Cultiver du thé en Loir-et-Cher, c’est le pari qu’a fait Emile Auté il y a quelques années. 2020 est l’année qui marquera sa première récolte : 10 kilos de feuilles fraîches de Camellia Sinensis.
Emile Auté a longtemps travaillé dans la restauration avec son père et a notamment tenu un bar à cocktails. C’est à ce moment-là que tout commence : lui qui aime créer, innover et qui est toujours à la recherche de sentations gustatives pour faire des cocktails, se met à préparer ses premières infusions et autres décoctions à base de plantes sauvages qu’il cueille lui-même. Il commence à travailler le matcha (le thé matcha est un thé japonais obtenu après réduction de ses feuilles en très fine poudre) et crée des infusions de thé vert.
"On n’est jamais mieux servi que par soi-même" dit le proverbe. Emile Auté en a presque fait sa devise. En 2015, il décide de revenir s’installer sur les terres de son enfance, en Loir-et-Cher. Lui qui a toujours eu plaisir à trouver les meilleurs accords entre les différents arômes, compose, dans sa cuisine tout d’abord, des recettes de thé aromatisé un peu comme il le faisait lorsqu’il créait des cocktails. Mais cette fois, c’est sans alcool. Il fait goûter ses mélanges à ses amis et ses voisins...J’avais envie de changer de vie. C’est en lisant le magazine "Kaizen" (revue de solutions écologiques et sociales. NDLR) que j’ai eu le déclic. Je voulais revenir à l'essentiel : faire moi-même les choses et faire de ma passion mon métier en créant des thés aromatisés avec des produits locaux. Pour moi, le goût est essentiel et ce que je trouvais dans le commerce ne me convenait pas.
Ses compositions rencontrent un vif succès et le confortent dans l'idée de poursuivre dans cette nouvelle voie. Il installe un laboratoire et développe des recettes de thés aromatisés, des thés qu’il définit lui-même comme étant de "haute qualité". Il lance sa propre marque "La maison Emile Auté", sous laquelle il commercialise des thés verts et des thés noirs aromatisés, des infusions à base de fruits, de fleurs et de baies qu'il déshydrate à basse température afin de garder toutes les saveurs.
Des thés très différents
Il propose à ses clients des dizaines de thés différents : thé vert baies sauvages basilic, thé vert aronia cassis, thé vert mara des bois, thé vert fraise menthe mais aussi des thés noirs aux différents parfums : pamplemousse mandarine, pomme rose, citron gingembre, framboise caramel, fraise coriandre ou bien encre coing framboise…Aujourd'hui #ÉROÉ retrouve Neus, qui, avant d'aller préparer son #potager d'hiver, nous enmènne pour une petite #balade...
— EROE (@EROEterroir) October 8, 2018
Les infusions, thés et sirops #artisanaux BIO d'Émile Aute sont a decouvrir sur https://t.co/hRewyiLjLL #circuitcourt #venteenligne #startup #Tweet #terroir pic.twitter.com/agG8WAHsXh
A part les thés qui proviennent de Chine, d’Inde ou du Vietnam, il n’utilise que des matières premières locales et se fournit chez les producteurs des environs pour les fruits, les fleurs, les plantes aromatiques et les légumes. Il aime l’idée de travailler avec les fruits du verger comme la poire ou la mirabelle. Il veut réduire le plus possible l’empreinte carbone de ses créations et ne pas faire venir des fruits en avion.
Pour atteindre ce but, il se dit qu’il doit utiliser des fruits qu’on ne connaît pas forcément très bien en France mais qui peuvent tout de même être cultivés dans la région. Il s’est intéressé à la baie d’aronia, une petit fruit noir originaire d’Amérique du Nord à l’apparence d’une myrtille qui possède un fort pouvoir antioxydant et est riche en flavonoïdes et en vitamine C. On la qualifie même de "superfruit". Il essaie de trouver des fruits, certes parfois un peu "exotiques" à cultiver dans son département.
Vous ne trouverez pas de banane ou de mangue dans ses compositions mais des fruits de l'asiminier, un petit arbre originaire d'Amérique du Nord dont le fruit charnu, l'asimine, est une baie dont le goût rappelle à la fois la banane et la mangue.
Le créateur a un crédo : laisser libre cours à son imagination, écouter ses envies et laisser parler ses sens car il aime proposer le petit truc en plus, les saveurs que ses clients ne trouveront nulle par part ailleurs : "Tout est important : le goût bien sûr mais aussi la couleur et la senteur ".
Emile Auté, le bien-nommé, se dit lui-même paysan du thé
Emile Auté l’avoue : il a toujours plein de projets. Une idée trotte dans sa tête depuis qu’il est revenu s’installer en Loir-et-Cher : cultiver du thé. Le projet mettra quelques temps à prendre forme, le pari est peut-être un peu fou mais notre homme se prépare : il étudie la transformation des feuilles de thé durant un long apprentissage qui le mène en Inde, au Vietnam… car on ne s’improvise pas cultivateur de thé comme on ne s’improvise pas vigneron. C’est une analogie qui plaît beaucoup à Emile Auté : il aime comparer le thé à la vigne.Ce n’est pas parce qu’on fait pousser du raisin qu’on saura faire un bon vin. Il y a mille façons de faire du vin. C’est pareil pour le thé : le terroir et la main de l’homme ont un impact sur la qualité et la typicité du thé.
Un thé de terroir
Il y a trois ans, il se lance dans la culture du thé chez lui, sur les terres de la commune de Sargé-sur-Braye. Il plante les théiers comme il aurait planté de la vigne : sur un sol adapté, du sable de grès rouge pour que la plante prenne tout le goût de son terroir, entouré de haies qui confèrent à la parcelle un microclimat.
Une première récolte 2020
L’année 2020 voit donc les efforts du paysan du thé aboutir : sur une plantation d’un demi hectare, Emile Auté a récolté dix kilos de feuilles fraîches de Camellia Sinensis qui lui donnent un kilo de thé sec (c’est-à-dire transformé). Il espère bientôt s’agrandir et cherche des parcelles pour cultiver sur 5 hectares.Emile Auté proposera bientôt à ses clients une nouvelle saveur : il souhaite créer un thé milky oolong (entre thé vert et thé noir). Le procédé est le suivant : juste avant le séchage, il effectue un bain de vapeur de lait aux feuilles fraîches pour leur donner un parfum très crémeux. Le lait sera fourni localement par des vaches : des saosnoises de type percheronne.C’est un produit bio de belle qualité avec une vraie carte d’identité locale. Pour moi, c’est primordial : ce sont mes valeurs.
Nous vous avions prévenu : notre homme a toujours plein d'idées en tête !
Le théier, appelé parfois simplement thé, est une espèce d’arbustes de la famille des Théacées. Il est originaire d'Extrême-Orient. Il est largement cultivé pour ses feuilles qui une fois séchées et plus ou moins oxydées, servent à la préparation d’une infusion : le thé.