Sur le modèle du Dry January, pour l’alcool, le Veganuary est un autre défi de janvier : adopter, pendant un mois une alimentation végétale et renoncer aux protéines animales. Samedi 11 janvier à Tours, l'association L214 propose sur ce thème une chasse au trésor gourmande, en lien avec des commerces locaux.
L214 supervise en France cette 5ème édition du Veganuary. L'association de protection animale veut croire en une transformation de notre paysage alimentaire : l'offre végétale est en train de s'étoffer, dans les grandes surfaces, comme dans les restaurants. Et un nombre record d'entreprises participe à cette édition.
"Il n'a jamais existé autant de possibilités, traditionnelles ou innovantes, pour végétaliser notre alimentation, se réjouit Alexandra Coché, responsable de la campagne Veganuary pour L214. Il est temps à présent de sortir l'alimentation végétale d'un segment de niche et d'accélérer cette transition. Le Veganuary est une occasion précieuse de sensibiliser le grand public, mais également de mobiliser les acteurs de l'agroalimentaire et les pouvoirs publics."
Dans un pays où la gastronomie est reine, et dont les plats emblématiques sont toujours à base de viande, le message du veganuary n'est pas forcément évident à transmettre.
"Ce défi est l'aoccasion de découvrir l'alimentation végétale, poursuit Alexandra Coché. Oui, il est difficile de changer ses habitudes du jour au lendemain, mais en y allant pas à pas, en se faisant accompagner, c’est beaucoup plus simple. En plus, il y a un côté ludique puisqu’on se lance un challenge."
Mettre fin aux cruautés envers les animaux
Mais pourquoi, au juste, faudrait-il se passer d'une alimentation carnée ? Ou, plus simplement, réduire dans un premier temps sa consommation de viande (adopter un régime flexitarien) ?
Pour une association telle que L214, qui dénonce les maltraitances à travers des vidéos tournées dans des élevages intensifs ou des abattoirs, le bien-être animal est évidemment la priorité :
Les questions éthiques liées aux souffrances qu’on inflige aux animaux sont primordiales. En faisant ce défi sur un mois, on épargne en moyenne 30 animaux. Rien qu’en France, 3 millions d’animaux sont tués chaque jour, voilà pour l’étendue du massacre…notre association s’est fixée pour objectif de réduire le nombre d’animaux tués de 50% d’ici à 2030.
Alexandra Coché, Resp. Veganuary pour L214
Lutter contre le réchauffement climatique
Mais le bien-être animal est loin d'être le seul enjeu d'un changement de nos habitudes alimentaires. Dans un monde en proie au réchauffement, notre modèle de consommation actuel nous mène droit à la catastrophe. À lui seul, le secteur de l'élevage a plus d'effets sur le climat que l'ensemble des modes de transport :
"L’élevage représente plus de 14 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Ce secteur d’activité émet notamment du méthane, issu de la fermentation dans l’estomac des animaux lors de leur digestion, et du protoxyde d’azote, issu de la fertilisation des champs de blé, de maïs et de soja destinés à nourrir les animaux. En moyenne, dans le monde, produire 1 kg de viande de bœuf revient à émettre plus de 46 kg d’équivalents CO2 dans l’environnement."(source : FRB, Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité, art. "Je repense ma consommation de viande")
"L'alimentation représente 24% de l'empreinte carbone d'un français, le poste le plus important, reprend Alexandra Coché. Mais c'est un levier qui n'est pas du tout utilisé par les pouvoirs publics. On parle beaucoup des transports, de l'énergie, mais on ne parle pas de la transition alimentaire. C'est un consensus scientifique, pas une lubie de L214. Si on veut limiter le réchauffement climatique, il faut vraiment réduire drastiquement la consommation de produits d'origine animale."
Outre l'impact sur le climat, l'élevage, et particulièrement l'élevage intensif (qui représente 80 à 90% de notre consommation de viande), est désatreux pour l'environnement et la biodiversité.
"Ces perspectives de changement du comportement alimentaire sont d’autant plus cruciales que la production de viande à grande échelle accapare les terres. À l’heure où la biodiversité subit la perte et la dégradation des habitats naturels, les animaux domestiques pâturent sur plus d’un quart de la surface des continents (hors glaciers), et un tiers des terres arables sont consacrées à cultiver leur alimentation. Au total, l’élevage occupe 70 % de toutes les terres agricoles et 30 % de la surface terrestre globale, et motive une grande partie de la déforestation dans des régions comme l’Amazonie." (source FRB)
Pour compléter le tableau, ajoutons que l’élevage contribue à la disparition des espèces sauvages par l’accaparement des ressources en eau. En comptant l’eau bue par les animaux ainsi que le volume utilisé pour cultiver leurs aliments, il faut plus de 15 400 litres pour obtenir un kg de viande bovine.
Préserver sa santé
S'il fallait encore un argument pour convaincre le public d'essayer, au moins, de réduire sa consommation de viande, L214 rappelle qu'une alimentation végétale est aussi bonne pour la santé. La surconsommation de viande, en particulier de viande rouge, augmente le risque de développer certaines maladies (cancer du côlon, maladies cardio-vasculaires, obésité ou diabète de type 2). L'OMS classe la viande rouge parmi les cancérigènes probables chez l'humain et les viandes transformées, comme la charcuterie, parmi les cancérigènes certains.
A Tours, ce samedi 11 janvier, les habitants simplement curieux ou souhaitant relever le défi du Veganuary pourront rejoidre les militants de L214 sur la place Jean-Jaurès, de 10 à 18h. Ils seront invités à participer à une "chasse au trésor" afin de découvrir l'offre végétale proposés par les commerces participants du centre-ville.