“Un patient zéro déclare en moyenne 3,2 cas contact” : comment la CPAM trace les malades du Covid-19 en Indre-et-Loire

En Indre-et-Loire, une quarantaine d’agents de la Caisse primaire d’assurance maladie appellent les personnes en contact avec les malades pour les prévenir et limiter la propagation du virus. Un mois après le début de l’opération, le directeur de la CPAM 37 tire un premier bilan.

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En Indre-et-Loire, comme dans chaque département en France, une brigade sanitaire est mise en place depuis le 13 mai, date de promulgation de la loi d’état d’urgence sanitaire. Quelque quarante cinq agents de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) ont ainsi une mission de “contact tracing”, qui consiste à prendre contact avec les malades du Covid-19 et leur entourage.

Thierry Lefèvre, directeur de la CPAM d’Indre-et-Loire, fait le point sur cette opération.

 

  • Comment les agents de la CPAM remontent-ils aux personnes contaminées et à leurs contacts ? 

Thierry Lefèvre. Ce sont les médecins généralistes qui nous signalent, via une plate-forme en ligne, les personnes identifiées comme “patient zéro”, c’est-à-dire une personne confirmée positive au Covid-19, et susceptible de propager la maladie à son entourage. Les agents de la brigade sanitaire sont alors chargés de contacter ces patients pour identifier des personnes avec lesquelles il y a eu des échanges rapprochés, sans masque et sans geste barrière, c’est-à-dire des “cas contact”. Il ne s’agit pas d’une personne croisée furtivement dans la rue.

 

  • Combien de "patients zéro" ont été contactés depuis le lancement de l'opération ?

Thierry Lefèvre. Depuis le 13 mai, quatre vingt dix neuf "patients zéro" ont été contactés par nos agents en Indre-et-Loire. En moyenne, chaque patient testé positif déclare 3,2 cas contact, un chiffre largement en-dessous des prévisions des autorités et de la CPAM, qui se préparaient à vingt cas par malade. Au début, comme on sortait de confinement, on était plus proche des 1 à 1,5 cas contact déclarés. Mais il faut garder à l’esprit que ces chiffres restent déclaratifs, et donc les prendre avec précaution.

 

  • Quel est le déroulé d’un appel avec un cas contact ? 

Thierry Lefèvre. Quand on appelle quelqu’un pour lui dire qu’il présente un risque de contamination potentiel, ce n’est pas facile à entendre. Les agents passent donc vingt à trente minutes avec chaque personne contactée pour expliquer la situation, l’inviter à faire un test et à s’isoler quatorze jours, l’informer que des masques peuvent lui être délivrés, ainsi qu’un arrêt de travail. Les personnes au bout du fil sont conscientes de la gravité de la situation, et comprennent qu’on fait ça dans leur intérêt et celui de leur entourage.

 

Thierry Lefèvre. En effet, l’identification des personnes contaminées de la résidence universitaire et de leurs cas contact a été un travail conjoint de la brigade sanitaire de la CPAM et de l’ARS pour circonscrire et identifier chaque nouveau cas, en vérifiant son entourage. Si cette situation ne s’est, pour l’instant, pas répétée dans le département, il est en revanche impossible de savoir comment l’épidémie va évoluer. Certes, le nombre de patients zéro et de leurs cas contact est en-dessous des prévisions et cela a plutôt tendance à diminuer. Mais il faut rester très prudent.

 

  • Quelle organisation a été mise en place pour assurer cette mission de “contact tracing” à la CPAM ?

Thierry Lefèvre. Au total, quarante cinq volontaires de la CPAM, du service médical de l’Assurance maladie, et du Centre de prévention et de santé publique d’Indre-et-Loire ont été formés pour assurer cette brigade sanitaire de 8h à 19h, week-ends et jours fériés compris, afin d’appeler les malades et leurs cas contact dans la journée. La majorité de ces appels sont passés en télétravail. La charge de travail a été moins importante que prévu, donc on n’a pas eu besoin de déployer tous nos effectifs. En revanche, si l’épidémie repart à la hausse, nous sommes capables de remobiliser nos équipes, voire d’aider un département voisin, s’il est débordé.

 

  • Dans une période de forte suspicion autour du traitement des données personnelles, comment est assurée la confidentialité des éléments recueillis ? 

Thierry Lefèvre. La CPAM a l’habitude de gérer des données confidentielles. Tous nos agents sont soumis au secret professionnel, et formés au secret médical. Seuls le nom et les coordonnées du "patient zéro" à contacter sont précisés sur la fiche transmise par les médecins. Mise à part la déclaration de la maladie, nous n’avons pas d’éléments de nature médicale à notre disposition. Cela reste entre le patient et son médecin. Dans les jours qui viennent, la Cnil va d’ailleurs procéder à des audits auprès de l’Assurance maladie pour vérifier que tout est conforme.

 

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