Le 29 septembre 2015, Xavier Debeure, 32 ans, est retrouvé mort, noyé dans le port de Concarneau. Le policier du commissariat de Concarneau qui mène l'enquête conclut très (trop ?) vite à une chute accidentelle en état d'ébriété. Le père du jeune fondettois n'accepte pas cette version des faits.
Sylvain Debeure, actuellement adjoint au maire de Fondettes (commune du nord-ouest de la métropole de Tours), est persuadé que la mort de son fils n'est pas accidentelle. Bien des zones d'ombre demeurent en effet sur cette noyade, et Sylvain se bat depuis près de cinq ans pour qu'une enquête sérieuse soit enfin menée. Il a même déposé une requête en responsabilité de l'Etat, finalement rejetée en février 2020 :
"J'ai épuisé tous les recours possibles, déclare Sylvain Debeure, le dossier est définitivement classé. Avec deux autres familles de victimes, j'ai créé une association et fait appel à Maître Sylvie Noachovitch, une avocate célèbre. Elle espère trouver une faille dans l'enquête encore en cours, celle concernant Damien, pour faire rouvrir les dossiers clos."
Série de noyés dans le port breton
Entre 2015 et 2018, trois autres jeunes hommes, en effet, ont trouvé la mort dans des circonstances étrangement similaires à celle de Xavier. Michaël, en mai 2015, Ludovic en décembre 2017, puis Damien un an plus tard, tous ont disparu avant d'être retrouvés noyés dans le port de Concarneau. Et tous sortaient du même établissement de nuit, la Taverne des Korrigans.
Pour Sylvain Debeure, l'enquête a été complètement baclée. Tout, en effet, a été très vite lorsqu'on a retrouvé le corps de Xavier, deux jours après sa disparition :
Une grosse plaie à l'arrière du crâne
"Mon fils n'a pas été à l'institut médico-légal, mais directement dans une entreprise de pompes funèbres, sans qu'on me demande mon avis. Maître Noachovitch était complètement stupéfaite qu'il n'y ait pas eu d'autopsie. Xavier avait tout de même une grosse plaie à l'arrière du crâne, qui pouvait laisser penser qu'il avait été attaqué par derrière. Ni le médecin chargé de constater le décès, ni le policier enquêteur n'en ont tenu compte !"
Le soir même, "seul et complètement dévasté", Sylvain a assisté à la mise en bière de son fils, quelques heures à peine après la découverte de son corps. Et ce n'est pas tout, d'autres incohérences de l'enquête viennent semer le doute : "Les amis de mon fils, ceux qui ont partagé ses derniers instants, n'ont pas été entendus. Il a fallu que je me batte pour la réouverture de l'enquête pour que leur audition ait enfin lieu, neuf mois après la mort de Xavier ! Et tous ont précisé qu'il n'était pas alcoolisé... Comment un officier de police judiciaire peut-il dire que mon fils était en état d'ébriété, alors qu'il n'a demandé ni prise de sang, ni autopsie ?"
Justice et vérité
En dernier recours, avec la mère de Damien Le Burel et la soeur de Ludovic Colin (la famille de Michaël n'a pas souhaité revenir sur ces tristes évènements), Sylvain a donc créé cette association baptisée "A Xavier, Ludovic, Damien, justice et vérité pour les disparus du port de Concarneau".
"Nous sommes persuadés que tous ces cas sont liés, qu'ils ont été poussés dans le port. Pour le commissariat de Concarneau, quand quelqu'un est retrouvé dans le port, c'est forcément une chute accidentelle. Ce qui les arrange, c'est que la personne soit ivre ou suicidaire, pour clore le dossier au plus vite. Moi, je pense qu'il se passe quelque chose au niveau de ce bar. Nos enfants ont vu quelque chose et on les a empêchés de parler".