Le député de Tours Charles Fournier et le patron de Total, Patrick Pouyanné, se sont écharpés sur Twitter autour de la rémunération de l'entrepreneur. Une discussion qui a catalysé les soutiens aux "créateurs d'emplois" d'un côté, et les demandeurs d'un meilleur partage des richesses en temps de perte de pouvoir d'achat de l'autre.
"Je suis fatigué de cette accusation". Sur Twitter, Patrick Pouyanné se livre ce mardi 18 octobre à l'exercice de la transparence : en réponse à un tweet réitérant une énième fois son augmentation de salaire de 52% entre 2020 et 2021, le patron de TotalÉnergies a voulu se défendre : "Voici la vraie évolution de ma rémunération depuis 2017 - elle est constante sauf 2020 car j'ai volontairement amputé mon salaire", face aux résultats en baisse de l'entreprise. De quoi lui assurer, malgré tout, un salaire de près de 4 millions d'euros en 2020.
Un tweet qui a recueilli quelques (timides) messages de soutien. "Il ne faut pas oublier les milliers de personnes que vous faites vivre", écrit un internaute. "Benzema gagne plus du double que vous, qui avez à gérer plus de 100 000 employés. Mais ce sera toujours vous le salaud de capitaliste, quoique vous disiez", lance un autre.
"Un bel élan de solidarité"
Pourtant, dans l'ensemble, les réactions au tweet de Patrick Pouyanné vont de la moquerie à la critique frontale pure et simple. "Tout mon soutien", ironise le streamer Antoine Daniel. L'humoriste radiophonique Guillaume Meurice écrit de son côté : "Ton histoire m'a ému, Patrick." Avant de donner le lien vers une cagnotte Leetchi (à forte teneur humoristique), soulignant un "bel élan de solidarité" face à la récolte de 28 euros.
Côté politique aussi, les réactions se sont enchaînées, des insoumis Clémentine Autain et François Ruffin, au député Europe Écologie-Les Verts de Tours, Charles Fournier. "Un PDG mérite-t-il vraiment de gagner plus de 380 fois le SMIC par mois ?", s'interroge-t-il ainsi.
D'autant que le tweet de Patrick Pouyanné répondait directement à un tweet du même Charles Fournier, critiquant "les droites" qui "crient à la réquisition et s'attaquent au droit de grève" tout en "ne disant rien quand Patrick Pouyanné s'augmente de 52%". "C'est quand même fou cet échange, non ?", s'étonne-t-il auprès de France 3, se réjouissant de "la volée de bois vert" récoltée par le patron de Total après son tweet.
"Il incarne tout ce qui nous pose problème"
Pour le parlementaire, ces échanges illustrent "le manque de débat sur les salaires, et les divisions profondes qui existent dans notre société sur la question du partage des richesses".
Quelqu'un a écrit qu'il fait vivre 100 000 personnes. Mais l'inverse aussi ! C'est la force du travail qui lui permet d'être là où il est.
Charles Fournier, député EELV d'Indre-et-Loire
Charles Fournier regrette ainsi que "les actionnaires ne décident pas la baisse de sa rémunération", comme un symbole, une "contribution" même minime "quand beaucoup peinent à boucler les fins de mois".
Ayant défilé lors de la marche contre la vie chère ce dimanche 16 octobre, et échangé avec des manifestants ce mardi 18, le député raconte que "Pouyanné était très présent chez ceux qui marchaient". Car le patron de Total "incarne presque à lui tout seul ce qui nous pose problème" : à la fois "la vie chère et le dérèglement climatique" :
On dit souvent que la paye est liée aux responsabilités. Eh bien ses responsabilités écologiques n'ont pas rayonné.
Charles Fournier, député EELV d'Indre-et-Loire
Depuis ces échanges sur Twitter, Patrick Pouyanné n'a rien écrit de plus sur sa rémunération. Probablement vacciné par les retours -au mieux tièdes- qu'il a recueillis.