Avant la tempête Herminia, un petit trou avait été observé dans les remparts de Port-Louis dans le Morbihan. Le 26 janvier 2025, les vagues et le vent, qui a soufflé à plus de 100 km/h dans le département, ont emporté d'autres pierres. C’est aujourd'hui une brèche béante de plus de 7 m qui s’ouvre sur la mer. D’importants travaux sur ces remparts du XVIIème siècle travaux sont à prévoir.
Trois ou quatre pierres du rempart de Port-Louis étaient tombées juste avant Noël. Une entreprise était alors intervenue. Mais avec la tempête Herminia, c’est d'un seul coup, 2 m2 de pierres qui ont chuté. Les vagues et la mer se sont alors engouffrées dans le trou et ont arraché les pierres une par une.
"Ça a été très violent, ça a été une tempête très violente. Herminia a ébranlé l’extérieur du mur, celui qui se trouve face à la mer, explique Daniel Martin, le maire de Port-Louis. En 72 h, un trou d’environ 50 cm s’est transformé en trou de 6m sur 7."
"C’était un ébrèchement extrêmement grave avec un risque réel de chute des remparts. Nous avons eu très peur que les remparts chutent totalement", poursuit le maire.
La peur est passée, car dès les premières accalmies, une entreprise est intervenue pour stabiliser la brèche. "C’était impossible d’agir tant que la tempête faisait rage, mais ils ont réussi à stopper le danger", constate l’élu.
Des remparts prévus pour les combats… pas contre les tempêtes
"C’est un rempart construit en 1649 par l’Amiral de La Mailleraye, décrit Daniel Martin. Ce sont des remparts qui sont faits pour protéger contre des agressions extérieures et pas contre la mer. Mais l’évolution du climat fait que le trait de côte s’est rapproché."
"Aujourd’hui, nos remparts sont agressés par la mer ! "
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Un chantier de deux ou trois mois
Le chantier a commencé en fin de semaine dernière : l’entreprise Lefèvre a posé des étais et un système de braie, de longs morceaux de bois pour retenir la maçonnerie.
"Il faudra maintenant trier les pierres pour pouvoir alors les remonter et combler la cavité", détaille Ewen Le Floch, directeur des travaux chez Lefèvre.
Des travaux qui pourraient durer deux à trois mois, car les maçons sont contraints de s’adapter au rythme des marées : impossible de travailler tant que la mer est au pied remparts.
Ils ne peuvent travailler que quelques heures par jour, lorsque la mer se retire.
Une note salée
Les travaux pourraient s’élever à 250 000 euros. Une facture salée pour une commune de 2 700 habitants dont le budget tourne autour de 3 millions d’euros par an.
Le maire prévoit donc de se tourner vers les assurances et vers l’Etat, à travers la Drac puisque ces remparts sont classés Monuments historiques. "Mais pour le moment, déplore-t-il, c’est à la commune d’assurer seule le paiement de ces réparations.
La municipalité compte donc demander des aides. "La commune a les mêmes dotations qu’une commune qui n’aurait aucun site patrimonial. Nous nous en avons 32 ! compte l'élu, C’est énorme".
Et les remparts sont fragilisés. Florence Devernay, architecte du patrimoine a ausculté les 550 mètres des remparts. Elle avait même repéré une fragilité à l’endroit où le trou s’est formé. Mais toute opération était alors impossible à cause de la météo.
La municipalité a observé aussi plusieurs faiblesses des remparts.
Trois siècles et demi après sa construction, l’édifice est menacé… Son agresseur aujourd’hui n'est pas armé de canons ou d'épée. Son ennemi, c’est la mer !
(Avec Stéphane Izad)