La 48e cérémonie des César, c'est ce vendredi 24 février. Sur la scène de l'Olympia, l'Académie récompensera plusieurs longs-métrages qui ont marqué l'année cinéma en France.
Le cinéma français organise sa grand messe annuelle ce vendredi 24 février. La 48e cérémonie des César récompensera, en direct depuis l'Olympia, les films qui ont marqué l'année en France. Avec, comme chaque année, sa dose de favoris et de déçus.
En 2023, c'est le thriller tragi-comique L'Innocent de Louis Garrel qui mène la danse, avec 11 nominations. Suivent La Nuit du 12 de Dominik Moll, 10 nominations, ainsi que En Corps et Pacifiction : Tourment sur les Îles, 9 nominations chacun.
Cette édition 2023 marque aussi le retour au nombre de cinq nommés par catégorie, pas plus, contre sept les années précédentes. Une sélection qui s'est faite au détriment des réalisatrices : aucune femme n'est nommée au César de la meilleure réalisation, tandis que seul Les Amandiers de Valeria Bruni Tedeschi reste en lice pour la statuette du meilleur film.
Pour départager les favoris, France 3 a demandé à des gérants de salles de cinéma du Centre-Val de Loire de donner leur petit préféré dans une dizaine de catégories.
Meilleur film et meilleure réalisation
Côté meilleur film, c'est justement Les Amandiers qui a retenu l'attention de Jean-Baptiste Garnier, directeur des cinémas Pathé d'Orléans et Saran. "C'est un film passionnant, extrêmement bien dirigé, touchant, tragique et drôle", assure-t-il.
Pour Jean-François Pelle, programmateur des cinémas Studio de Tours, c'est Pacifiction, l'ovni planant et décalé d'Albert Serra, qui mérite la statuette : "C'est un film extraordinaire, c'est celui qui détone le plus, qui vous emmène complètement ailleurs."
Michel Ferry, directeur des Carmes d'Orléans, et Romain Prybilski, gérant des Lobis de Blois, s'accordent sur La Nuit du 12, récit du meurtre non-élucidé d'une jeune femme. Pour le Blésois, il s'agit d'un "film brillant, une évidence". Michel Ferry, lui, souligne "l'adéquation du sujet, de la forme et des acteurs dans ce film, qui va marquer les esprits".
Le directeur des Carmes souhaiterait aussi que Dominik Moll, réalisateur de La Nuit du 12, reparte avec le trophée de la meilleure réalisation. Jean-Baptiste Garnier et Jean-François Pelle préfèfent décerner leur César personnel au même Dominik Moll, pour récompenser "ce qui est sans doute son meilleur film, alors qu'il en a déjà fait de très beaux", justifie le Tourangeau.
Romain Prybislki "adorerait" que la statuette revienne à Albert Serra pour Pacifiction, mais confesse "ne pas y croire une seule seconde". Il confie que son coeur pourrait aussi pencher pour L'Innocent, parce que "tout le monde a été surpris qu'il réalise un bon film". Et puis "ça serait rigolo que lui l'ait alors que son père ne l'a jamais eu", ironise-t-il.
Meilleur acteur et meilleur actrice
Côté casting, les choix de nos gérants de salles sont encore plus variés. Pour les actrices, Jean-Baptiste Garnier, de Pathé, et Romain Prybilski, des Lobis, plébiscitent Adèle Exarchopoulos, pour son rôle dans Rien à foutre. Un des "très grands films" de cette année, et qui "aurait dû avoir plus de nominations" selon le Blésois. Jean-Baptiste Garnier confie avoir trouvé l'actrice "époustouflante".
Pour Jean-François Pelle, Virginie Efira mériterait enfin son César pour son rôle dans Revoir Paris d'Alice Winocour. "Elle est dans beaucoup de films, et dans beaucoup de très bons films, ce n'est pas donné à tout le monde", évoquant notamment Les Enfants des autres, autre grand rôle de l'actrice belge en 2022. Michel Ferry, enfin, penche pour l'Orléanaise Laure Calamy dans l'étouffant À plein temps.
Le directeur des Carmes donnerait ensuite la statuette du rôle masculin à Louis Garrel, récompensant "son second degré", et le fait que "lui et son film sortent de ce qu'on attendait de lui". Il cite comme preuve la scène du restaurant entre l'acteur-réalisateur et sa partenaire à l'écran Noémie Merlant, qui a marqué de nombreux spectateurs du film.
Romain Prybislki, lui, penche pour Benoît Magimel dans Pacifiction, déjà récompensé en 2022. "Ça serait génial qu'il fasse le doublé !" Pour lui, "il n'y a aucun débat, et chaque rôle qu'il fait en ce moment est une réussite, même dans Jack Mimoun il est bon".
Mais dans le sondage réalisé par France 3, c'est Denis Ménochet qui l'emporte. Jean-Baptiste Garnier salue "une vraie performance" dans le Peter von Kant de François Ozon. "C'est vraiment son année", souligne Jean-François Pelle, qui met aussi en avant ses rôles dans As Bestas (pour lequel l'acteur a récemment remporté le Goya, équivalent espagnol du César, du meilleur acteur) et dans Les Survivants.
Meilleurs seconds rôles
Les seconds rôles ont fait très peu débat auprès de nos sondés. Côté masculin, tous ont plébiscité Bouli Lanners, pour son portrait de flic brisé dans La Nuit du 12. "On l'a reçu plein de fois, il est charmant, c'est vrai que je suis un peu biaisé", sourit Jean-François Pelle, des cinémas Studio de Tours. Romain Prybilski, de Blois, souligne les "différents registres" que maîtrise l'acteur dans le film. Nommé en 2009 pour son film Eldorado, l'acteur belge n'a jamais remporté de César, malgré sa longue carrière au sein du cinéma français. "Il faut vraiment qu'il gagne quelque chose", enchérit Romain Prybilski.
Côté féminin, seul Jean-Baptiste Garnier se distingue en récompensant Anouk Grimbert, mère de Louis Garrel dans L'Innocent. "C'est son grand retour", salue le directeur des Pathé d'Orléans et Saran. Les autres interrogés par France 3 privilégient Noémie Merlant, pour le même film. "Si c'est pas elle, je ne comprends pas, lance Romain Prybilski. Ce qui ressort du film, c'est Noémie Merlant." "Elle s'éclate dans le film, sa jubilation à interpréter le rôle est communicative", confirme Michel Ferry.
Meilleur scénario original
Michel Ferry, quelque peu chauvin, aurait aimé voter pour le scénario de L'Innocent, co-écrit par Louis Garrel, Naïla Guiguet et l'Orléanais Tanguy Viel. Mais se tourne finalement vers Saint Omer, écrit et réalisé par Alice Diop, récompensé du Lion d'argent à la Mostra de Venise et sélectionné par la France pour la représenter aux Oscars. Le directeur des Carmes souligne "une approche de fait divers admirable, d'une sobriété extraordinaire".
Les trois autres ont, eux, bien privilégié L'Innocent. "C'est très bien écrit, ça mêle de façon très maline l'émotion, le drame et la comédie", soutient Jean-François Pelle, des cinémas Studio de Tours. Le scénario du film a "marqué tout le monde", confirme Jean-Baptiste Garnier.
Meilleure photographie
Jean-François Pelle et Romain Prybilski accorderaient le César de la meilleure photographie à Artur Tort pour Pacifiction. "C'est un objet esthétique incroyable", estime le Tourangeau. Le directeur des Carmes confie cependant avoir hésité avec En Corps de Cédric Klapisch, et ses "très belles scènes de danse".
Michel Ferry, lui, récompenserait une nouvelle fois Saint Omer, et la "photographie admirable, qui ne se voit pas" de Claire Mathon. Dans la même idée, Jean-Baptiste Garnier voterait pour La Nuit du 12 et "son traitement assez dingue", face à "d'autres photographies un peu trop léchées, trop instagramées pour moi".
Meilleur premier film
Pour Jean-Baptiste Garnier et Romain Prybilski, c'est Bruno Reidal, récit glaçant et graphique d'un infanticide, qui mérite la récompense du meilleur premier film. "Dans la profession, il y a unanimité pour dire qu'il restera comme un grand film", s'enthousiasme le directeur des Lobis.
Jean-François Pelle et Michel Ferry, eux, préfèrent se tourner vers Saint Omer, qui n'est pourtant pas le premier film d'Alice Diop, réalisatrice de plusieurs documentaires par le passé. Le Tourangeau salue "une grande réussite".
Rendez-vous ce vendredi 24 février à 21h pour connaître l'avis des membres de l'Académie des arts et techniques du cinéma. La cérémonie sera présidée par l'acteur Tahar Rahim.