Jeudi 30 janvier au matin, un accident de bus scolaire a coûté la vie à une lycéenne de 15 ans près de Châteaudun (Eure-et-Loir). À la peur - de ceux qui étaient dans le bus au moment des faits - s’ajoute la tristesse des proches de la victime, mais aussi la colère, alors que le procureur de la République de Chartres a confirmé que le chauffeur avait consommé du cannabis peu de temps avant de prendre le volant.
Au lendemain du drame, deux jeunes filles arrivent au lycée à Châteaudun, serrées côte à côte et rose à la main. Johanna, tuée dans l’accident de bus le jeudi 30 janvier au matin, était leur camarade de classe. Pour lui rendre hommage, elles ont choisi de déposer des fleurs et quelques mots en sa mémoire devant la porte de l’établissement.
"Pour moi, c’était irréel, ce n’était pas possible. Depuis 8h00 du matin, j’attendais des nouvelles d’elle. On n’en avait pas et quand j’ai su que c’était elle, cela m’a détruite", témoigne l’une d’entre elles. "Elle était vraiment gentille, elle n’a jamais fait de mal à personne", ajoute la seconde, comme pour dénoncer l’injustice de ce drame.
Dans l'enquête sur le dramatique accident de car scolaire survenu hier à Châteaudun, on vient d'apprendre que le chauffeur a été testé positif aux stupéfiants.
— franceinfo (@franceinfo) January 31, 2025
▶#JT13H pic.twitter.com/iPP1jJHL99
Léo 16 ans, tente désormais de se remettre du traumatisme. Il était dans le bus quand, pour une raison qui reste encore à déterminer, l’autocar s’est renversé dans le fossé ce 30 janvier à 7h du matin. Légèrement blessé aux mains et au visage, il a pu rentrer chez lui peu de temps après l’accident. "Je n’ai pas eu le temps de m’en apercevoir. En une seconde il s’est retourné direct. Un garçon a dit d’ouvrir la trappe du toit, du coup on l’a ouverte. Et après des gens sur la route sont venus nous aider. On était tous choqués", relate-t-il, éprouvé.
Des cellules psychologiques et d'écoute mises en place
Devant le lycée de Châteaudun où beaucoup des passagers du bus se rendaient, une élève témoigne de l’onde de choc que l’accident a provoqué dans l’établissement. "Une fille qui était dans le bus est arrivée au lycée. Elle était complètement chamboulée. Ses amis ont pleuré avec elle quand elle leur a raconté."
Le bus scolaire transportait 35 passagers, tous mineurs. Une trentaine d'entre eux ont été légèrement blessés, deux autres ont dû être transportés à l’hôpital. Ce vendredi 31 janvier, le procureur de la République de Chartres a annoncé que plus aucun enfant n’était hospitalisé.
⚠️ Une lycéenne de 15 ans a été tuée et 24 élèves ont été blessés dans un accident de car scolaire, a annoncé la préfecture d'Eure-et-Loir, jeudi 30 janvier. Le véhicule s'est couché sur la voie, à proximité de Châteaudun, pour une raison encore indéterminée. pic.twitter.com/gGOB5OExsk
— franceinfo (@franceinfo) January 30, 2025
Des cellules psychologiques et d’écoute ont été mises en place, au moins jusqu’aux prochaines vacances. "Toutes mes copines qui sont là avec moi prennent le bus. Il y avait d’autres personnes qu’on connaît qui sont peut-être blessées. Ça fait peur. Je me dis que ça peut arriver à tout moment à n’importe qui", témoignait une lycéenne peu de temps après l’accident. Une autre se dit, elle aussi choquée. "Je prends le bus tous les matins. Ça aurait pu arriver a tout le monde. Mon père m’a appelée tout à l’heure pour prendre des nouvelles."
Le chauffeur du bus avait consommé du cannabis
À l’émotion se mêle la colère, car le chauffeur du bus, un homme de 26 ans, conducteur régulier de la ligne depuis au moins un an, a été contrôlé positif aux stupéfiants lors du test salivaire qui a suivi l’accident. Une positivité au cannabis confirmée par les analyses sanguines a annoncé le procureur de la République de Chartres ce vendredi 31 janvier. "La question que je me pose c’est comment peut-on démarrer un car quand on est positif à la drogue de nos jours ? J’espère qu’ils vont faire quelque chose", s’insurgeait une riveraine l’après-midi du drame.
Accident de car scolaire en Eure-et-Loir : le chauffeur avait consommé du cannabishttps://t.co/T4S5M4CX3C pic.twitter.com/pxJXMzxHD2
— France 3 Centre-Val de Loire (@F3Centre) January 31, 2025
Plusieurs lycéens pointent également le comportement de certains chauffeurs et notamment de celui impliqué dans l’accident. Une élève qui n’a exceptionnellement pas pris ce bus ce matin-là, le décrit comme imprudent. "Des fois on voyait qu’il avait les yeux rouges comme s’il allait s’endormir au volant. Des fois il freinait brutalement donc nous, a chaque fois, on se tapait dans les banquettes", raconte-t-elle. Elle affirme aussi que les passagers ne mettaient pas ou peu leur ceinture de sécurité et que le chauffeur ne procédait pas à des vérifications.
La garde à vue prolongée
Olivier Velter, président des cars Dunois en charge des ramassages scolaires pour la région, affirme que l'entreprise conduit "des tests de dépistages stupéfiants et alcoolémie de manière aléatoires" sur l'ensemble de ses sites. "En 2024 par exemple, nous avons réalisé près de 300 tests. Un test positif entraîne un licenciement immédiat". Le chauffeur du bus impliqué dans l’accident et qui travaille depuis trois ans pour l’entreprise, aurait même été contrôlé quatre fois, " toujours de manière négative". Aucun signalement en interne ou par des voyageurs n’aurait non plus été fait, précise olivier Velter.
Les enquêteurs mènent encore plusieurs investigations, notamment sur les ceintures de sécurité qui équipaient les sièges de l'autocar" afin de comprendre si celles-ci étaient en bon fonctionnement au moment des fait, et si elles étaient utilisées pendant le transport" détaille le parquet, qui ajoute qu'un contrôle technique du bus avait été réalisé en fin d’année dernière.
La garde à vue du chauffeur a été prolongée. Il doit être présenté devant un juge d’instruction avant la fin de la journée en vue d’une mise en examen pour homicide involontaire aggravé et blessures involontaires aggravées. Il encourt pour ces faits 7 ans d’emprisonnement. Le parquet a déjà fait savoir qu’il allait demander son placement en détention provisoire.