Inondations, "on n’est pas tout seuls, on n’est pas abandonnés", Annick et Maurice ont trouvé refuge chez un ami

À Val d’Oust, en cette fin du mois de janvier 2025, comme dans de nombreuses autres communes, la rivière est sortie de son lit. Elle s’est engouffrée dans la maison d’Annick et Maurice, 71 et 78 ans. Un de leurs amis les a accueillis chez lui. Face à la montée des eaux, en Bretagne, la solidarité s’organise.

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Plus qu’y a de beurre, plus que c’est meilleur dit-on… Alors Daniel remet une petite lichette dans la poêle. Ce soir au menu, c’est galette. Il prépare le dîner pour ses hôtes, Annick et Maurice.

"Chez eux, tous les jeudis, d’habitude, c’est galette, alors, je leur prépare des galettes. J’étais cuisinier, je suis ravi de leur préparer à manger."

Honneur aux dames, Annick est la première servie !

Un petit peu de douceur, dans un monde inondé

 

Car depuis mardi 28 janvier, le couple du Val d’Oust s’est installé chez Daniel. Au sec.

"Dans leur maison, il y a de l’eau et plus d’électricité." Alors Maurice lui a téléphoné." Il me disait souvent, si tu as besoin de quelque chose, tu me demandes. Là, c’était inondé, je lui ai demandé s’il pouvait m’héberger, il m’a dit oui, j’étais content ! Sinon, je ne sais pas comment j’aurais fait. Dormir dans la voiture, ce ne serait pas facile ! Ça me touche beaucoup !"

Soirée galettes chez Daniel pour réconforter ses amis © Calypso Vanier / France Télévisions

Toujours à ses fourneaux, Daniel hausse les épaules en souriant. "Quand il m’a demandé, j’ai dit oui tout de suite. On ne peut pas laisser des gens à la rue dans ces conditions-là. Ce n’est pas possible ! C’est important d’avoir un peu le cœur sur la main et d’aider les autres !"

La galette de son ami est prête à son tour. Maurice déguste et apprécie.

Le cœur sur la main

Le temps de préparer la sienne, Daniel les rejoint à table. "C’est notre quotidien depuis mardi. On mange ensemble, on discute et puis on regarde un film, raconte-t-il. Ils ne vont pas rentrer tout de suite chez eux, ils n’ont pas d’électricité. Mais de toute façon, ils resteront là le temps qu’il faudra."

Dans la maison, Annick et Maurice ont leur chambre et même leur salle de bains. "Ça me fait du bien, souffle Annick. Je n’étais pas très bien, j’étais inquiète, un peu désespérée. Mais là, on voit qu’on n’est pas tout seuls, qu’on n’est pas abandonnés."

Redon solidaire

En quelques jours, la mairie de Redon a recensé 160 appels d'habitants du département qui ont proposé leur aide pour de l'hébergement, des dons, de la garde d'animaux. 

La Croix rouge accueille les sinistrés dans le Centre d'hébergement d'urgence. © Calypso Vanier / France Télévisions

Au Centre d'hébergement d'urgence, des habitants sont venus spontanément amener des couvertures, des vêtements, des jeux, offrir leur aide ou apporter des chouquettes ou des crêpes. "Des petits gestes sympathiques, constate Olivier Thanry, directeur des opérations pour la Croix Rouge à Redon. La solidarité est bien présente. Toutes ces petites choses permettent aux sinistrés de voir qu’ils ne sont pas tout seuls."

Tendre la main 

Il y a encore deux mois, Milly habitait dans le quartier de la Digue à Redon. Les inondations, elle connaît. Elle vient tout juste de déménager. Alors quand elle a vu l'eau commencer à monter, elle est partie voir ses anciens voisins pour proposer son aide. "Nous, on est au sec, maintenant, on est en hauteur."

Emmanuel, sa compagne et Minouche venaient justement de quitter leur domicile avec deux sacs pour tout bagage. Milly leur a proposé une chambre chez elle. "C'est normal, dit-elle, je préfère être à ma place qu'à la leur et puis, c'est possible, donc quand c'est possible, on fait !"

Milly accueille un couple de sinistrés chez elle à Redon. © Calypso Vanier / France Télévisions

Entre deux parties de chatouilles avec les enfants, Emmanuel s'émerveille encore de cet accueil. "Ce n’est pas facile de venir habiter chez des gens, alors, on essaye de ne pas déranger. Mais Milly nous a tout de suite mis à l'aise, elle nous a donné les clés et elle a dit, voilà... On s'est sentis libres tout de suite !"

Emmanuel est accueilli chez Milly le temps des inondations à Redon. © Calypso Vanier / France Télévisions

"C'était une évidence, poursuit Milly, à Redon, il y a un esprit très solidaire, on fait attention à son voisin."

Pour preuve, s'il en était encore besoin, Emmanuel a décidé d'aller aider les autres sinistrés. " Moi, j'ai ma voiture, donc je vais pouvoir emmener ceux qui n'en ont pas, pour faire de courses ou se déplacer", déclare-t-il. Touché par l'accueil de Milly, Emmanuel souhaite offrir en retour.

Appel aux bénévoles

"On va avoir besoin de bras et de tout, prévoit Olivier Thanry. Aujourd'hui, la ville vit dans une phase d'urgence. Dans les jours qui viennent, au moment de la décrue, il faudra aider au nettoyage des maisons. Aider à trier, soutenir... Il faudra au moins une trentaine de personnes par jour.  "Il faut tenir dans le temps, c 'est un travail de longue haleine. On aura besoin de bénévole, y compris de bénévoles d'un jour."

Une plateforme Preventraide.va prochainement voir le jour pour mettre en relation ceux qui proposent et ceux qui ont besoin d’aide.

Alors, conclut le directeur des opérations de la Croix Rouge à Redon, "Toutes les bonnes volontés sont bonnes à prendre". 

(Avec Lou Ann Le Roux)

 

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