Saturation à Orléans en janvier, à Bourges plus récemment, et partout en France : les hôpitaux et les services d'urgence ont tiré la sonnette d'alarme. La ministre de la Santé Agnès Buzyn réagit.
En France, le 16 mars, 97 établissements disposant d'un service d'urgence sur 650 avaient activé le plan "hôpital en tension", qui permet notamment de débloquer des lits supplémentaires.
Le bilan grinçant du début d'année
Parmi eux, l'hôpital de Bourges, saturé alors depuis déjà 15 jours. Il avait alors dû demander à ses patients, via Facebook, de ne se rendre aux urgences qu'en cas d'extrême nécessité. Un mouvement de grève avait été lancé quelques jours plus tard.
En janvier, c'était le CHR régional d'Orléans, qui ne désemplissait pas et peinait à prendre en charge les quelque 200 patients qui arrivaient par jour.
Selon l'association Samu-Urgences de France, "plus de 15.000 patients ont passé la nuit sur un brancard des urgences" depuis le début de l'année "faute de lit pour les hospitaliser dans un service".
Un problème déjà pris en compte
La ministre de la santé Agnès Buzyn l'a affirmé dans l'émission Question Politiques (FranceInter / FranceInfo / LeMonde) : le gouvernement a déjà un oeil sur le problème.
Une mission sur les "soins non programmés", pour limiter le recours aux urgences, a été confiée au début de l'année à Thomas Ménier, député de la majorité et également médecin urgentiste. Il devrait être remis d'ici à la fin de semaine prochaine.
La médecine de ville, seule responsable ?
Tout en reconnaissant un "problème clair", Agnès Buzyn, plaide la théorie d'une mauvaise organisation de la médecine de ville, qui éclabousse les services des urgences. "Elles sont totalement engorgées parce que la majorité des personnes qui s'y présentent ne devraient pas y être" a-t-elle déclaré.
Pour elle, il est "impératif d'organiser la médecine de ville pour qu'elle puisse prendre en charge énormément de demandes de patients qui n'ont rien à faire aux urgences".
"Aujourd'hui il faut organiser la médecine de ville pour qu'elle puisse prendre en charge énormément de patients qui n'ont rien à faire aux urgences", explique @AgnesBuzyn dans #QuestionsPol pic.twitter.com/0aLZw4poNc
— France Inter (@franceinter) 25 mars 2018
Elle a asséné au passage un petit tacle aux anti-vaccins en déclarant qu'on "ne peut pas s'émouvoir chaque année de l'engorgement des urgences aux mois de décembre-janvier-février et ensuite ne pas se vacciner contre la grippe".
Ces causes, pourtant, ne sont pas celles avancées par le personnel des urgences que nous avions pu interviewer. "Du fait de la réduction des lits, on a moins de place et ça engorge les urgences, parce que les patients qui attendent sur un lit ou un brancard et qui ont besoin d'être opérés, on ne peut pas les faire repartir", dénonçait alors Christine Taillandier, membre du syndicat Force Ouvrière, à la mi-mars. L'hôpital de Bourges avait déjà subi plusieurs restructurations.
De son côté, Audrey Aulibert, directrice adjointe de l'hôpital de Bourges avait déclaré à nos confrères de France Bleu : "Les profils de ces patients, qui ont besoin de se faire hospitaliser sont très variés. On ne peut pas attribuer cet afflux constant à une pathologie particulière liée à un virus. "