L'eau en 2050 : pourra-t-on irriguer les cultures ? Un rapport demande un changement de cap de l'agriculture française

L'organisme France Stratégie, comité d'expertise sous la houlette du premier ministre, a rendu public, ce mardi 21 janvier, son rapport sur la demande de la France en eau à l'horizon 2050. Tous les secteurs d'activité seront sollicités par une obligation de sobriété et tout particulièrement l'agriculture.

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La mission a été confiée à France Stratégie à l'automne 2023 par la Première ministre de l'époque Elisabeth Borne.

18 mois plus tard, c'est à François Bayrou qu'a été remis ce rapport, inédit par son ampleur, sur la demande en eau dans un quart de siècle. 

Le document est sur le bureau du premier ministre depuis ce lundi 20 janvier, mais c'est ce mardi 21, 24 heures plus tard, que France Stratégie en a expliqué l'ensemble des résultats au cours d'une conférence à Paris.

Cette explication de texte met l'accent, voire la pression, sur l'agriculture.

Il faut un changement de cap de l'agriculture française

Dans tous les scénarios étudiés, évolution du climat, frugalité de consommation, développement démographique, l'industrie et le nucléaire semblent en mesure de s'adapter à la raréfaction de la ressource en eau.

L'agriculture, à travers l'irrigation des cultures, reste en revanche une préoccupation majeure.

Il n'y a pas de tendance positive en la matière, car le changement climatique attendu entraînera, à coup sûr, "une augmentation de la demande en eau d’irrigation si on veut maintenir les mêmes rendements" selon Hélène Arambourou, l'une des signataires du rapport.

France Stratégie imagine même une forte augmentation des terres irriguées, en raison de l'impact du réchauffement climatique d'ici à 2050.

Cette expansion de l'irrigation pourrait, selon France Stratégie, accroître de 40 à 100% la totalité des prélèvements d'eau du secteur agricole.

Le rapport demande donc un changement de cap de l'agriculture française avec l'introduction massive de l'agroécologie, impliquant des réductions d'engrais, de produits phytosanitaires et d'apports en eau.

La réaction du monde agricole

Elle n'a pas tardé par la voix du vice-président de la fédération des chambres d'agriculture françaises, Luc Servant, l'un des participants à la table ronde sur les résultats du rapport de France Stratégie.

Selon lui, "les efforts des agriculteurs ont débuté au lendemain de la grande sécheresse de 1976. Aujourd’hui, des pays avec moins de ressources en eau nous inondent de fruits et légumes irrigués". 

L’agriculture tente d'être de plus en plus sobre, mais elle n'est pas une activité comme toutes les autres. Il faut privilégier notre sécurité d'approvisionnement alimentaire.

Luc Servant, vice-président de la fédération des chambres d'agriculture françaises

Les syndicats agricoles, sauf la Confédération Paysanne prônant un changement total de la production française, militent pour la préservation de l'irrigation, synonyme de valeur ajoutée pour les exploitants qui l'utilisent.

Leur demande porte sur l'acceptation de stockages, telles les bassines, pour prélever l'eau en cas d'excédent de pluviométrie.

Un argument que France Stratégie récuse en partie, puisque le rapport souligne que les retenues d'eau n'auront qu'un « effet limité » pour contenir cette hausse de la consommation d'eau agricole, à peine 6 % de prélèvements en moins lors des pics de consommation.

Par exemple, sur le bassin-versant de la Charente, en 2050, 6,8 % des prélèvements estivaux seraient décalés en période hivernale. Autrement dit, même en considérant un remplissage complet des ouvrages de substitution (bassines) leur effet demeure limité, eu égard à la demande future.

Le Centre-Val de Loire moins inquiet que le grand sud-ouest

Dans tous les types de scénarios, les prélèvements d'eau seront donc substantiellement supérieurs dans 25 ans.

Cependant, loin des estimations de la façade Atlantique, 100 à 200% de consommation d'eau supplémentaire de la Vendée au Pays basque, celles du Centre-Val de Loire sont moins pessimistes.

Elles varient tout de même entre 40 et 100% de croissance des prélèvements selon les territoires, un peu plus dans le nord et l'ouest de la région et un peu moins vers le sud du Centre-val de Loire.

La seule certitude de chacun des scénarios étudiés porte sur l’augmentation de la part de l’irrigation dans les prélèvements d'eau agricole. Cette tendance aura peu de chance d'être infirmée sur un territoire où les grandes cultures, les vergers, la vigne et le maraîchage resteront les productions majoritaires.
Cet apport supplémentaire d'irrigation induira aussi un changement dans la répartition mensuelle des prélèvements d'eau.
Ainsi, à l’horizon 2050, le rapport de France Stratégie précise que "environ 55 % des prélèvements totaux annuels seraient réalisés entre les mois de mai et de septembre, contre 41 % en 2020."

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