"S'adapter sans cesse" : à Ourouer-les-Bourdelins, les agriculteurs face au défi de la diversification

Des produits plus goûteux, plus locaux, plus écologiques, pas trop chers... Avec des clients de plus en plus exigeants, les agriculteurs à l'autre bout de la chaîne alimentaire sont tenus de s'adapter, sans cesse. 

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"Dans les années 80, le pain était un gros pain, blanc de chez blanc. Vous aviez une population qui avait connu pendant la guerre le pain noir, fait avec la totalité du grain de blé. Rien ne se perdait car les gens avaient faim. Aujourd'hui, dans les boulangeries, vous trouvez de moins en moins de pains blancs. On trouve des pains avec des mies colorées, des graines, des goûts prononcés..."

En un exemple, Sébastien Péras a résumé le plus vaste dilemme de ceux qui travaillent la terre : évoluer. Agriculteur céréalier de 45 ans, il est aussi élu de la coopérative agricole Axereal, qui tient une permanence sur la commune d'Ourouer-les-Bourdelins. Comme beaucoup de coopératives, elle a été créée dans les années 30, à une époque où l'urgence absolue est de nourrir la population.

Historiquement, "la coopérative collecte les céréales des agriculteurs, leur rachète. Par la suite, c'est travaillé puis revendu aux marchands d'aliments pour animaux, aux malteries, aux meuniers... Les agriculteurs sont rémunérés un peu plus cher, et, en échange, il y a une traçabilité très stricte" résume Sébastien Péras.

La filière, le vrai pilier de l'agriculture

Mais, alors que la machine à exigences des consommateurs s'emballe et que la concurrence se fait plus âpre, ces regroupements de professionnels sont devenus un pilier essentiel pour tenir la cadence. Est apparue une façon de travailler incontournable : la filière, qui garantit aux agriculteurs les bons interlocuteurs tout au long de la chaîne de production. 

Sur ses terres de 170 hectares, Sébastien Péras cultive du blé tendre, du tournesol, des féveroles, de l'orge de brasserie, de l'orge fourragère, et même du soja. Depuis Ourouer, une filière est en train de se bâtir, en lien avec l'industrie de l'alimentation animale. "Ils ont besoin de matières avec une très grande richesse en protéine, et le soja correspond à cette attente. Auparavant, ces usines utilisaient du soja importé, qui n'a pas la traçabilité qu'on peut garantir ici. Les consommateurs veulent savoir ce qu'ils mangent. Et si nous voulons communiquer là-dessus, il faut maîtriser la traçabilité. Et pour maîtriser la traçabilité, il faut le faire soi-même. C'est le début d'une histoire."
 

L'agriculteur céréalier rêve d'un cercle vertueux, où valoriser un produit, c'est aussi valoriser ceux qui le cultivent, montrer leur savoir-faire et leur travail de recherche. Il y a 5 ans, Axereal a déposé une marque de pain artisanal, la Croquise. "C'est une composition de différentes farines, écrasées avec une meule de pierre et non une meule industrielle. Le grain de blé est écrasé plus lentement, plus fort, et chauffe légèrement. Il est donc un peu caramélisé."

"On recherche des variétés qui apportent un vrai côté gustatif, appuie Sébastien Péras. Mais qui doivent être de plus en plus résistantes à l'agressivité du climat : la sécheresse, le développement de certains pucerons..." Le blé, cette année, a été semé deux semaines, voire un mois en retard dans certaines zones. "Pour autant, quand on regarde les cultures, on ne le voit pas. Le cycle du blé a réduit dans le temps" retrace le fils et petit-fils de paysans. 
 


Satellites et études : l'agriculture de pointe s'installe


Face à l'hydre des nouveaux paramètres à prendre en compte, les coopératives doivent maintenant donner aux travailleurs les moyens de frayer leur chemin vers l'agriculture de pointe. "Son champ d'action s'est agrandi. Ça peut être des accès à des analyses, des travaux avec des scientifiques, des partenariats des semanciers qui ont des techniques de recherche approfondies..." énumère l'élu Axereal.

Car on se leurre à résumer l'agriculture à un champ et un tracteur, fût-il rutilant. "Je vous ai apporté ceci. Voilà une avancée technologique : il faut savoir que nos cultures sont contrôlées par satelliterévèle Sébastien Péras. C'est un moyen technique que nous ne pouvons avoir que grâce à la coopérative. Individuellement, vous pensez bien qu'on ne va pas établir un contrat avec un lanceur de satellites pour surveiller nos champs."
 

"Il faut savoir que la matière la plus consommée par nos plantes, c'est l'azote. Voilà la toute première photo de la saison, le blé est encore petit. On voit que la plante a absorbé ma foi peu d'azote, décrypte l'agriculteur. De là, on calcule la quantité qu'il faut apporter, et on reçoit une nouvelle photo, avec un nouveau conseil. Nous apportons la dose juste, au bon moment, pour que nous ayons le moins de perdition possible, et dans l'air et dans les sols."

Pour le céréalier, c'est déjà une manière de satisfaire des consommateurs de plus en plus soucieux de la protection de l'environnement. "L'agriculture de demain, c'est répondre au marché. C'est le bio, mais pas que. Il faut être réaliste, demain tout le monde ne mangera pas bio, car il y a un coût derrière" rappelle-t-il. Mais bio ou pas, peu importe : le consommateur veut être informé, et rassuré. Et ceux qui travaillent la terre vont devoir prendre le pli. 

"La majorité des agriculteurs de ma génération ont leur avenir devant eux, une situation financière acceptable, ils peuvent encore voir les opportunités, veut croire Sébastien Péras. Pour moi, c'est indispensable. Ces nouvelles technologies nous montent vers le haut, nous préparent au lendemain et nous aident à nous adapter. Il faut que nous nous adaptions, sans cesse."

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Notre journaliste s'est rendue pendant 4 jours dans le Cher. À la suite de ce séjour, différents sujets de proximité ont été réalisés. Pour les découvrir, cliquez sur les flèches ci-dessous.

 
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