Narcotrafic. "Une petite meute de loups toujours aux aguets". Comment les commandos de Marine traquent la cocaïne dans les Caraïbes

"Toper la cargaison et se dire que cette drogue n'ira pas dans nos rues, au final, c'est ça notre satisfaction". Les commandos de marine, dont la base est à Lorient, sont en soutien dans la lutte contre le narcotrafic. Reportage avec la frégate de surveillance Ventôse basée aux Antilles.

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Ces bérets verts, rompus aux missions rudes et secrètes, chassent la nuit, à bord de leur rapide semi-rigide (un Etraco), des bateaux chargés de cocaïne en mer des Caraïbes.
"On part en pleine nuit, au milieu de l'océan, c'est impressionnant. C'est une sensation complètement différente, on est comme des aveugles, nos sens se développent plus, on se sent décuplés", raconte Jo, chef de la mission commandos. Avec sa voix légèrement cassée le quadragénaire, fort de ses 24 années de service, évoque "une petite meute de loups toujours aux aguets".

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Un commando basé à Lanester en appui

Deux à trois fois par an, la marine française mène des opérations "Carib Royal" en haute mer sur l'arc antillais pour empêcher la cocaïne d'entrer sur le marché européen. Avec en appui un commando basé à Lanester (Morbihan), chargé d'immobiliser un bateau (voilier, go fast) et de monter à bord, dans un cadre juridique strict.

Les membres des forces spéciales, cagoulés, en treillis vert kaki et lourdement armés, se préparent, avec leur équipement de 30 kilos sur le dos, aux pires scénarios, y compris celui de tirs de riposte de trafiquants.  
"Le but du commando, c'est de faire des missions que les autres ne sont pas capables de faire. Ce sont des missions assez hostiles. Personne n'a envie de sortir dans une tempête avec mer 5 ou 6, en zodiac. On est peut-être les dernières personnes à pouvoir le faire et ça aussi, c'est le côté exaltant : se dire qu'on est le dernier rempart à ce niveau-là", explique le second maître Brieuc.
Son collègue, le second maître Brice, venu rechercher chez les marines "de la rusticité, de la force mentale" et de la confrontation face "à la mer qui peut être très tranchante", ne s'enorgueillit pas de ces missions hors norme et trouve toujours du sens à ce qu'il fait, même si les saisies de cocaïne sont infimes par rapport aux quantités produites.

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"Je préfère faire un tout petit peu que rien du tout. Si on n'était pas là, qu'est-ce que les trafiquants se diraient : Y'a personne pour nous arrêter. C'est l'autoroute de la drogue! Cela a au moins un côté dissuasif et ça suffit à nous satisfaire", appuie-t-il.

Convivialité et corvées

Dans leur mini espace commun à bord du Ventôse, des drapeaux et autres écussons témoignent de leur appartenance à l'un des sept commandos marine en France spécialisés dans l'assaut par la mer, le contre-terrorisme maritime, la libération d'otages et l'extraction de ressortissants, pour lesquels ils mènent des missions délicates et périlleuses dont ils ne disent mot. Mais loin de s'isoler, ils partagent des moments de convivialité - et aussi les corvées - avec les marins de la frégate.

"Il y a une super bonne ambiance à bord. C'est super important d'avoir cette cohésion entre ce qu'on appelle la marine en vert, donc souvent déployée au sol, et la marine en bleu, donc embarquée. On est vachement épaulés, c'est l'esprit d'équipage", explique Nono qui est tireur d'élite.

Si jamais on chope, je me dis qu'il y aura peut-être la fille d'un ami, ou le fils d'un ami qui ne sera peut-être pas confronté à ça en soirée.

Nono

Tireur d'élite

Sa mission ? Protéger, depuis un hélicoptère, le groupe qui va aborder un éventuel narcotrafiquant, et effectuer "des tirs de sommation, des tirs d'arrêt et d'enchaînement".
Une lourde responsabilité assumée sur ses dix missions opérationnelles, dont deux en mer pour des opérations de lutte contre le narcotrafic.

"Sur certaines missions, il y a plus de résonance que sur d'autres. Par exemple, dans les conflits contre Daech, il y avait une très forte résonance par rapport aux attentats de 2015. Là, pour la coke, il y a aussi une résonance, parce que toutes les semaines, il se passe quelque chose en France par rapport à ça", confie le tireur. "Alors si jamais on chope, je me dis qu'il y aura peut-être la fille d'un ami, ou le fils d'un ami qui ne sera peut-être pas confronté à ça en soirée", espère Nono. 

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