Ce dimanche 26 janvier, les habitants de Varennes-Changy, dans le Loiret, étaient amenés à se prononcer sur l'implantation d'un projet éolien. Depuis plusieurs années, le sujet divise et fait polémique localement. Mais malgré le résultat, il ne s'agit que d'une "simple étape".
Pour la première fois dans le département du Loiret, un référendum local doit décider du sort d'un projet éolien. À Varennes-Changy, près de Montargis, les 1 400 habitants de la commune étaient appelés à se prononcer pour ou contre le projet éolien qui fait débat depuis de nombreuses années. Ce dimanche 26 janvier 2025, ils sont nombreux à s'être déplacés pour s'exprimer sur une question locale sensible. Car en novembre, malgré les opposants et l'avis négatif de l'enquête publique, la préfecture du Loiret était tout de même passée en force, validant le projet. Mais, malgré la majorité de "Non", le résultat est simplement consultatif, puisque moins de 50 % des inscrits se sont déplacés aux urnes.
Les vents de la discorde
"Autorisez-vous le maire à signer devant notaire l’acte authentique du bail emphytéotique avec la société RWE pour l’implantation d’une éolienne sur une parcelle communale pour une durée de 41 ans ?" C'est la question à laquelle les habitants de Varennes-Changy ont dû répondre par les urnes. Une initiative démocratique qui plaît au sein du bureau de vote. "C'est formidable que la commune donne la parole aux habitants, j'en suis fier", se réjouit Philippe, opposé à l'implantation d'éoliennes et pressé de voter.
En tout, trois éoliennes sont censées voir le jour sur la commune de Varennes-Changy. Si deux se situent sur des terres agricoles privées dont les propriétaires ont déjà donné leur accord, la troisième devrait être construite sur un terrain communal. C'est avant tout l'avenir de celle-ci qui est en jeu. "Le Conseil municipal ne se sentant pas légitime a donné le point d'arrêt ou de continuité du projet. Il nous est venu l'idée de donner la parole aux citoyens par le biais du référendum qui est la voie la plus démocratique qui soit", explique Marc Bouwyn, conseiller municipal de Varennes-Changy depuis 2014.
Mais pour en arriver là, il y a eu quelques difficultés, selon l'élu. "Il a fallu forcer quelque peu notre maire à accepter", assure-t-il. Car Evelyne Couteau, la maire, était, elle, favorable au projet. "C'est un sujet qui est sous le manteau depuis 2015, le conseil municipal l'a découvert fin 2017 avec la présentation du projet qui a évolué plus ou moins sans l'avis du conseil municipal, retrace Marc Bouwyn. C'est ce manque de communication et de concertation qui crée de la division." Malgré les demandes d'interview, l'édile n'a pas pu répondre aux questions de France 3.
Une "simple étape"
Des tensions naissent entre pro et anti-projet éolien. Après l'annonce du référendum local, les tracts informant sur les enjeux du projet par les opposants ont été arrachés à plusieurs reprises. Franck Deloince, se bat contre le projet d'éolienne porté par l'entreprise RWE depuis le début. Il a créé une association, Les vents rageurs du Gâtinais, dont il est le président. "On défend les riverains qui ont fort à perdre dans ce genre d'opération, et notamment leur patrimoine. Quand votre habitation se situe à 700 m d'un parc éolien, elle ne vaut plus grand-chose. On a déjà eu l'exemple d'un monsieur qui a vendu en perdant 30 % de la valeur, alors que les éoliennes ne sont pas encore construites", alerte-t-il.
Plus encore, il souhaite prévenir des nuisances qu'amèneraient les éoliennes sur le territoire. "On est dans des lieux préservés. Il y a beaucoup de biodiversité. Tout cela est mis en grand danger avec ce genre d'installation industrielle, on est sur 3 éoliennes de 180 m de haut", s'exclame Franck Deloince, le président des Vents rageurs du Gâtinais.
Ceux favorables à l'implantation d'éoliennes, mettent en avant les gains pour la commune. Un argument auquel l'opposant répond : "Les bénéfices sont essentiellement d'ordre financier, mais ça ne va rien apporter d'autre, il n'y aura pas d'emploi, on ne paiera pas moins cher l'électricité. Par contre, il y aura des nuisances !"
Si on a un "Non" massif, il y aura tout de même de la difficulté pour les promoteurs éoliens.
Marc Bouwyn, élu au Conseil municipal de Varennes-Changy
Dans le bureau de vote, après avoir voté, ils sont nombreux à soulever le point de ces nuisances et sont satisfaits de pouvoir s'exprimer par ce référendum. Mais il existe tout de même quelques craintes que formule une habitante : "C'est très bien de nous demander notre avis, maintenant est-ce qu'il va être suivi ? C'est autre chose."
Car en 2023, malgré l'avis de l'enquête publique, Sophie Brocas, la préfète du Loiret, avait choisi de valider tout de même l'implantation d'éoliennes. Mais cette fois-ci la préfecture ne pourrait pas, l'éolienne située sur le terrain communal doit suivre le sort que lui réserve le référendum de Varennes-Changy. Malgré tout, les deux autres éoliennes, situées sur terrain privé, ne seraient pas impactées par le résultat.
Les opposants veulent tout de même y croire. "Si on a un "Non" massif, il y aura tout de même de la difficulté pour les promoteurs éoliens", espère Marc Bouwyn. Un espoir que partagent Les vents rageurs du Gâtinais.
Le "Non" l'emporte massivement
À l'issue des résultats, une tendance claire se dégage. Ils sont 408 à avoir voté "Non" quand seulement 50 ont exprimé un avis favorable au projet. Seul problème, les suffrages exprimés ne représentent pas 50 % des 1 135 inscrits sur les listes électorales, condition essentielle pour que le résultat du référendum ait une valeur légale. "Cela devient une consultation, réagit Marc Bouwyn, le conseiller municipal d'opposition, déçu. Le Conseil municipal sera obligé de statuer sur la base de ce scrutin consultatif."
Malgré la position tranchée des habitants de Varennes-Changy, les débats sur le projet éolien risquent de perdurer. Par ailleurs, une procédure est toujours en cours auprès de la Cour administrative d'appel de Versailles après que l'association Les vents rageurs du Gâtinais y a porté recours pour faire annuler le projet.