Ils sont partis fin août pour six mois avec leurs quatre enfants pour un voyage à travers les Amériques. Un projet familial réfléchi de longue date, pour découvrir, profiter et se déconnecter du quotidien. Une parenthèse pour apprendre à prendre le temps.
Loin des normes, loin de la mode
C'est l'histoire d'un couple et de leurs 4 enfants partis outre-Atlantique. Aude et Vincent, mariés depuis une quinzaine d'années, avaient prévu ce voyage depuis leur rencontre, un jour...ils partiraient. Ils avaient tous les deux intimement ce souhait : vivre quelque chose de "pas banal" pour sortir de leur zone de confort.Nous voulions vivre entièrement ce rêve pour ne pas regretter inéluctablement le temps qui passe, nous confie par téléphone à l'autre bout du monde Vincent. Sa femme, Aude, va plus loin : On voulait partir loin des normes, loin de la mode, loin des portables. Nous ne sommes pas partis pour fuir la vie quotidienne, nous serons contents de la retrouver dans quelques mois.
La gentillesse des Canadiens et le spectacle grandiose des parcs
Envolés le 8 août direction Halifax, à l'est du Canada, pour retrouver leur meilleur ami du séjour, leur camping-car. Six mois de voyage, cela devrait être assez court, rien ne devrait leur manquer. A peine arrivés, les canadiens sont à la hauteur de leur réputation : un couple leur propose de l'aide.Leur périple, Aude a pris le temps de le raconter dans un blog "6 pas et 4 roues"; le quotidien d'une famille ordinaire ou presque. Le plus difficile étant de s'y tenir bien sûr et de capter une connexion internet pour partager avec leur famille photos et vidéos de ce fabuleux voyage.Compagnons d'infortune, ils nous ont proposé de nous aider et d'aller récupérer le camping-car, ce qui s'est avéré fort utile, vu la complexité des formalités administratives ! Un grand merci à Thomas et Emma, nous confient Aude et Vincent. Les canadiens sont très accueillants, et ne manquent pas de s'étonner devant notre petit camping-car immatriculé en France.
Dans le camping-car, Aude et Vincent donc mais aussi Paul 13 ans, Clémence 11 ans, Martin 9 ans et Octave 6 ans. Très rapidement, la petite troupe trouve ses repères dans le véhicule où les espaces de vie sont particulièrement exigus. Les personnes rencontrées sur leur chemin sont d'ailleurs particulièrement surprises par l'habitat roulant de cette grande famille française réunie dans 7 petits mètres de long.Après, c'est quand même une contrainte mais je suis heureuse de le faire, nous le garderons en souvenir. Vincent, lui, a choisi de tenir un journal de bord avec des précisions sur la route, la météo, l'itinéraire.
Certaines personnes nous demandent comment se passe le quotidien à 6 en camping-car ? Et bien parfaitement ! Même si parfois il y a des petites tensions inévitables… S’il est vrai qu’il faut composer avec certaines contraintes, comme la nécessité de limiter la consommation d’eau, les tours de vaisselles, les douches qu’il faut prendre dans les campings, les ronflements du voisin ou autre, le camping-car c’est avant tout l’aventure et la liberté d’aller et venir comme bon nous semble, et sans valises à faire ! Et puis c'est inédit de passer autant de temps avec ses enfants, 24 heures sur 24. On se découvre un peu plus chaque jour. Nous vivons en communauté où chacun tient son propre rôle.
Dès leurs premiers jours au Canada, la famille est marquée par leur rencontre avec les baleines du Saint-Laurent. Des baleines, des bélougas, des rorquals observables à quelques centaines de mètres seulement. Après Quebec, direction Ottawa pour répondre à l’invitation de Guilhem et de Violène, rencontrés quelques jours plus tôt à Fredericton. Puis ce sont les "Niagara falls", étape aussi incontournable que spectaculaire avant de rentrer aux Etats-Unis. Le véhicule reprend la route pour le coeur des USA, Salt Lake City. Ils ont donné rendez-vous à Ben et Sabrina, une famille originaire de Nantes, croisée par hasard à Yellowstone. Ils voyagent eux aussi avec leurs 4 enfants. Une belle rencontre, une parmi tant d'autres.
En Californie, les camping-cars ne sont pas les bienvenus. Ils seront délogés de leur emplacement à plusieurs reprises en pleine nuit. Même sur l'un des refuges secours officiels, les parkings du géant Américain de grande distribution, Woolmart, il n'est pas possible de rester stationner ! Mais la beauté des grands-parcs prendra finalement le dessus. "C'est dingue, il y a des bisons partout". Et la petite troupe poursuite sa route : Santa-Cruz, Santa Barbara...des noms mythiques.
Nous reprenons la route après 3 jours direction Ventura. On y retrouve des amis pour la plus grande joie de tout le monde, et les vagues sont enfin au rendez-vous ! Nous voilà donc partis pour 4 jours de plage, surf, apéros , plage et re-surf... je précise qu’au milieu de ce programme pas très sérieux pour un mois d’octobre, les enfants travaillent quand même un peu tous les jours, entre 1h et 1h30.
C'était un des objectifs du séjour, la pratique du surf. Une passion pour Vincent transmise à ses enfants. Ils ne seront pas déçus, le long de la côte ouest ils trouveront de nombreux spots exceptionnels. Les derniers jours aux Etats-Unis, le temps de croiser Cindy et Arnaud, d'autres tourangeaux et leurs trois enfants installés à San Diego pour deux ans....et le périple reprend vers le sud.
Au Mexique, les routes sont dans un mauvais état. La famille redoute un peu. Le passage de la frontière est long et pénible : la douane procède à de longues vérifications de l’identité des quatre enfants. Hormis une nuit où ils n'étaient pas très sereins, le séjour se déroule sans encombre.
Dès que tu dis que tu es Français, les gens se détendent et son beaucoup plus cools, confie Aude. On a grillé un stop à La Paz, ce qui nous a valu une petite Conversation avec la patrouille de Police postée en embuscade juste dernière nous. Le policier nous explique que nous avons le choix entre aller au poste de police pour payer une amande de 100 dollars, ou payer tout de suite 500 pesos en cash (25 euros)... Au final après discussion, nous nous sommes entendus sur 300 pesos (15 euros). Ç’est quand même particulier de négocier son amende.. on se serait cru au marché !
Arrivés au Guatemala, agréable surprise. Ils ne savaient pas combien temps ils allaient rester et avaient peu d'avis sur la destination. Mais finalement, ce pays est particulièrement préservé du tourisme de masse et puis ils sont accueillis très chaleureusement.
Les copains, sa chambre, son boulot : ces choses qui leur manquent
Alors bien sûr après quelques semaines passées à bord du camping-car, il y a des choses qui manquent. Pour Paul, l'aîné de la fratrie, aucune hésitation, ce sont les copains. Il faut dire qu'à 13 ans, au moment où l'on commence à se construire, on aimerait peut-être partager des moments avec les amis plutôt qu'avec les parents.Pour Clémence qui a fêté son 12e anniversaire en Californie, même tendance mais il n'y pas que cela : à ce moment-là du voyage, elle aimerait savourer une baguette de pain. Martin ne répondra pas à la question intimidé par les conditions de l'interview. En revanche pour Octave, le petit dernier, pas l'ombre d'un doute : sa chambre, ses jouets et un petit-déjeuner tôt dans la journée pour ensuite pouvoir avoir un véritable goûter. Car c'est vrai, en vacances ou plutôt en voyage, on a tendance à se lever un peu plus tard et à vivre en décalé à l'heure espagnole.
Reste les parents. Pour Aude, cadre de santé, rien d'évident même s’il a bien fallu s'habituer au fait de ne pas prendre de bonnes douches chaudes ! Mais ce voyage lui a ouvert les yeux : elle va fera autre chose en rentrant à Tours. Elle choisira sans doute une autre voie professionnelle encore plus tournée vers les autres. Vincent quant à lui a la nostalgie du boulot. Chirurgien orthopédique à l'hôpital d'Amboise, l'ambiance du bloc opératoire lui manque; les patients et les collaborateurs un peu aussi. Il a réussi à se faire remplacer pour ce long périple de six mois et retrouvera son poste en rentrant, un des avantages de la fonction publique.
Et l'école dans tout cela ?
Ce voyage mûrement réfléchi n'est pas sans conséquence sur la scolarisation des enfants. Si pour Martin et Octave, les plus petits, leur place est garantie dans leur établissement scolaire quand il rentreront, ce n'est pas le cas de Paul et de Clémence. Chaque jour, en vacances, il faut donc travailler, prendre le temps de s'instruire par correspondance via le CNED; le centre national d'enseignement à distance."On avait un peu sous-estimé le contenu des programmes. Il ne faut pas trop mollir et travailler chaque jour 1 à 2 heures", avoue Aude. Heureusement, dès la côte ouest des Etats-Unis, la météo était plus clémente et il était donc facile de se mettre à l’écart au calme en dehors du camping-car… Une fois rentrés en France, il faudra quand même se soustraire à des tests dispensés par la direction du collège. Si le cadre est souvent idyllique pour travailler, cela met tout de même un peu la pression aux enfants…et à leurs parents!