160 volontaires expérimentent la version bêta du SNU, un mois d'engagement pour les jeunes à partir de 15 ans, qui présente de nombreux points communs avec le service militaire.
Lever de drapeau, marseillaise, lits au carré et lever aux aurores... Bien que le gouvernement s'en défende, le Service National Universel semble bien être le petit frère du service militaire, "suspendu" (et non pas supprimé) en 1997.2000 volontaires dans 13 départements ont commencé à expérimenter la version bêta du SNU, avant sa généralisation prévue pour 2026. A Bourges, 160 jeunes entre 15 et 17 ans ont sauté le pas.
"La notion d'engagement"
Ils ont entamé le 17 juin leur quinzaine de service, avec une découverte du patrimoine historique. Le soir, après le match de coupe du monde France - Nigeria, ils ont participé à un débat sur l'égalité hommes-femmes. "Je trouve ça très utile, ça montre les différents points de vue des gens, ça permet de nous ancrer sur une vraie position et de trouver les bons arguments, moi je trouve ça bien" apprécie Alice, 16 ans. Un débat citoyen aura d'ailleurs lieu tous les soirs, sur différentes thématiques, comme la discrimination ou encore le handicap.
Le lendemain, 18 juin, a bien évidemment pris pour thème l'appel du Général De Gaulle à la France occupée, en 1940. "L’objectif, c’est de les sensibiliser au devoir de mémoire, à la notion d’engagement, en ramenant cette notion au message du général de gaulle et sa valeur à l’heure actuelle" appuie Younes El Baraka, cadre de compagnie.
Après ces 15 jours d'internat, les jeunes auront à effecteur 84heures de travail auprès d'associations.Dans l’ensemble des centres #SNU a lieu aujourd’hui une cérémonie commémorant l’appel du #18Juin, qui rappelle ce choix héroïque de défendre les valeurs de la France. Avec les jeunes appelés à #Bourges, cérémonie précédée d’une recontextualisation historique. pic.twitter.com/AkafLJoXSX
— Gabriel Attal (@GabrielAttal) 18 juin 2019
Le bébé controversé du gouvernement
Malgré l'intense communication du gouvernement autour du dispositif et de sa dimension citoyenne, le SNU fait grincer des dents. Les opposants y voient un dispositif rigide, archaïque, et loin d'être adapté à tous les jeunes. Le lever à 6h30 notamment est pointé du doigt, pouvant poser problème aux adolescents ayant des problèmes de sommeil mais aussi à ceux présentant des troubles du spectre autistique.
En plus des rétiences initiales, le SNU s'est offert ses premières polémiques. A Evreux, les volontaires ont en effet été contraints de se tenir au soleil sous 30° durant l'inauguration d'une statue du Général de Gaulle. Bilan : 26 malaises, selon le témoignage d'un étudiant infirmier, recueilli par une journaliste.Mais l'angoisse pic.twitter.com/xGgJUaRTDz
— turbo féministe (@turbomeuf) 18 juin 2019
Autre remous : le gouvernement souhaite que le SNU soit obligatoire, sans possibilité d'en être réformé. "Au nom de quel impératif supérieur peut-on contraindre toute une classe d’âge à se soumettre à une obligation délimitée dans le temps, selon des formes prédéfinies par l’Etat en dehors de l’obligation d’instruction ?" s'interroge dans Les Inrocks l'historienne Bénédicte Chéron."J'ai fait un stage chez les sapeurs-pompiers, j'ai fait des cérémonies : les coups de chaud, ça arrive. Mais là, quand on en a 26 et qu'on ne leur dit pas de rentrer... je ne comprends pas." #SNU #Evreux 2/2
— Claire Huille (@Claire_Huy) 18 juin 2019
Sur les réseaux sociaux, le juriste et blogueur pour Médiapart Bismatoj a d'ailleurs relevé que de nombreux textes sont susceptibles de s'opposer à cette volonté gouvernementale.
Déclaration des droits de l'homme, intérêt supérieur de l'enfant, vie privée et familiale, convention relative aux droits des personnes handicapées, CEDH... ça va tirer dans tous les sens comme une partie de doom sous acide
— Bismatoj (@bismatoj) 17 juin 2019