Un mur du château d'Amboise, en Indre-et-Loire, présente des fissures avec "un risque grave de ruine". Le maire de la commune a pris un arrêté de péril imminent pour évacuer les riverains les plus proches.
Depuis le vendredi 31 janvier, environ 80 personnes habitant au pied du château d'Amboise, en Indre-et-Loire, ne dorment plus chez eux le soir. Par mesure de précaution, ils ont été évacués par la police municipale car le rempart sud-est du château présente des fissures avec "un risque grave de ruine" selon la mairie qui a pris un arrêté de péril imminent. "Le risque c'est possiblement entre 1500 à 6000 tonnes de remblais de terre et de pierres qui pourraient descendre dans la rue Victor Hugo et je ne joue pas avec la sécurité des Amboisiens" assure Brice Ravier, le maire d'Amboise.
En tout, c'est plus d'une dizaine de familles entre le restaurant "La Terrasse" et le 74 rue Victor Hugo qui ont dû trouver une solution en urgence. Certains ont réussi à se reloger, d'autres sont accueillis dans des hôtels réservés par la mairie.
Je ne joue pas avec la sécurité des Amboisiens !
Brice Ravier, maire d'Amboise
Face à l'urgence, les expertises ont débuté dès ce matin, 9h. En parallèle, le maire tenait une réunion d'information auprès des personnes concernées et des habitants d'Amboise. Devant l'audience inquiète, il s'est voulu rassurant : "J'attends avec impatience le rapport de l'expert. Les choses sont très bien prises en charge. Les services travaillent main dans la main avec les services de l'Etat et le château d'Amboise. On œuvre heure par heure pour que les choses se passent au mieux".
Des remparts sous surveillance 24h/24
Depuis leur restauration en 2011, les remparts sont équipés d'instruments de mesure pour prévenir et alerter en temps réel en cas de mouvements de terrain. "Des sondes - des accéléromètres - sont disposées tout au long du rempart et permettent de suivre dans la durée leur évolution" explique Marc Métay, secrétaire général et directeur du château royal d'Amboise. Avant de continuer : "Un rempart bouge, c'est normal. Il réagit à la chaleur, à l'hygrométrie, à la température mais là nous atteignons une donnée qui nous a mis en alerte automatiquement".
Situé sur un coteau, il semblerait que les fondations du mur aient été fragilisées par les fortes précipitations des derniers mois. "L'architecte en chef qui suit l'ensemble du monument a relevé une augmentation de plus de 30% de précipitations depuis l'année dernière, sensiblement depuis les mois d'octobre et novembre et ces dernières semaines" développe Marc Métay.
Pour l'heure, le maire n'a aucune visibilité sur un retour possible dans les maisons évacuées. "On n'est pas dans des bonnes conditions à l'hôtel. On est dans des toutes petites chambres avec des enfants et des animaux" lâche une riveraine. Conscient de la situation délicate, Brice Ravier a autorisé les personnes concernées à récupérer des affaires lors de créneaux prédéfinis, mais toujours sous escorte de la gendarmerie.
Chloé Delaygue, la directrice du restaurant "La Terrasse" en a profité pour entreprendre un gros déménagement administratif : "On ne sait pas jusqu'à quand ça va être fermé... C'est une entreprise donc il faut s'occuper de la paperasse". Vincent et Rose, un père et sa fille, ont pris, eux, tout ce qu'ils pouvaient. "J'ai embarqué tous mes cours, tous mes textes. Ça va m'être utile pour les prochains jours car je ne sais pas quand est-ce qu'on va revenir. Et puis après la valise, on a un peu pris des affaires au hasard" raconte l'étudiante.
Hébergée dans un hôtel de la ville, cette famille comme les 80 autres personnes prennent leur mal en patience et espèrent au plus vite retrouver leur chez-soi.