Les attaques de loup se multiplient en Centre-Val de Loire, l'animal s'installe-t-il pour de bon dans la région ?

C'est l'inquiétude du moment chez les éleveurs. La présence d'un loup a été avérée dans trois départements de la région, dans le Loiret, l'Eure-et-Loir et plus récemment dans le Cher. Plusieurs brebis, agneaux et veaux ont fait les frais de ce passage du loup. La situation inquiète les éleveurs qui craignent de voir le loup s'installer durablement dans la région.

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En décembre 2024, un veau à Saint-Christophe-le-Chaudry, trois brebis et deux béliers de Bessais-le-Fromental dans le Cher ont été victimes du loup. Plus récemment, ce mois-ci, six brebis et un veau ont été retrouvés morts à Loye-sur-Arnon. Un loup a même été filmé par un chasseur dans le sud du Cher à Saint-Aignan-des-Noyers le 11 janvier dernier.

Une présence confirmée officiellement par la préfecture du Cher ce mardi 21 janvier, après plusieurs actes de prédation. "Après les investigations et analyses approfondies de l'Office Français de la Biodiversité (OFB) sur le terrain, la prédation est avérée. La responsabilité du loup ne peut être écartée. Les éleveurs concernés ont été individuellement prévenus par les services de l’État", détaille un communiqué de la Préfecture du Cher ce mardi 21 janvier qui précise : "L’espèce est connue pour sa grande capacité de dispersion, en phase de recherche de territoire. Les individus peuvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres en quelques jours".

Le loup a été aperçu à plusieurs reprises dans le Loiret ces derniers jours. © Photo témoins

Le loup aussi aperçu dans le Loiret et en Eure-et-Loir

Le loup est aussi passé par le Loiret fin décembre où deux attaques ont été recensées. À Dammarie-en-Puisaye dans le Giennois, cinq brebis ont été tuées le 15 décembre, et une brebis a été retrouvée éventrée à Corquilleroy près de Montargis.

Grâce à ce cliché, l'Office français de la biodiversité Centre-Val de Loire a pu authentifier formellement la présence du loup le 21 décembre 2024 en Eure-et-Loire. © photo témoin

Sur cette photo prise par un agriculteur le 21 décembre dernier, un Loup a été aperçu dans la commune de Nottonville. Selon l'office français de la biodiversité, il s'agit d'un loup gris. Le loup n'avait pas été vu en Eure-et-Loir depuis 2020. Mais le département étant plus axé sur le céréalier que l'élevage, la présence du loup inquiète moins qu'ailleurs.

Un loup de passage ?

Au vu de l'écologie de l'espèce, c'est normal de voir du loup dans n'importe quel département français. Il y a des individus qui s'émancipent des meutes et qui sont en quête de nouveaux territoires.

Paul Hurel, de l'Office français de la biodiversité Centre-Val de Loire

"C'est donc tout à fait normal de voir sur l'ensemble du territoire français des loups de passage".

Cette nouvelle observation n'est pour l'instant pas synonyme d'une installation durable dans la région. "En fonction de la récurrence et dans le temps, on pourra se rendre compte s'il y a une territorialisation de l'individu", analyse Paul Hurel, de l'Office français de la biodiversité Centre-Val de Loire.

Car c'est la peur principale des éleveurs du Cher notamment, que le loup se soit durablement installé dans notre région, alors même que nous n'en apercevions que peu en Centre-Val de Loire. Le loup avait même disparu de notre territoire français dès le XIXe siècle, avant de refaire son apparition au début des années 90, en provenance de l'Italie.

Des mesures de prévention inefficaces en Centre-Val de Loire ?

Ce retour inquiète les éleveurs, particulièrement dans le Cher où les attaques se sont multipliées. Pour faire face au loup, les services de l'État (Préfecture, la Direction Départementale des Territoires et l'Office national des forêts), se disent mobilisés.

L'État assure notamment que des indemnisations seront attribuées dans les meilleurs délais pour les pertes subies par les éleveurs concernés. La Préfecture mise aussi sur la prévention. Pour se protéger du loup, les éleveurs ont la possibilité de se munir de chiens protecteurs comme le patou, de faire du gardiennage humain et d'installer des clôtures. Des mesures de prévention mises en avant par la préfecture, mais qui ne sont pas adaptées à notre région selon Etienne Gangneron.

"Ces outils de préventions ont été prévus pour l'élevage de montagne avec des gros troupeaux de 500, 1000 moutons ou plus que l'on peut parquer. Mais chez nous vous avez 10, 15, 20 ou 30 parcelles. Les surfaces des plaines n'ont rien à voir. C'est impossible de mettre en œuvre cette prévention à moins que les éleveurs ne passent leur journée à faire de l'entretien de clôture et de la surveillance en passant d'une parcelle à une autre".

Les patous protègent leur troupeau de tout "intrus", loup ou humain. © France 3 Provence-Alpes

Le recours à des chiens Patou serait là aussi une réponse inadaptée. "Quand vous avez dix parcelles, ce n'est pas possible. Il n'y a rien qui ne correspond réellement à nos systèmes donc cela met encore plus de panique chez les éleveurs".

S'il n'y a pas eu de loup aperçu dans le Loir-et-Cher, le préfet a tout de même pris les devants, en classant les communes du Loir-et-Cher en cercle 3, permettant aux éleveurs d'être éligibles, sous conditions, à des indemnisations, car se situant dans le périmètre de prédation du loup.

"L'indemnisation c'est un pis-aller, mais ça ne rassure pas l'éleveur sur la suite", assène le Président de la chambre d'agriculture du Cher. "On a des retours d'éleveurs qui nous disent que c'est la goutte qui fait déborder le vase et qu'ils vont arrêter", déplore Etienne Gangneron, alors même que la filière ovine était en train de remonter dans le Cher. "Ils nous disent que leur métier ce n'est pas d'empêcher des prédateurs de tuer le troupeau, mais au contraire d'élever, de faire naître des animaux, qu'ils se portent bien, de bien les soigner. Ce sont des gens qui travaillent déjà 50h par semaine et qui vont avoir encore plus de travail avec l'arrivée du loup. C'est très difficile psychologiquement".

La psychose du loup ?

Une psychose du loup est-elle en train de s'installer ? Ce qui est sûr, c'est que l'Office français de la biodiversité reçoit plus de 70 signalements du loup dans la région chaque année, 350 signalements ont été faits depuis 2016. Mais Paul Hurel précise : "Sur ces 350 signalements, seulement 15 ont été validés par l'OFB. Les gens crient facilement au loup".

Une psychose du loup qui s'explique aussi par des attaques impressionnantes et marquantes pour les éleveurs. 

Dans le Cher, c'est un veau de 300 kg qui a été attaqué à Loye-sur-Arnon. Les éleveurs sont paniqués.

Etienne Gangneron, le Président de la Chambre d'agriculture du Cher

"La réponse de l'administration n'est pas à la hauteur. On a l'impression que les moyens de prévention sont mis en place pour accompagner le développement de la présence du loup". Etienne Gangneron s'insurge : "Nous ce qu'on voudrait ce sont des moyens de prévention qui bloque l'arrivée du loup, l'empêche de se développer sur notre territoire".

Car le loup reste une espèce protégée, bien que le degré de protection du loup ait baissé le 25 septembre 2024. "L'avancée inexorable du loup n'est pas acceptée par les éleveurs". Et le sujet, presque tabou, chez les professionnels. "Il faudrait qu'il y ait une évolution réglementaire par rapport au fait que le loup soit encore protégé. Il faut un plan de contrôles beaucoup plus fort, pas n'importe comment, mais fait par des agents de l'OFB, assermentés. Qu'ils interviennent avec des battues dès qu'il y a un dégât, avec un signe tangible à destination des éleveurs de vouloir freiner la progression du loup".

Car c'est probablement là le sujet le plus sensible lorsqu'il s'agit du loup : la question de tuer certains individus pour protéger les troupeaux. "Il y a ceux qui vont rentrer dans le jeu de la prévention, d'autres qui disent qu'il faut tuer le loup même si c'est interdit… C'est toujours compliqué de parler du loup, admet Etienne Gangneron. Dès que les élections de la Chambre seront terminées, nous organiserons une réunion publique pour les éleveurs. On ne veut pas être accusé de récupération en pleine élection, mais c'est important qu'on puisse en parler".

De son côté, l'OFB précise qu'aucun lien formel ne peut être fait entre le loup aperçu en Eure-et-Loire, dans le Cher et dans le Loiret. "Il est très important de faire remonter tous les cas. Plus nous aurons de remontées et de signalements, plus nous pourrons avoir une vision de la répartition de l'espèce".

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