Longtemps cantonné aux universités et grandes écoles, le rugby est de plus en plus populaire en Bretagne. Le Rugby Club de Vannes, n'y est pas étranger. Les joueuses internationales, comme Caroline Drouin, vice-championne olympique originaire d’Auray, non plus. Depuis la crise sanitaire, de plus en plus de filles s’enthousiasment pour le ballon ovale.
Lanester, dans le Morbihan. C’est jour de match pour les filles des Breizh'barians. En face d'elles, l'équipe de Courbevoie. Pour pouvoir jouer en Fédérale 1, face au manque de joueuses dans le département, elles ont dû créer il y a cinq ans une équipe hybride. Pour constituer ce collectif, il a fallu piocher dans les effectifs de sept clubs différents.
"Les filles viennent de tout le territoire morbihannais, même de plus loin, explique ainsi Eugénie Guillerme, pilier de l'équipe. Il y a des doubles licences avec Quimper. Alors quand on a deux entraînements par semaine à Auray, et qu'elles viennent de Quimper... je vous laisse imaginer les temps de trajet, le coût en essence. Donc effectivement, c'est un vrai engagement et une vraie passion !"
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Une joueuse de rugby pour neuf joueurs en Bretagne
Beaucoup de ces joueuses, qui ont entre 18 et 42 ans, sont pourtant expérimentées. Certaines ont même joué au Stade français ou en élite à Rennes. Mais le fossé entre le rugby féminin et masculin est encore énorme. "Il y a beaucoup de filles comme moi, qui commencent sur le tard, confie Diane Amangoua, cofondatrice et pilier des Breizh'barians, On n'a pas encore des générations qui montent depuis une école de rugby, pour pouvoir alimenter un seul club. Et il faudra encore un peu de temps pour que ça arrive !"
En Bretagne, on compte aujourd’hui seulement une joueuse de Rugby pour neuf joueurs, mais le nombre de filles licenciées dans des clubs bretons a tout de même été multiplié par deux, en dix ans, à peine.
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À Plouhinec, une équipe féminine depuis l'année dernière
Un engouement que l’on retrouve à une quinzaine de kilomètres de là, à Plouhinec. Chaque semaine, elles sont une dizaine à se retrouver sur le terrain pour s’entraîner. Leur objectif ? Constituer la toute première équipe féminine du club. "Le projet est de monter une équipe féminine compétition, indique Laurent Rascagneres, président du Skrank et entraîneur de cette équipe féminine, alors à court terme, c'est de pouvoir faire du rugby à 7 en fin de saison. Et à long terme, c'est d'avoir une équipe pérenne en compétition à XV. C'est, à la base, à la fois une envie de ma part depuis longtemps et aussi une demande des joueuses," poursuit l'entraîneur.
La Coupe du Monde de rugby, le déclencheur
Le projet a été lancé en plein mondial féminin l’année dernière "On l'a regardé à la télé, se souvient Maëlle, joueuse de l'équipe féminine du Skrank, ça donnait toujours envie de rentrer sur le terrain, d'aller jouer, ou même d'aller voir les garçons en match." "De plus en plus de filles viennent, se testent, renchérit Alexia, joueuse chez les moins de 15 ans, et c'est plutôt bien parce qu'il n'y a pas que les garçons justement... les filles aussi, elles existent !"
Pour ce club familial qui compte 180 licenciés, cette équipe féminine représente une petite révolution.
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Engouement pour le rugby à 5 chez les filles
Mais en dehors de la compétition, il y a aussi le rugby loisir. Au total, le club de Plouhinec rassemble une trentaine de joueuses, de 3 à 55 ans. Et le rugby à 5, sans contact, est une pratique qui séduit d’ailleurs particulièrement les femmes. "C'est du rugby loisir, il n'y a pas de plaquage, c'est juste du toucher, précise Sophie, inscrite au club de rugby depuis décembre dernier, je viens chercher la détente et l'ambiance familiale que je trouve ici, et c'est très bien !" Pour Erell, 13 ans, c'est une première fois : "je suis venue pour faire du sport, pour me défouler et aussi pour être avec mes amies. Et là, le premier cours, c'est bien, c'est assez physique, on court, mais ça va, je m'attendais à pire !", glisse l'adolescente dans un sourire.
Un sport familial, adapté à tous les âges
Au total, il existe une dizaine de façons différentes de jouer au Rugby "Le rugby a une très bonne image auprès des familles, souligne Yvic Trehin, le responsable sportif du Skrank. Donc, on vient y chercher cet aspect, ces valeurs du rugby qui perdurent. Nous organisons aussi des initiations scolaires et de la promotion. Et chacun se rend compte que c'est du rugby adapté à l'âge de chacun."
La discipline se pratique même avant six ans, contrairement à d’autres sports. Naïs-Ambre, 5 ans, en est le meilleur exemple. La petite fille aime bien jouer au rugby, affirme-t-elle, parce que "j'aime jouer avec mes copains, et j'aime bien plaquer, parce que j'aime bien tomber !" Un sport, où personne n'hésite à plonger pour les copains ou les copines. Mais toujours pour mieux se relever, et aller loin, tous ou toutes ensemble !
(Avec Nicolas Corbard)