Avant Amboise, comment la ville de Montbazon a, elle aussi, été confrontée à l'éboulement de sa forteresse

Depuis 2001, la forteresse de Montbazon est en proie aux éboulements. Le dernier date de 2019 et il avait conduit au relogement de riverains. Six ans plus tard, l'heure est toujours au sauvetage du monument. Une problématique similaire à ce que vit actuellement Amboise avec son château.

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"Procédure de mise en sécurité - procédure d'urgence", est-il inscrit en lettres capitales sur un document accroché au niveau du rempart sud du château Royal d'Amboise. Il s'agit d'un arrêt de la municipalité pris ce vendredi 31 janvier, pour cause de "péril imminent". 

Ce jour-là, des fissures ont été remarquées sur cet endroit de l'édifice et elles représentent "un risque grave de ruine" d'après la mairie. Le risque ? L'éboulement de 1 500 à 6 000 tonnes de remblais de terres et de pierres dans la rue adjacente. 

Les remparts ont donc été mis sous surveillance, des expertises ont été lancées et, à la suite de l'arrêté, les quelque 80 personnes habitant au pied du château ont été évacuées et relogées en urgences. Un triste sort qui a peut-être permis d'éviter le pire. Et ce mardi 3 février, dans la soirée, à l'issue d'une réunion, les délogés ont appris, selon La Nouvelle République, qu'ils ne pourraient rentrer chez eux avant trois mois, en raison des longs travaux nécessaires. Et cela reste le scénario le plus favorable, car désormais, les dernières mesures laissent craindre qu'un éboulement puisse survenir à tout moment.

Le samedi 14 décembre 2019, un morceau de la muraille, de plusieurs tonnes, entourant la forteresse, s'encastre dans une ruelle de Montbazon, en Indre-et-Loire. © Cyril Deville / France Télévisions

Parce qu'une trentaine de kilomètres plus loin, à Montbazon, le "risque" a laissé place à l'effondrement sans prévenir... Ou presque : depuis 2001, le coteau de la forteresse s'est écroulé à trois reprises. Et la dernière fois, c'était le samedi 14 décembre 2019. 

D'abord, 20m² de coteau étaient tombés au 54 rue des moulins. Il était quatre heures du matin. Une première frayeur pour les riverains. Les pompiers étaient intervenus dans la foulée et les dégâts n'étaient pas très importants. C'est ensuite que ça s'est corsé. 

Vers 18 heures 30, ce même jour, des tonnes et des tonnes de pierres et de terres s'étaient effondrés au pied de la falaise, impactant plusieurs maisons. Quelques jours après ce drame, nous avions rencontré Maxime, un riverain sinistré. 

Plusieurs centaines de mètres cubes de roche avaient investi son logement. "Maintenant, ma maison est inhabitable", s'était-il désolé à notre micro. 

Retrouvez le reportage de E.Cocq et Q.Cézard sur place le 17 décembre 2019

Les Montbazonnais sinistrés n'ont effectivement jamais pu revivre dans leur logement. En 2021, soit 21 mois après l'éboulement, la mairie a pu racheter les cinq maisons touchées pour indemniser les propriétaires à hauteur du prix de leurs logements avant la catastrophe.

La municipalité a pu se le permettre en s'appuyant sur le fonds Barnier. Un fonds d'indemnisation national issu des assurances habitations qui a permis à la commune d'être remboursé à hauteur de 80% par l'État.

Conforter la zone

Et six ans plus tard, ce qui était autrefois le symbole de la force et de la puissance de Montbazon semble être aujourd'hui le témoin de sa fragilité. Aucune partie de la forteresse n'est encore mise à l’abri de possibles nouveaux effondrements, malgré le risque persistant.

La faute à la crise sanitaire de la Covid-19 et à des procédures judiciaires complexes, estime Sylvie Giner, la maire de la commune indroise.

On a fait les travaux d'expertise, en parallèle de la procédure judiciaire, pour que le chantier puisse démarrer tout de suite

Sylvie Giner, maire de Montbazon

à France 3 Centre-Val de Loire

Sans en dire plus quant aux conclusions de cette procédure, l'édile informe qu'elle est désormais terminée depuis peu. Un chantier de consolidation du rempart va ainsi bientôt débuter sur la zone sud. Il coûtera 1,9 million d'euros.

Une date limite a été fixée : "Les travaux devront être terminés à la fin de l'année 2025", promet l'élue. Et quant aux cinq maisons sinistrées, elles seront démolies à l'issue du chantier de consolidation. "Elles vont permettre de sécuriser la zone en cas d'éboulement pendant les travaux", précise Sylvie Giner. À noter que leurs anciens propriétaires ont tous pu être relogés de façon pérenne quelques semaines après le drame de 2019.

"En bref, on a avancé, mais pas assez vite à mon goût", confie Sylvie Giner. Elle a hérité de ce dossier en prenant la tête de la commune en 2020.

Une étude en cours

Toutefois, la municipalité de Montbazon peut se lancer dans de tels travaux seulement sur la partie du coteau dont elle est devenue propriétaire en rachetant les maisons touchées par l'effondrement. Concrètement, le reste de la forteresse, qui est privée, va demeurer dans son état actuel... fragile.

Donc, si les travaux vont permettre de mettre une partie du monument hors de danger, cela n'enlève pas le risque d'éboulement pour les autres pans du coteau. "Il y en aura d'autres, c'est évident. Mais on ne sait pas où et quand", prédit la maire.

Ne pouvant pas intervenir sur les zones privées de la forteresse, la municipalité a alors commandé une étude au syndicat intercommunal Cavité 37 pour déterminer où sont les principaux risques et le faire savoir aux particuliers concernés.

L'enquête coûte un peu plus de 23 000 euros et elle est à 50 % financée par l'État. Elle a été confiée au géologue Arthur Blachier. Il doit rendre ses conclusions à la fin du mois de juin 2025.

"L'objectif a été d'évaluer la stabilité des cavités chez ses riverains parce qu'ils ont un impact direct sur les façades de la forteresse", détaille le géologue qui s'est rendu dans chaque logement adjacent au monument pour réaliser son étude.

L'étude va permettre d'établir un plan de zonage du risque

Arthur Blachier

géologue, Cavité 37

Pour l'heure, Arthur Blachier ne souhaite pas en dire plus sur ses observations, mais il assure tout de même qu'un chantier sur la gestion des eaux serait nécessaire. "J'ai constaté plusieurs infiltrations qui fragilisent l'édifice."

Et comment les riverains pourraient-ils participer à la consolidation de la forteresse à l'extérieur ? En mettant du grillage ou des gros clous, répond le géologue.

Seulement, de tels travaux sont coûteux et ne pourront avoir lieu qu'en fonction de l'envie et, surtout, des moyens financiers des particuliers qui habitent autour de la forteresse de Montbazon.

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