Passionné par les tractions depuis l'enfance, Bernard Delétoile expose l'une des siennes au salon Rétromobile 2025, à Paris, à partir de ce mercredi 5 février. Avec son automobile, l'Orléanais enchaîne les raids à travers le monde, à la conquête du Nord et de l'Ouest.
Bernard Delétoile avait 10 ans lorsqu'il est monté dans une traction pour la première fois. Il s'en souvient comme si c'était hier, tant il en avait rêvé.
L'Orléanais a passé son enfance à admirer une intrigante voiture noire. C'était une Citroën Traction Avant. Elle attendait son père qui, en tant que militaire, se rendait régulièrement à Vierzon pour des missions.
Le jeune Bernard ne ratait jamais ce départ. Non pas pour adresser des au revoir larmoyant à son père, mais bien pour s'émerveiller devant l'automobile depuis la fenêtre de sa chambre. "Elle me semblait immense", lance-t-il, plongé dans ses souvenirs.
Je fantasmais devant cette voiture
Bernard Delétoilepassionné de traction
Puis un jour de l'année 1965, on lui propose d'entrer dans la traction et de faire un tour sur les routes. "C'est là que je suis complètement tombé amoureux des tractions", assure Bernard.
Soixante ans plus tard, sa passion n’a pas faibli. Son premier trajet en traction n'était que le début d'une longue série puisque Bernard passe sa retraite à retaper d'anciens modèles.
L'un d’eux, baptisé Urba, est exposé à partir de ce mercredi 5 février et jusqu'à dimanche au salon Rétromobile 2025, à Paris.
Finir la croisière jaune
Installée dans le hall 3 du parc des expositions de Paris, la voiture de Bernard attire l'œil par sa couleur jaune panama. Original pour une traction de 1956, davantage connue pour son noir brillant. Pourtant, l'Orléanais n'est pas particulièrement adepte du jaune. "C'est une peinture stratégique parce qu'elle va bientôt traverser le désert de Gobi, en Asie. Ça va m'éviter d'avoir trop chaud", détaille-t-il.
Dans un peu plus d'un an, Bernard et Urba vont partir pour un long périple avec quatre autres tractions et neuf équipiers. Ils vont tous ensemble traverser la route de la soie avec une mission : finir la Croisière Jaune de 1931.
Cette légendaire expédition automobile aspirait à rejoindre Pékin depuis Beyrouth en 315 jours, à bord d'autochenilles. Ce fut un échec. Lancée le 4 avril 1931, elle n'a pas pu être terminée, notamment à cause du décès du chef de file.
Mais, plusieurs décennies plus tard un ami de Bernard rencontre Gustave Kegresse, l'un des pilotes mécaniciens de la voiture “Cinéma“ de la Croisière Jaune. C'était en 1990, les deux hommes échangent et la promesse de finir l'expédition est donnée.
Ce mercredi 5 février, les cinq tractions engagées dans l'aventure sont fin prêtes... ou presque. Il ne leur manque plus que quelques partenaires pour obtenir les fonds nécessaires afin de mener à bien l'expédition.
D'autant plus que Bernard et ses amis se sont lancés un autre défi. Celui de faire avancer la recherche contre la Sclérose en Plaque au rythme de leur périple. "Des personnes atteintes de cette maladie vont nous rejoindre à certaines étapes et monter à bord des voitures. Pendant ce temps, des médecins vont observer leurs réactions neurologiques", détaille l'Orléanais.
Adepte des raids
Bernard n'a pas hésité quand on lui a proposé de partir pour la Croisière Jaune. "J'aime découvrir de nouveaux pays et rencontrer des gens", assure le septuagénaire, habitué des grandes aventures.
Déjà, en 2018, il avait emmené sa traction jusqu'au Cap Nord, au bout d'une falaise de 307 mètres de haut. Un raid de 12 700 kilomètres qui l'a amené à traverser sept pays différents de la France à la Norvége, en passant par la Belgique, l'Allemagne, la Hollande, le Danemark, la Suède et la Finlande.
"Un souvenir incroyable", insiste Bernard qui a partagé ce voyage avec un ami, lui aussi au bord d'une vieille traction. Ils ont passé chacun de leur jour et chacune de leur nuit à bord de leur automobile, aménagées de façon à pouvoir dormir dedans.
La traction est un vieille voiture qui reste très confortable à conduire
Bernard Delétoilepassionné de traction
"Urba, ça fait maintenant une bonne douzaine d'années que je l'ai. J'ai mon lit, je peux dormir dedans. Elle est équipée comme un camping-car. Je peux même brancher mon téléphone dedans", précise Bernard qui ne cesse de trifouiller l'intérieur de sa voiture pour continuer de l'améliorer.
De sa traversée du Nord, l'Orléanais dit ne jamais oublier les applaudissements de tout un petit village norvégien qui ont applaudi les deux compères à leur entrée dans la bourgade. "Ils agitaient des drapeaux et nous acclamaient juste parce qu'on était à bord de tractions et qu'ils aimaient ça."
Pour Bernard, une vérité existe : les vieilles voitures impressionnent et fédèrent. "Puis les tractions ont l'avantage d'être encore très faciles à conduire aujourd'hui", soutien le passionné, toujours prêt à se lancer dans un nouveau raid.