme toutes les espèces, elles peuvent disparaître vite.” 

 12 heures de travail par jour

Il fait à nouveau nuit sur Saint-Malo quand Maelan termine sa dernière livraison. Déjà 12 heures qu'il est au travail. Il ne compte pas son temps pour y arriver. “Entre la mer, la comptabilité et puis gérer les clients, la paperasse... ça fait beaucoup d'heures. Je mets un peu ma vie de côté, mais c'est pour mieux revenir derrière !” 

Demain Maelan repartira en mer et rien ne l'arrêtera. 

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