Fidèle à son projet de jeu, le RC Vannes a souvent tapé en touche des pénalités plutôt que de prendre les trois points. Une stratégie revendiquée, même avant le match de la dernière chance contre le Stade français, ce samedi 25 janvier 2025. Les Morbihannais ont impérativement besoin d'une victoire bonifiée pour recoller lors de la 15ᵉ journée du Top 14.
Ils sont derniers avec 16 points, à sept longueurs des Parisiens qui les devancent. Une situation comptable qui ne devrait pas faire évoluer la stratégie du RC Vannes, même si elle a été contestée par le public du stade de la Rabine. "Les trois points ! Les trois points !", avait-on pu entendre lors du match de Challenge Cup contre Édimbourg, il y a deux semaines, finalement perdu de quatre points (25-29).
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Cinq défaites par trois d'écart ou moins
Pourtant, Vannes a perdu cette saison cinq matches par trois points d'écart ou moins, dont quatre en championnat. Difficile de ne pas lier la situation compliquée des Bretons, néophytes à ce niveau, à ce goût immodéré pour le jeu, même s'il fait partie de l'ADN des équipes dirigées par Jean-Noël Spitzer depuis des années.
La défaite d'un point face à Clermont début janvier (19-20) en a été l'illustration parfaite. À l'heure de jeu, menés de 4 points, les Vannetais sont allés trois fois en touche au lieu de tenter la pénalité. Pour zéro point récolté.
C'est une manière de maintenir la pression sur l'adversaire (...) On préfère rester dans le camp adverse.
Jean-Noël Spitzerentraîneur du RC Vannes
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"On ne comprend pas ce jusqu'au-boutisme d'aller chercher les touches. On est presque en colère contre eux", avait fustigé l'ancien troisième ligne international Sébastien Chabal, consultant du Canal Rugby Club.
D'autant que le RC Vannes tient avec Maxime Lafage l'un des buteurs les plus sûrs du championnat. L'ouvreur aux 124 points depuis le début de saison affiche 84,5% de réussite : 23/28 aux transformations et 26/30 aux pénalités.
"Cette réflexion est celle des gens qui regardent le match en faisant des allers-retours à la buvette pour récupérer des bières", avait lâché, fort peu diplomatiquement, l'entraîneur des Bretons face aux critiques. Loin d'être un simple péché d'orgueil, ce choix a pourtant une vraie visée tactique : "C'est une manière de maintenir la pression sur l'adversaire (...) On préfère rester dans le camp adverse", avait résumé Spitzer.
"Des choix qu'on assume. Souvent, on ne sait qu'après si c'est le bon ou pas..."
Mathieu Cidre, l'entraîneur des avants, avait développé : "Quand tu marques, tu as une réception et une sortie de camp à gérer. Tu mets entre 10 et 12 minutes pour remettre le ballon dans le camp adverse et généralement, ça se traduit par des points encaissés", avait-il argumenté.
"Je ne sais pas si on peut gagner des matches avec des 3 points, mais c'est compliqué en mettant moins d'essais que l'adversaire. Ce sont des choix qu'on assume. Souvent, on ne sait qu'après si c'est le bon choix ou pas...", avait-il encore plaidé.
Un problème d'exécution avant tout
Ayant conservé une grande partie du groupe champion de Pro D2 l'an dernier, Vannes a aussi préféré s'appuyer sur ce qui a fait sa force pour sa première saison dans l'élite.
Auteur d'un superbe essai face à Clermont, à la suite d'une pénalité face aux poteaux jouée à la main, l'ailier Romaric Camou a souligné que Vannes avait échoué à marquer "sur des choses que l'on maîtrise, comme les touches". "Je reste persuadé que si on exécute bien les choses, on doit marquer, on doit passer devant et gagner ce match", avait-il poursuivi.
Vannes est-il pour autant prêt à mourir pour ses idées ?
Le maître à jouer néo-zélandais du RC Vannes, Michael Ruru laisse planer le doute. "Chaque match, chaque moment, est différent", a relativisé le demi de mêlée. "C'est sûr que parfois, on a pu se dire, oui, que si on avait tenté les trois points, c'était mieux. Si samedi, il se présente ces moments, on fera peut-être quelque chose de différent, mais on verra selon le déroulement du match."
S'ils veulent continuer à y croire, les Vannetais doivent en tout cas s'imposer, quelle que soit la manière.
- RC Vannes - Stade Français, le samedi 25 janvier 2025, à 16h au stade de la Rabine.
(Avec AFP)