Qui est David Balland, l'homme kidnappé avec sa femme à Vierzon ?

L'affaire déferle la chronique depuis deux jours dans les médias locaux comme nationaux. David Balland, co-fondateur de Ledger, une entreprise de cryptomonnaie dont le siège est à Vierzon, a été kidnappé contre une demande de rançon avant d'être retrouvé par les forces de l'ordre. Mais qui est cet entrepreneur Vierzonnais et pourquoi a-t-il été la cible d'un kidnapping ?

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L'histoire de David Balland est avant tout celle d'une success-story de start-upper. Âgé aujourd'hui de 36 ans et originaire de Corrèze, David Balland fait ses études à SupInfo Orléans, tout en vivant à Vierzon. Il y décroche un Master en Science de l'information. Avec deux amis et associé, Joël Pobeda et Vanessa Rabesandratana, il lance en 2011 une plateforme de streaming musical appelée RadioceRos. C'est avec cette première entreprise que David Balland et ses deux associés s'intéressent à la cryptomonnaie.

L'entrepreneur cherche en effet un moyen d'éviter des frais de transaction bancaire très élevés, l'empêchant de générer des bénéfices sur les abonnements de la plateforme musicale en streaming qu'il venait de créer. Il se penche alors sur la cryptomonnaie.

"On s'est alors rendu compte que la musique est un milieu saturé, mais que dans la cryptomonnaie, c'était le moment de se lancer", raconte David Balland sur la chaîne YouTube Extra-Muros il y a deux ans. Les trois entrepreneurs créés alors un système de commercialisation de cryptomonnaie physique, et envoient à leurs premiers clients, des clés USB avec des comptes de cryptomonnaies, par la poste. Une façon de rendre le bitcoin plus facile d'accès.

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La société s'appelle alors Chronocoin.fr. Ils se font ainsi repérer par une autre entreprise de cryptomonnaie, BTChip, fondée par Nicolas Bacca, qui leur propose d'utiliser leur système de carte à puce pour se développer. C'est le hasard du réseau de Vierzon qui écrit la suite de l'histoire. "Joël Pobeda s'est un jour rendu compte qu'il habitait la maison d'enfance d'Eric Larcheveque à Vierzon, c'est comme ça qu'un premier lien s'est créé". C'est avec cette rencontre que Chronocoin.fr et BTChip fusionnent avec la société d'Eric Larcheveque, lui aussi dans le milieu de la cryptomonnaie. Il gère en effet la Maison du Bitcoin un comptoir de cryptomonnaie basé à Paris. Les trois entreprises décident alors de fusionner en 2014 pour devenir Ledger, fruit de huit associés.

Le cofondateur de Ledger, spécialisée dans les portefeuilles ultra-sécurisés de cryptomonnaies, et sa compagne Amandine, ont été enlevés à leur domicile de Méreau le mardi 21 janvier au petit matin. © France Télévision

Une licorne née à Vierzon

Ledger grossit vite pour devenir le leader mondial de portefeuille physique sécurisé de cryptomonnaies. Les start-uppers ont en effet reproduit le même principe que la carte bancaire, mais pour la cryptomonnaie. Sous la direction de David Balland, Ledger a connu une croissance remarquable, atteignant une valorisation de 1,3 milliard d'euros en 2023. Cette licorne – start-up non cotée en Bourse dont la valorisation basée sur un potentiel de croissance très important dépasse le milliard de dollars – a pris ses quartiers à Vierzon.

"Quand on a démarré RadioceRos, on travaillait de chez nous. Puis nous avons rencontré la communauté de commune de la ville de Vierzon à qui on a présenté le projet. Ils nous ont proposé une petite location de cinq bureaux au parc technologique de Sologne fraîchement sortie de terre, au nord de Vierzon. Le loyer était relativement accessible pour une petite start-up", raconte David Balland sur le talk-show Extra-Muros.

"On les a aidé à équiper le site en fibre optique. La confiance s'est amplifiée, ils nous ont suivis à l'époque où la cryptomonnaie n'avait pas forcément bonne presse et n'était pas forcément connue. Quand on a eu besoin de bureau plus grand à la création de Chronocoin, ils nous ont aidés. Quand on est retourné les voir après quelques mois de fonctionnement de Chronocoin pour leur dire qu'on fusionnait avec deux autres boîtes, qu'on avait besoin de trois bureaux de plus, une salle de réunion et une salle de production pour fabriquer des coffres-forts numériques, ils nous ont encore suivis. Ledger a connu une croissance très importante, en 2016 on avait vendu quelques milliers d'unités. En 2017, on est passé à un million. Il fallait encore changer de bâtiment et la communauté de commune nous a toujours soutenus".

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Après plusieurs déménagements et des locaux toujours saturés, Ledger finit par faire construire l'usine qu'elle exploite encore aujourd'hui. L'entreprise a donc des bureaux à Paris, New York, Londres, Genève, Montpellier, Grenoble… et Vierzon.

En 2020, la start-up connaît cependant un premier revers. Elle fait l'objet d'une fuite massive de données. Elle est sanctionnée en octobre 2024 à une amende de 750 000 € par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) faute d'avoir suffisamment sécurisé les données de ses clients.

En 2023, la start-up devait se séparer de 12% de ses effectifs, justifié par un contexte macro-économique difficile, pouvait-on lire à l'époque chez nos confrères du Berry Républicain.

Ces portefeuilles sécurisés de crytomonnaies, de la taille d’une clef USB, stockent les clés privées associées aux cryptomonnaies des utilisateurs © France Télévision

Une école d'ingénieur en 2017

Pour recruter au sein de Ledger, David Balland recrute d'abord auprès de ses amis qui ont fait la même école que lui et plus largement, de son réseau. La présence de Ledger à Vierzon lui donne l'idée de lancer une école d'ingénieur du numérique dans le Cher, aux côtés de Franck Jeannin et Eric Larcheveque.

Algo Sup s'installe à Bourges en 2017, avant que le projet ne soit présenté à la ville de Vierzon. "On n'a pas besoin d'être à Paris pour monter une école d'ingénieur. Les étudiants peuvent profiter du cadre de Vierzon. C'est calme, avec une qualité de vie qu'on n'a pas en ville". Car David Balland est un fervent défenseur de la petite ville du Cher.

"À Vierzon, on a tous les avantages de la campagne et les avantages de la ville. On a des réseaux de fibre optique qui se développe et l'immobilier n'est pas cher", s'exprimait-il sur Extra-Muros.

Une nouvelle vie après Ledger

Depuis maintenant deux ans, David Balland n'est plus dans l'entreprise Ledger, avouant s'être lassé. Il renoue avec ses premières amours, la création de logiciels. Toujours avec ses associés Vierzonnais Joël Pobeda et Vanessa Rabesandratana, David Balland a développé un centre artistique en 2019, « Le Centre », pour développer des expositions accessibles dans le métavers, comprendre ici des visites virtuelles de musée.

Son entourage le décrit comme quelqu'un de "très humble, resté simple, généreux. Il a toujours été un vrai geek. Son succès ne lui a jamais monté à la tête. Il est tellement gentil". Bien que fortuné, David Balland n'a pas quitté Vierzon où il vit depuis maintenant 16 ans et qu'il affectionne particulièrement. Il a d'ailleurs été kidnappé dans la maison qu'il occupe avec sa femme à son domicile à Méreau, à quelques kilomètres seulement de Vierzon. Car s'il semble mener un train de vie normal, David Balland possède, comme ses associés, un portefeuille de cryptomonnaies bien garni, à hauteur de plusieurs millions d’euros.

De quoi attiser la convoitise des auteurs du rapt commis ce mardi 21 janvier. Ledger continue son ascension, et a vendu plus de sept millions d’appareils dans plus de 180 pays et en 10 langues. Elle sécurise 20% des actifs numériques mondiaux, et compte plus de 100 clients institutionnels. 

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