Les filières agricole et de distribution s’organisent pour éviter toute pénurie alimentaire mais aussi tout risque de transmission du coronavirus Covid-19, face à cette crise sanitaire inédite.
À Brou (Eure-et-Loir), l’Intermarché vient d’adopter des règles inédites, publiées ce mardi sur sa page Facebook : entrée et sortie limitée, paiement par carte bleue pour éviter les contacts, et ouverture exclusive aux personnes âgées de 70 ans et plus, de 9h à 10h dès mercredi 18 mars :
Même type de mesures de précaution dans ce supermarché de Blois où un circuit a été mis en place ce mardi pour éviter que les clients ne soient trop proches, comme le montre la couverture et la photo ci-dessous.
Autre précaution adoptée pour le personnel du magasin : le port de gants de protection, comme on le voit sur cette image.
Cependant, certaines caissières interrogées sont inquiètes du risque de contamination, car la distance minimum d’un mètre à la caisse n’est pas toujours respectée par les clients.
Des supermarchés pris d'assaut avant l'allocution présidentielle
Cette consigne de distanciation n’était pas non plus suivie, lundi, alors que beaucoup de monde s’est précipité dans les supermarchés pour faire le plein de provisions, avant l’allocution du Président de la République.Au centre Leclerc de Barjouville (Eure-et-Loir), la direction était injoignable car donnait un coup de main aux salariés dans le magasin. A Olivet (Loiret) ou encore à Blois (Loir-et-Cher), le même spectacle : des files interminables devant les caisses, des rayons de pâtes ou de papier toilettes dévalisées.
Ce supermarché de Brou a d’ailleurs annoncé la fermeture temporaire du drive lundi matin, le temps de "remplir les rayons".
"On a de la marchandise"
Il faut dire que des rumeurs circulaient sur un confinement de 45 jours, qui s’avère être pour l'instant de 15 jours minimum.Bertrand Bouchez, PDG du centre Leclerc d’Olivet-La Source, confirme avoir fait "face à un afflux très inhabituel de clients : on sent une certaine crispation". Pour répondre à cette affluence, il souligne l’engagement "des équipes remarquables et à pied d’œuvre".
"On a de la marchandise, on est livrés, les rayons sont approvisionnés normalement, insiste Bertrand Bouchez. Oui, on sera effectivement en rupture sur certaines références qui sont plus demandées que d’habitude, mais on a ce qu’il faut pour répondre à la demande."
Les premières récoltes
La FNSEA a en outre publié ce mardi matin sur Twitter le communiqué ci-dessous pour indiquer aux agriculteurs et au public que la production agricole reste une priorité et n’est pas concernée par les mesures de restrictions : "la fourniture de produits agricoles et alimentaires est en effet une priorité absolue".[
— La FNSEA (@FNSEA) March 17, 2020#CP] Coronavirus : la poursuite de la production agricole est une priorité ➡️ https://t.co/jRckq552h3 pic.twitter.com/labC3gYEds
Une priorité d'autant plus grande que les travaux des champs et les premières récoltes débutent. "Dans le milieu agricole, les semis d’orge de printemps vont bientôt débuter, suivront les betteraves à sucre, du maïs et des pommes de terre" précise Julien Lefevre, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs d'Eure-et-Loir (JA 28).
Et qui dit semis, dit achat des semences, engrais, produits phytosanitaires. Actuellement les exploitants prennent des rendez-vous pour éviter d’aller tous en même temps récupérer leurs commandes.
Des camions bloqués mais pas de pénurie
Plus personnellement, Julien Lefevre rencontre surtout des problèmes de logistique : "on attend des camions pour charger les pommes de terre". En effet les transporteurs peuvent enchaîner des livraisons de tout type : aller décharger des parfums avant d’aller transporter des livres, décharger ces bouquins ailleurs, puis aller charger une récolte."Là, certaines entreprises sont fermées, et les camions pleins restent bloqués. Ils ne peuvent pas décharger et aller chercher le chargement suivant." Mais le secrétaire des JA 28 reste serein : "c’est juste un changement d’organisation à mettre en place."
Quant à la pénurie, Julien Lefevre n’y croit pas une seule seconde. "On peut alimenter beaucoup de gens avec des produits locaux et de saison, souligne-t-il. D’autre part nos coopératives restent ouvertes, elles vont fournir les meuniers, les meuniers vont pouvoir fabriquer de la farine, et les boulangers seront livrés."
Avant qu’on n’épuise le stock alimentaire en France, il peut se passer du temps !