En novembre, Maboula Soumahoro a été déprogrammé d'un débat au Parlement européen, après une offensive en ligne de l’extrême droite l’accusant de "racisme anti-blanc". Depuis, la chercheuse dit subir une vague de haine sur les réseaux sociaux. Elle porte plainte.
"Suprémaciste noire", "raciste", "antisémite"... C'est ainsi que certains sympathisants de l'extrême droite française décrivent l'universitaire tourangelle sur les réseaux sociaux, notamment sur X.
Maboula Soumahoro, maîtresse de conférences à la Faculté des Tanneurs à Tours, est considérée comme spécialiste des questions antiracistes par ses pairs. C'est en cette qualité qu'elle était invitée au Parlement européen pour débattre des questions d'égalité et d'inclusion au travail, le jeudi 21 novembre 2024.
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Maître William BourdonAvocat de Maboula Soumahoro
Mais la chercheuse n'a pas pu honorer le rendez-vous. À l'annonce de sa venue, des élus d'extrême droite ont demandé son retrait. "L'antiracisme n'est que le cache-sexe du racisme anti-blanc !", s'était alors insurgée Mathilde Androuët, eurodéputée du Rassemblement national, sur X et Facebook.
Une offensive qui aurait eu raison de Maboula Soumahoro. D'après son avocat, Maître William Bourdon, elle a reçu un appel du Parlement la prévenant de l'annulation du débat à la suite des pressions exercées par l’extrême droite.
Depuis, l'universitaire dit subir une vague de haine et de menaces sur les réseaux sociaux. Elle a ainsi déposé une plainte avec constitution de partie civile, le jeudi 23 janvier, à Paris. Cela pour "diffamation publique visant divers propos publiés sur les comptes X de Mmes Mathilde Androuët et Marion Maréchal", indique son avocat.
Il annonce également le dépôt d'une plainte pour menaces de mort "en raison de la réception, par l'Université de Tours, d'un message particulièrement menaçant à l'encontre" de sa cliente.
"Campagne lourdement diffamatoire"
C'est une "première victoire", s'était félicitée Marion Maréchal à l'annonce de l'annulation du débat auquel était convié Maboula Soumahoro. La députée européenne avait adressé une lettre à la présidente du Parlement pour en demander la suppression.
Dans ce courrier, elle décrit l'universitaire comme une "conférencière anti-blanc". Cela en s'appuyant sur des propos tenus par la chercheuse dans une table ronde, en avril 2016. "L’homme blanc ne peut pas incarner l’antiracisme" l'entend-on dire dans l'extrait d'une trentaine de secondes partagé par Marion Maréchal sur X.
"Pour clarifier, je ne suis pas en train de dire qu’on ne peut pas être blanc et antiraciste, je dis simplement qu’on ne peut pas nier l’expérience des personnes qui sont le plus durement et directement frappées et touchées par le racisme", a précisé la maîtresse de conférences après sa formule choc. Un passage coupé dans l'extrait diffusé par l'eurodéputée.
Retransmission vidéo de la table ronde de 2016 dans son entièreté. Maboula Soumahoro élargit son propos à la 43e minute.
Dans sa plainte, Maboula Soumahoro accuse donc des figures de l'extrême droite, dont Marion Maréchal, d'avoir mené une "campagne lourdement diffamatoire" à son encontre.
Maître William Bourdon indique par ailleurs que ce n'est pas la première fois que sa cliente est la cible de l'extrême droite. "Et ça ne sera pas nous plus la dernière fois", déplore l'avocat.