“Il faut terroriser les trafiquants” : Gil Avérous revient sur sa position sur la dépénalisation du cannabis

Entre un soutien affirmé à droite, un revirement sur la dépénalisation du cannabis et un bilan sur ses trois mois au ministère, Gil Avérous, maire de Châteauroux (DVD) et ancien ministre des Sports, était l’invité de “Dimanche en Politique”. Retour sur les moments forts de son intervention.

Seulement trois mois au ministère des Sports. Ce dimanche 20 janvier, Gil Avérous était l’invité de Xavier Naizet dans l’émission “Dimanche en Politique” sur France 3 Centre-Val de Loire.

Ex-membre des Républicains, le maire de Châteauroux a quitté le parti en décembre 2023 en désaccord avec sa direction, mais sans rejoindre une autre formation politique. Retour sur ses déclarations marquantes.

Un bref passage au ministère des Sports

Nommé ministre des Sports en 2024 sous le gouvernement de Michel Barnier, Gil Avérous n’a occupé ce poste que pendant trois mois, une durée particulièrement courte pour un ministère venant tout juste de terminer les Jeux Olympiques de 2024.

Malgré cette brièveté, il affirme avoir travaillé sur plusieurs dossiers importants, notamment la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.

Il a participé à la 5ème Convention nationale de prévention des violences dans le sport, où il a mis en avant "Signal-Sport", une plateforme destinée à recueillir les signalements de violences dans ce domaine. 

Gil Avérous a également contribué à la préparation des Jeux Olympiques d’hiver de 2030.

Lors d’un déplacement à Vannes le 28 septembre 2024, il avait assuré que la garantie financière de l’État pour ces Jeux, prévus dans les Alpes françaises, ne posait aucun problème.

Ministre et maire 

Durant son mandat ministériel, il a conservé ses fonctions locales, notamment celle de maire de Châteauroux.

Ce choix, selon lui, n’était pas lié à la durée anticipée de son poste ministériel, mais à son désir de maintenir un ancrage local.

Je pense que c’est salutaire d’avoir des élus nationaux qui gardent une réalité avec le terrain.

Gil Avérous, maire de Châteauroux (DVD) depuis 2014 et ancien ministre des Sports

Il souligne l’importance de garder un contact direct avec les citoyens pour éviter la déconnexion souvent reprochée aux responsables nationaux.

Il s’est également prononcé en faveur du cumul des mandats local et national, mais avec une seule rémunération, pour préserver cette proximité avec les électeurs.

Un revirement sur la dépénalisation du cannabis

Autrefois favorable à la dépénalisation du cannabis, Gil Avérous a changé de position face à l’évolution rapide du trafic de drogue, marqué par une professionnalisation croissante selon lui.

"Je soutiens pleinement la politique de Bruno Retailleau. La dépénalisation aurait pu être une solution il y a quelques années, mais aujourd’hui, le trafic est devenu un enjeu financier majeur," a-t-il déclaré avant d'affirmer être contre la dépénalisation du cannabis à présent.

Je ne suis plus favorable à la dépénalisation du cannabis. La situation s’est tellement aggravée qu’il faut désormais frapper fort et terroriser les trafiquants.

Gil Avérous, maire de Châteauroux (DVD) depuis 2014 et ancien ministre des Sports

L’ancien ministre des Sports a fait notamment référence à la célèbre déclaration de Charles Pasqua : "Il faut terroriser les terroristes" alors qu’il occupait le poste de ministre de l’Intérieur du gouvernement de cohabitation du Premier ministre Jacques Chirac.

Dépénalisation du cannabis : face au narco-trafic, « désormais, il faut taper fort (…), il faut terroriser les trafiquants », estime @GilAverous pic.twitter.com/ho9iRXbZL3

— France 3 Centre-Val de Loire (@F3Centre) January 12, 2025

Pour Gil Avérous, cette approche doit maintenant s’appliquer aux trafiquants de drogue.

Initialement favorable à une expérimentation locale à Châteauroux, il a justifié son revirement par l’augmentation du taux de THC dans le cannabis, renforçant selon lui la dépendance. 

Selon un rapport de l’Observatoire français des drogues et de la toxicomanie (OFDT), qui mesure le taux de THC du cannabis saisi depuis les années 2000, le taux moyen de THC dans les résines saisies a en effet augmenté ces dernières années, il était de 6% en 2000 contre 26% en 2018. 

Le trafic s’est professionnalisé, passant de simples réseaux de stupéfiants à un véritable narco-trafic, avec une ‘mexicanisation’ de la situation, comme l’a dit Bruno Retailleau

Gil Avérous, maire de Châteauroux (DVD) depuis 2014 et ancien ministre des Sports

Cette déclaration de Gil Avérous fait référence au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a récemment évoqué le risque de "mexicanisation" du narcotrafic en France, bien que le niveau de violence et de corruption reste inférieur à celui du Mexique.

Bien que le terme de "mexicanisation" soit utilisé, la comparaison a ses limites.

En 2018, le Mexique a enregistré environ 33 000 morts liées au narcotrafic, contre 315 homicides ou tentatives liés au trafic de stupéfiants en France en 2023. Le taux d’homicides reste nettement plus élevé au Mexique, avec 23 pour 100 000 habitants, contre 1,5 pour 100 000 en France. 

La France se place toutefois largement en tête des pays européens pour la consommation de cannabis alors que sa politique est une des plus répressives en Europe. Selon l’Agence de l’Union européenne sur les drogues (EUDA), 47,3 % des personnes âgées de 15 à 64 ans en 2021 en France avaient déjà consommé du cannabis au moins une fois dans leur vie contre 47,3% en Italie ou encore 12,1% en Pologne.

Un soutien de Michel Barnier, une figure de la droite

Le maire de Châteauroux a affirmé son soutien à l’ancien Premier ministre Michel Barnier, le qualifiant de leader capable de rassembler et de stabiliser le gouvernement.

"Michel Barnier avait un profil capable de rassembler et de stabiliser le gouvernement, mais il n’a malheureusement pas obtenu le soutien nécessaire des autres partis ”, a-t-il regretté.

Selon Gil Avérous, le président de la République a dû faire face à une tâche difficile en cherchant un chef capable d’unifier les diverses forces politiques. 

Le choix de Michel Barnier offrait une perspective de stabilité gouvernementale, mais les négociations budgétaires ont prouvé que cela n’a pas suffi.

Gil Avérous, maire de Châteauroux (DVD) depuis 2014 et ancien ministre des Sports

Il a ajouté que la chute du gouvernement était due à l’incapacité de convaincre les partis d’opposition de ne pas voter la motion de censure, malgré les nombreuses concessions déjà faites par Barnier.

"Michel Barnier a refusé de céder davantage, surtout sur la maitrise des dépenses publiques, et je pense qu'il a eu raison de rester droit dans ses bottes" alignant ainsi ses positions sur celles de Michel Barnier.

Le maire de Châteauroux a également insisté sur l’importance de maintenir un équilibre politique, particulièrement dans un contexte d’instabilité.

Les Jeux Olympiques à Châteauroux : Un tremplin pour l’événementiel

Selon Gil Avérous, les Jeux Olympiques ont offert à Châteauroux une reconnaissance précieuse en tant que territoire capable d’accueillir des événements de grande envergure.

L’année prochaine s’annonce particulièrement riche, avec notamment le passage du Tour de France

Gil Avérous, maire de Châteauroux (DVD) depuis 2014 et ancien ministre des Sports

La ville sera également l’hôte de deux importantes compétitions de tir : les Championnats de France en janvier et les Championnats d’Europe en juillet.

En outre, Châteauroux accueillera pour la première fois un match de rugby du TOP 14 au stade Gaston-Petit.

Il se félicite que cette effervescence événementielle soutient désormais une économie touristique et de restauration en pleine expansion : “En 2025, la ville prévoit d’organiser plus de 500 événements, entraînant une hausse significative des nuitées hôtelières. De 200 000 nuitées en 2014, Châteauroux est passée à près de 350 000 cette année, créant une dynamique économique nouvelle pour un territoire rural comme l’Indre”

Un regard sur Jean-Marie Le Pen

Gil Avérous a reconnu l’impact durable de Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front National, sur la scène politique française. “Incontestablement, Jean-Marie Le Pen a marqué l’histoire politique de notre pays de manière durable”, a-t-il affirmé.

Cependant, il a tenu à réaffirmer son opposition constante aux idées du Rassemblement National : “Leurs idées sont celles que j’ai combattues et que je combats toujours,” a-t-il martelé.