Des polluants éternels retrouvés dans l'eau que nous buvons ? C'est l'enquête menée par les associations UFC-Que Choisir et Générations Futures en 2024. Parmi les 30 communes testées en France, 29 sont polluées, dont 3 dans la région. Focus à Tours (Indre-et-Loire) sur ces polluants éternels très dangereux pour la santé.
Tours, Vendôme, Fleury-les-Aubrais, ces trois villes de la région Centre-Val de Loire ont un point commun : la présence de PFAS. Ces polluants éternels ont été détectés dans l'eau du robinet. Les associations UFC-Que Choisir et Générations Futures ont mené une campagne d'analyse en 2024. Résultat : sur 30 communes en France, 29 d'entre elles sont polluées, dont trois dans la région.
À Tours, Jean-Marc Pérarnau, médecin retraité et bénévole UFC Que Choisir, a réalisé le prélèvement en suivant un protocole précis. Puis, un laboratoire spécialisé a testé la présence de 33 molécules sur des milliers existantes : du TFA (acide trifluoroacétique) a été retrouvé : 120 ng/l, ainsi que 9 autres PFAS à des taux entre 1,1 et 10 ng/l.
Même si en France ces taux respectent les normes, ils sont mauvais pour la santé : "La toxicité est cumulative, ces petites doses s'additionnent dans l'organisme sans être dégradées".
Des risques de cancers ou encore d'obésité...
Pour cet ancien professionnel de santé, la présence de PFAS, largement répandu dans l'environnement, peut poser des problèmes sur le long terme.
"Dans la durée, les PFAS peuvent occasionner des risques de cancer au niveau du testicule et du rein, des troubles du métabolisme, c'est-à-dire une surcharge en graisse du foie, une baisse de la fonction de la thyroïde. Ils peuvent aussi provoquer une altération au niveau de la fertilité", souligne Jean-Marc Pérarnau.
Pour le fœtus, quand la mère a été exposée à des taux chroniques, on peut craindre une baisse de l'immunité chez l'enfant qui va naître : il va réagir de manière moindre au vaccin.
Jean-Marc Pérarnau, médecin retraité et bénévole UFC Que Choisir
Des seuils incohérents en France
"Cette étude révèle la présence de PFAS à des taux acceptables selon la norme française, mais bien supérieur à certaines normes retenues par d'autres pays", explique Jean-Marc Pérarnau. Pour cette enquête, la norme a donc été baissée pour correspondre à celle d'autres pays européens comme "le Danemark ou la Suède qui sont beaucoup plus vigilants sur la présence de PFAS, ce qui rend le prélèvement hors norme".
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En 2026, la France appliquera des seuils réglementaires dans l'eau potable pour 20 PFAS. Un seuil jugé trop laxiste pour le député écologiste d’Indre-et-Loire, Charles Fournier.
Nous avons des seuils incohérents, si nous prenons ce que propose l'Union européenne, à Tours ça passe, mais si vous prenez les normes américaines ça ne passe plus, si vous prenez la norme danoise, c'est la catastrophe.
Charles Fournier, député les écologistes d’Indre-et-Loire
Pour ce député, les législations ne sont donc pas assez solides. "Depuis les années 50, on connait le sujet, on en retrouve partout, il y a une pollution généralisée, et aujourd'hui, nous n'avons toujours pas de législation robuste".
Certains polluants éternels se retrouvent encore dans l'eau captée dans la nappe alluviale de la vallée de la Loire.