Fonderie de Bretagne. "La tombe est creusée mais elle n’est pas fermée." Manifestation des salariés de Caudan, qui espèrent que Renault tienne ses engagements

Partis dans la matinée de Caudan (Morbihan) ce vendredi 6 décembre, des salariés de Fonderie de Bretagne sont venus en convoi jusqu'à la sous-préfecture de Lorient où une délégation est reçue. L'avenir du site morbihannais est plus qu'incertain. La position de Renault, son ancien propriétaire, interroge.

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C'est le convoi de la dernière chance. Plus rien à perdre pour les salariés de Caudan qui après une nième assemblée générale ce vendredi 6 décembre, sont partis, en convoi escorté de leur usine en péril jusqu'à la sous-préfecture de Lorient.

"Pour moi la tombe est creusée mais elle n’est pas fermée. C'est ce que j’espère pour moi, pour mes collègues, pour tout le monde" explique Corinne qui travaille à Fonderie de Bretagne (FDB) depuis 24 ans. "Maintenant ça se passe au-dessus de nous. Le fait qu’il n'y ait pour de gouvernement, ça nous fait peur aussi…"

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Sur les 4 voies, les drapeaux syndicaux flottent et leur colère se fait entendre. Hier, jeudi 5 décembre, la direction du site a envoyé un courrier aux 350 salariés. Elle y reproche à son ancien propriétaire Renault de ne pas fournir les garanties nécessaires à sa reprise. Les mots sont durs, alarmants :

Lire aussi : Fonderie de Bretagne. Renault refuse de financer le projet de reprise, 350 emplois en suspens à Caudan

"Renault condamne l'entreprise à très court terme. (...) Ce qui est demandé à Renault Group c'est de maintenir les engagements pris en 2022, de maintenir les volumes suffisants jusqu'en 2028 (...) La Direction exprime son profond désarroi et sa colère face au cynisme froid de Renault qui a attendu la crise politique et la veille de Noël pour acter son refus de financer le projet au risque de provoquer à très court terme la disparition de son ancienne filiale."

Résultat, selon le directeur général de FDB, l'avenir de l'usine et de ses 350 salariés est plus que menacé. "Soit Renault bouge de sa position et on peut s'approcher d'un accord, soit Renault campe sur sa position et cela correspond à venir tuer le projet", a reproché le directeur général de FDB, appelant à "une réunion de la dernière chance" sous l'égide du ministère de l'Industrie. 

Renault conteste et assure tenir ses engagements

Annonce stratégique ? Bras de fer ? Quelques heures plus tard, le groupe Renault qui n'avait pas encore confirmé cette information, la conteste, du moins la nuance. François Provost, le directeur des achats de Renault souligne jeudi soir auprès de l'AFP que le constructeur avait au contraire tenu tous ses engagements.

Il souligne que le constructeur français a "confirmé au repreneur" un accord pour mobiliser un total de 30 millions d'euros pour aider à la reprise et surtout à la diversification de son ancienne usine, devenue son fournisseur. Renault s'engage également à "poursuivre une relation commerciale avec FDB, à hauteur de (ses) besoins", mais ne prendra "aucun engagement de volumes, de même que ne nous ne prenons aucun engagement (de ce type) vis-à-vis de nos fournisseurs", souligne François Provost.

Mais est-ce suffisant pour maintenir l'activité de Fonderie de Bretagne à Caudan ? "Tout n'est pas encore joué" espèrent les salariés dont une délégation a été reçue dans la matinée en sous-préfecture de Lorient.

"On vient chercher le maximum d'information ici en sous-préfecture, pour savoir ce qui se passe. On entend des choses mais rien n'est confirmé, on est dans l'inquiétude..." réagissent des salariés de FDB.

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Fonderie de Bretagne, qui produit des pièces de fonderie pour le secteur automobile (pièces de châssis, pièces moteur et pièces de boîtes de vitesses en fonte pour les suspensions comme pour les échappements) a entamé en juillet des négociations avec le fonds d'investissement allemand Private Assets pour sa reprise, alors que l'usine est en grave déficit.

Un projet "validé par l'Etat qui s'est engagé à financer des investissements à hauteur de 14 millions d'euros, soit deux de plus que ce qui était demandé" selon le directeur général de FDB, Jérôme Dupont.

En 2022, Renault a vendu FDB au fonds d'investissement allemand Callista Private Equity. Mais il est resté son principal client, représentant 95% de son chiffre d'affaires en 2024.

Des volumes, jusqu'en 2028

"Ce qui est demandé à Renault Group, c'est de maintenir les engagements pris en 2022, de maintenir des volumes suffisants jusqu'en 2028 sur la base des pièces actuellement produites et de financer un besoin additionnel de moins de huit millions d'euros", selon le communiqué de la direction de FDB.

"Nous, c’est du boulot, des volumes qu’on veut, on veut travailler, on a un outil de travail tout neuf, des machines qui ne sont toutes neuves, c’est incompréhensible. Si ça s’arrête là, c’est du gâchis" s'agacent les salariés devant la sous-préfecture.

Alors que de nombreux équipementiers automobiles ont annoncé des suppressions de postes, "j'ai l'impression d'être le énième épisode d'un feuilleton trop bien connu sur la désindustrialisation", a déploré jeudi Jérôme Dupont.

A la sortie de leur réunion en sous-préfecture, les représentants syndicaux informent que le sujet serait pris au sérieux : "On nous annonce une réunion en début de semaine prochaine au ministère de l’économie. On espère qu’elle apportera des réponses franches et un engagement de la part de Renault" explique Maël le Goff de la CGT. Et de conclure : "Renault est un constructeur français, l’Etat passe des messages sur la réindustrialisation en France, on est carrément dans le cœur du sujet ! Maintenant faut des actes."

Le fonds Private Assets, déjà propriétaire d'un groupe de fonderies en Allemagne et en Espagne, Procast Guss, s'est déjà engagé à apporter 11.000 tonnes de production au plan de charge, selon la direction de FDB qui est implantée à Caudan depuis 1965. C'est l'héritière des Forges d'Hennebont, créées en 1860.

 

(Avec Y. Etienne et l'AFP)

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