Enlèvement de l’entrepreneur David Balland et de sa femme : ce que l'on sait de cette affaire spectaculaire

David Balland, l’un des cofondateurs de la start-up Ledger, a été enlevé ce mardi 21 janvier 2025 avec sa femme à Vierzon dans le Cher. Ils ont pu être libérés le mercredi suivant pour l’entrepreneur, le jeudi pour sa compagne. 10 personnes ont été interpellées.

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Pour l’entourage de David Balland, c’est la fin de deux jours d’angoisse. L’entrepreneur et sa femme, victimes d’un spectaculaire rapt, ont pu être libérés par les forces de l’ordre deux jours après leur enlèvement. Un dénouement heureux rendu possible grâce à la "mobilisation sans discontinuer" des gendarmes et des magistrats, a souligné jeudi 23 janvier, Laure Beccuau, la procureure de la République de Paris dans une conférence de presse.

Le déroulé des faits, détaillés par la magistrate, est digne d’un film d’action. David Balland, cofondateur de Ledger, et sa compagne ont été kidnappés à leur domicile à Méreau dans le Cher mardi 21 janvier au petit matin. Le couple est alors séparé. L’entrepreneur est conduit par ses ravisseurs dans une maison à Châteauroux (Indre) tandis que sa femme est séquestrée dans plusieurs lieux différents.

Une vidéo d’un doigt mutilé envoyée à l’un des cofondateurs de Ledger

C’est Eric Larcheveque, l’un des quatre autres cofondateurs de Ledger, qui donne l’alerte. Le médiatique patron - connu du grand public pour être l’un des membres du jury de l’émission "Qui veut être mon associé ?" sur M6 - a reçu une vidéo d’un doigt mutilé de David Balland, affirme une source proche du dossier. Les ravisseurs exigent alors "une importante rançon en cryptomonnaie", sans en préciser le montant. Toutefois, plusieurs sources évoquent l’équivalent de dix millions d’euros en cryptoactifs.

La magistrate explique par ailleurs que "dans le cadre de la négociation engagée par les gendarmes, une partie de la rançon a été versée", mais précise que "la presque totalité de ces cryptomonnaies a été tracée, gelée et saisie."

Mercredi, les gendarmes arrêtent un premier suspect et parviennent à localiser le lieu où est détenu David Balland, une maison louée près de Châteauroux. Il est libéré grâce à l’intervention du GIGN et deux ravisseurs sont interpellés, suivis d’un troisième plus tard dans la journée. L’entrepreneur est immédiatement hospitalisé en raison de la mutilation qui lui a été infligée à la main.

La compagne de l’entrepreneur découverte ligotée dans une voiture

Les recherches se poursuivent pour localiser sa femme, jusqu’alors introuvable. C’est "le recoupement de la surveillance, des auditions de la téléphonie et des véhicules" qui a permis de "localiser les lieux successifs de séquestration de la seconde victime", relate la procureure. La piste conduit les gendarmes vers Étampes où la compagne de David Balland est découverte, ligotée dans le coffre d’une voiture. "Elle n’a pas de blessures physiques mais elle a été prise en charge médicalement" en raison "de son traumatisme psychologique". Six autres personnes sont alors arrêtées par les forces de l’ordre.

Au total, dix individus ont été interpellés et placés en garde à vue. Il s’agit de neuf hommes et d'une femme qui ont entre vingt et quarante ans et sont, pour la plupart, déjà connus de la justice, non pas dans le cadre d’enquêtes criminelles, mais "plutôt pour des faits de droit commun", précise Laure Beccuau.

Une information judiciaire doit être ouverte ce vendredi 24 janvier des chefs d’enlèvement et séquestration en bande organisée avec ordre de remplir une condition, (le versement de la rançon), accompagné d’actes de torture et de barbarie et extorsion avec arme. Des faits pour lesquels les ravisseurs encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

230 gendarmes mobilisés

La procureure de la République de Paris n’a, par ailleurs, pas précisé si les commanditaires de l’enlèvement faisaient partie des individus interpellés. Les investigations se poursuivent "pour identifier tous les acteurs", a indiqué la magistrate du parquet dont la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) est chargée des investigations.

Des investigations d'abord dirigées par le parquet de Bourges qui a rapidement passé la main au JIRS (Juridiction interspécialisée) de Paris en raison de la complexité de l’affaire. La gendarmerie nationale a été saisie dans son ensemble, des sections de recherches de Bourges, Paris et Orléans jusqu’au GIGN et à l'unité nationale Cyber qui a travaillé pour rechercher, identifier et saisir les cryptoactifs. Au total, plus de 230 gendarmes ont été mobilisés. "Un enlèvement, c'est extrêmement complexe car c'est une prise d'otages non localisée" d'autant que l'enlèvement était "en deux lieux", a souligné le Général Ghislain Réty, commandant du GIGN.

“Immense soulagement”

Fondée en 2014 à Vierzon, Ledger est une licorne, c’est-à-dire une startup qui n'est pas cotée en Bourse mais qui est valorisée à plus d’un milliard de dollars. Elle est aujourd’hui leader mondial dans la conception de portefeuilles physiques et ultra-sécurisés de cryptomonnaies, permettant à chacun de gérer en direct ses propres cryptoactifs.

Dès jeudi soir, ses autres cofondateurs ont fait part de leur soulagement sur les réseaux sociaux. "J’ai pris contact avec David, et nos pensées vont avec lui et sa famille. Nous partageons aussi l’émotion des membres de notre équipe" a réagi Pascal Gauthier, président-directeur général de Ledger.

Même "immense soulagement" exprimé par Eric Larchevêque sur le réseau social X. "Je tiens également à exprimer ma gratitude pour les nombreux messages de soutien reçus, notamment face aux rumeurs infondées qui ont circulé concernant ma propre sécurité", a écrit l’entrepreneur, un temps soupçonné à tort par les internautes d’être la victime du rapt.

Cette affaire d'enlèvement, en lien avec les cryptomonnaies, n'est pas sans rappeler celle d'un homme de 56 ans, retrouvé début janvier dans le coffre d'une voiture près du Mans, à plusieurs centaines de kilomètres de chez lui dans l'Ain. Selon plusieurs médias, il s'agissait du père d'un influenceur en cryptomonnaies basé à Dubaï, qui publie régulièrement des vidéos sur ses gains, et une demande de rançon avait été faite.

À ce stade, le parquet de Paris ne fait pas de lien entre les deux affaires. "Ce qu’on observe actuellement, c’est une augmentation de ce type de pratiques criminelles, mais c’est généralement plus sur des affaires de stupéfiants", expliquait ce vendredi 24 janvier la Colonelle Marie-Laure Pezant sur FranceInfo. Depuis le 15 décembre dernier, le GIGN a dû traiter 10 affaires d’enlèvement, a précisé la porte-parole de la gendarmerie nationale.

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