L’endroit est d’ordinaire fermé aux regards. Mais face aux difficultés qu’elle traverse, la Fonderie de Bretagne a décidé d’ouvrir ses portes pour montrer aux élus le travail accompli ces derniers mois : leur outil de travail est aujourd’hui une des fonderies parmi les plus modernes et les plus performantes d'Europe. Les 350 salariés ne peuvent se résoudre à la voir fermer.
"On espère que ça va débloquer la situation et qu’on va reprendre une vie normale"; souffle Bernard Portebois, chef de projet. Depuis le début du mois de décembre, les salariés de la Fonderie de Bretagne vivent dans l’angoisse.
Une longue attente
En juillet 2024, un nouvel actionnaire avait été trouvé pour le site de Caudan. Mais depuis les négociations n’avancent guère. Private Assets (le repreneur) demande à Renault (le créateur et principal client de la Fonderie de Bretagne : ses commandes représentent aujourd’hui 95 % de l’activité de la Fonderie) des garanties sur les volumes avant de s’engager.
Mais le 5 décembre, coup de théâtre, dans un courrier envoyé aux 350 salariés du site, la direction de la Fonderie de Bretagne dénonce : "Renault condamne l'entreprise à très court terme. ( Ce qui est demandé à Renault Group c'est de maintenir les engagements pris en 2022, de maintenir les volumes suffisants jusqu'en 2028 (...) La Direction exprime son profond désarroi et sa colère face au cynisme froid de Renault qui a attendu la veille de Noël pour acter son refus de financer le projet au risque de provoquer à très court terme la disparition de son ancienne filiale."
Le constructeur français réfute et assure avoir donné des garanties au repreneur, notamment un accord pour mobiliser 30 millions d'euros pour aider à la reprise et à la diversification de son ancienne usine, devenue son fournisseur. Renault s'engage également à "poursuivre une relation commerciale avec FDB, à hauteur de (ses) besoins", mais refuse de prendre un engagement sur les volumes.
Aussitôt, les salariés occupent la Fonderie et multiplient les rencontres avec les élus de la région.
Des sous et des commandes
Aujourd’hui, le site a ouvert ses portes. Salariés et direction montrent les fours en fusion, le matériel parfois flambant neuf. Une machine qui a coûté 6 millions d’euros et qui a été mise en service en novembre. "Elle va permettre de produire de plus grosses pièces", précise Jérôme Dupont, le directeur de la Fonderie.
La fonderie, qui fabriquait jusqu’alors des pièces pour l’industrie automobile, (pièces moteur et pièces de boîtes de vitesses en fonte pour les suspensions comme pour les échappements) sait qu’elle doit diversifier ses activités. "On doit sortir du tout automobile", concède le directeur. Il a déjà des pistes,"le matériel agricole, les engins de travaux publics, les pièces pour le ferroviaire ou même l’armement".
"Tout est prêt pour la diversification, tout ce qu’on attend c’est un coup de pouce" espère Maël Le Goff, secrétaire général de la CGT du site. "Nous sommes maintenant une fonderie ultramoderne et ultra-compétitive."
Lire : Reprise de la Fonderie de Bretagne : l’État s’engage, et lance à Renault un ultimatum
Une cagnotte en ligne
Depuis plusieurs mois, la Fonderie a entrepris de se moderniser. Elle souhaite augmenter sa production pour passer de 17 000 tonnes à 40 000 tonnes par an, en 5 ans. Private Assets qui possède des fonderies en Allemagne pourrait transférer 11 000 tonnes par an à la Fonderie de Caudan.
Mais la Fonderie a besoin de financement, il manque aujourd’hui 10 millions d’euros.
🏭 Visite de la Fonderie de Bretagne
— Jean-Michel JACQUES (@J_M_Jacques) December 11, 2024
👥 Cet après-midi, aux côtés des élus locaux, j’ai de nouveau visité la Fonderie de Bretagne, un site industriel moderne et stratégique pour notre territoire. pic.twitter.com/URADWFIser
Parmi les visiteurs du jour, le député Jean-Michel Jacques insiste : "il faut que Renault laisse un plan de charge. L’État s’est engagé à verser 14 millions d’euros pour la modernisation du site et il faut que les repreneurs aussi fassent leur part".
La direction de la Fonderie a lancé une cagnotte en ligne "Sauvez FDB". Elle en appelle aux citoyens pour finaliser son redressement et revenir à l'équilibre en 2027.
"À ce jour, notre projet de reprise est mis en péril faute de financements suffisants réunis." Elle espère réunir 1,5 million d’euros.
Ce 12 décembre, une énième réunion est prévue au ministère de l’industrie à Bercy. Le directeur de la Fonderie de Bretagne, le groupe Renault et le candidat à la reprise de FDB, Private Assets vont se retrouver dans le bureau de Marc Ferracci.
Au même moment, Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT se rendra à la Fonderie de Bretagne.
(Avec Nicolas Corbard)